Le papa de Steve Darcis: "Mon fils n’est pas mort"
Son papa Alain passe deux semaines à ses côtés pour l’aider à retrouver le sourire.
- Publié le 22-05-2019 à 13h24
Son papa Alain passe deux semaines à ses côtés pour l’aider à retrouver le sourire. Alain Darcis a pris la décision d’accompagner son fils Steve durant deux semaines. Il l’a rejoint lors du Challenger au Portugal avant d’embrayer sur les qualifs de Roland-Garros. S’il a entraîné Steve jusqu’à ses 12 ans, il a ensuite pris le rôle de papa sans jamais empiéter sur le terrain du coach.
Voyant la détresse du Shark, il a décidé en avril de l’accompagner sur le circuit. "Je voyais bien qu’il n’allait pas trop bien. Je ne m’occupe pas de son tennis, mais, en tant que papa, je voulais être à ses côtés pour traverser avec lui une passe plus compliquée. Nous avons toujours été complices. Quand il a des problèmes, il m’en parle. Nous sommes capables de nous parler franchement."
Depuis ses débuts pros en 2003, Steve Darcis a connu une carrière faite de très hauts et de très bas. Alain Darcis ne s’attendait pas à un parcours si compliqué. "Je pensais que tout serait plus simple quand il pousserait les portes du top 100. Or, la situation n’est jamais facile. En tennis, un joueur, s’il ne s’appelle pas Nadal ou Federer, perd chaque semaine. Il doit toujours accepter de se remettre en question. Steve a connu 5 ou 6 très gros coups durs dans sa carrière. Il a toujours refait surface. Aujourd’hui, il ne peut nier son âge. À 35 ans, tout est plus compliqué. Son envie, aussi, a diminué. Il ira dans ses retranchements pour se donner toutes les chances. Steve n’est pas mort."
Outre sa perte de confiance, il doit faire face à un grand problème d’ordre privé qui lui a imposé de s’adapter avec la nouvelle situation. "Sur un plan sportif, son coach est là. Quand il s’agit du privé, il est le seul à avoir la clef."
Protecteur et discret depuis tant d’années, Alain Darcis n’a jamais changé de discours. "Il sait que je serai présent jusqu’au dernier jour. Je l’ai toujours soutenu. Aujourd’hui, il est dans le trou, mais demain, la joie est peut-être au bout du chemin."
Malgré sa souffrance de père, on sent une immense fierté entre les lignes. L’ancien responsable du Tennissimo est impressionné par le parcours de son fils. "Je vois en lui un guerrier qui se bat tout seul avec courage et lucidité. Il n’a pas toujours été exemplaire, mais il revient toujours. Il s’est même entraîné durant 6 mois en 2018 sans savoir s’il jouerait à nouveau."
Lucide, il n’a pas peur de dire que le niveau de jeu de son fiston est sur la pente descendante, ce qui n’a rien d’anormal vu son parcours et son âge. "On voit ses 35 ans sur le terrain. Sa balle part moins vite. Il bouge moins bien. En revanche, il possède une arme : son expérience. Son intelligence de jeu et sa gestion de match sont remarquables. Mentalement, je le sens érodé. Le plaisir est moins présent. Il part au boulot. Telle est la réalité. Physiquement, son corps est usé. En 2019, il a encore connu des problèmes aux abdos et au coude."
Alain Darcis n’évite pas le sujet de la fin de carrière de son fils, mais il n’en sera pas le décisionnaire. "Tout se décidera en fin de saison. S’il est 200e, il arrêtera plus que probablement. Je vous le dis, s’il aligne quelques victoires, il sera reparti. Je crois toujours à 2 000 % en lui. Il peut encore battre un top 50. Il l’a fait à Lisbonne contre Mannarino", enchaîne-t-il avant de conclure en résumant son fils. "Steve fait partie de ces artistes de la balle avec un toucher. Aujourd’hui, les joueurs sont des machines qui servent tout le temps à plus de 200 km/h. La spontanéité a disparu. En 10 ans, le circuit a changé."