Lotto Brussels Premier Padel : "Un Belge qui veut être pro aujourd’hui ? Il doit faire son sac et vivre en Espagne"
Maxime Deloyer, qui vit du padel, explique la difficulté pour un Belge de rivaliser avec le top 30 mondial.
- Publié le 24-04-2024 à 15h05
Maxime Deloyer n’a que 20 ans. Il a été le premier adolescent à faire le choix du 'full padel'. Baigné dedans depuis près d’une décennie, il n’a toujours pas intégré le top 100 mondial. S’il vit comme un pro tout au long de l’année, il est trop en avance sur son temps. Les Belges ne sont pas encore prêts à pousser de tels athlètes vers le sommet mondial. Grâce au Lotto Brussels Premier Padel, il peut se mesurer à ce qui se fait de mieux sur la planète padel. Mercredi soir, il disputera son deuxième match à la Gare Maritime en compagnie de Clément Geens. Assurément l’attraction belge de la semaine !
Maxime Deloyer, quel souvenir gardez-vous du tournoi de Bruxelles de l’année dernière ?
”Je n’avais pas disputé la première édition. L’an passé, j’ai disputé le premier tour avec Clément Geens face aux numéros uns mondiaux Arturo Coello et Agustin Tapia. Bruxelles, c’est le moment que j’attends dans l’année. Je jouerai chez moi devant mon public. En 2023, le moment avait été magique. La foule décuple l’énergie et la motivation.”
Bruxelles, c’est le moment que j’attends dans l’année. Je jouerai chez moi devant mon public. En 2023, le moment avait été magique. La foule décuple l’énergie et la motivation."
Qu’attendez-vous de votre match mercredi contre les champions du monde 2019, Maxi Sanchez et Sanyo Gutierrez ?
”L’objectif, c’est de prendre un set. Ils ne disputent que leur premier tournoi depuis qu’ils se sont remis à deux. Nous essayerons de les mettre sous pression au début du match. Il faudra les faire bouger. Cette année, nous pourrons utiliser les lobs car ils n’ont pas la qualité des smashs de Coello et Tapia.”
Avez-vous souvent l’occasion de jouer de tels matchs ?
”Non, pas du tout ! Je ne jouerai que mon deuxième match dans un grand tableau sur le Premier Padel. Le premier, c’était il y a un an à Bruxelles. Mon classement – 160e – ne me permet pas de me qualifier pour ces types de rencontre. Il m’est arrivé à deux reprises de jouer un dernier tour en qualif d’un Grand-Chelem.”
Comment analysez-vous votre évolution ?
”J’ai pris plus de maturité. Je voyage beaucoup et je suis souvent seul. Tu es obligé de mûrir plus vite. Mon jeu est plus consistant et moins fou.”
En termes de ranking, quel est votre objectif le plus fou ?
”L’idéal serait d’atteindre la barre symbolique du top 100. Le top 50 n’est pas possible à l’heure actuelle. Je peux rivaliser avec un top 50 ou 60, mais cela ne signifie pas entrer dans le top 50.”
Quelle est la plus grande différence entre un top 150 et un top 50 ?
”L’expérience, la puissance physique et le nombre d’heures d’entraînement.”
Quand un Belge pourra-t-il revendiquer une place dans le top mondial ?
”Pour le moment, Clément Geens et moi sommes les mieux placés. En Belgique, nous avons besoin de 10 ans pour former un joueur de classe mondiale. Le niveau deviendra de plus en plus compliqué car les pays d’Europe s’y sont mis. Bientôt, nous aurons de nombreuses nationalités représentées dans le top 100.”
Que faudrait-il faire pour placer un Belge dans le top 30 ?
”Il faudrait qu’un gamin de 10-12 ans se consacre à 100 % au padel. Ensuite, il devrait accepter de déménager en Espagne pour disposer des infrastructures et surtout de coachs et de joueurs du top mondial. L’enfant a besoin de 1 000 conseils précis pour faire évoluer son jeu. En Belgique, nos infrastructures sont bonnes, mais nous n’avons ni coach ni sparring-partner. Dans ce contexte, tu n’es jamais challengé pour hausser ton niveau. Mais, il me paraît compliqué d’envoyer un gamin de 12 ans à l’étranger pour vivre une forme de padel-étude. Il serait seul et déraciné. Le risque qu’il abandonne après deux ou trois ans est grand. Je plaide plus pour un partenariat entre la Belgique et l’Espagne.”
Une saison me coûte 40 000 à 50 000 euros"
Sentez-vous une volonté politique en Belgique de faire bouger les lignes ?
”Une structure fédérale simplifierait la vision. Si on veut réellement développer le haut niveau, les fédérations devraient prendre en charge les frais du top 10 belge. On est encore loin de créer un padel-étude. Comme je le disais, si tu veux être pro, tu prends ton sac à dos et tu files en Espagne.”
Financièrement, êtes-vous capables de vivre du padel ?
”J’ai la chance d’en vivre. Je ne mets pas grand-chose de côté, mais j’ai la liberté de pouvoir disputer tous les tournois que je désire. Récemment, j’ai remporté le tournoi de Mol qui accueillait des joueurs du top 100. J’ai remporté 670 euros de prize-money. On est encore loin des sommes du tennis. Une saison me coûte 40 000 à 50 000 euros. Je m’en sors, mais je devrai songer à ma reconversion après ma carrière sportive.”