Dirk Norman, le boss de l’European Open à Anvers, se confie: "Notre plateau est plus fort que certains ATP 500"
Dick Norman, directeur sportif de l’European Open, est fier d’avoir attiré Goffin, Murray et Wawrinka à Anvers.
- Publié le 12-10-2019 à 07h12
- Mis à jour le 12-10-2019 à 20h19
Dick Norman, directeur sportif de l’European Open, est fier d’avoir attiré Goffin, Murray et Wawrinka à Anvers. Le directeur sportif du tournoi ATP 250 d’Anvers est probablement l’homme le plus heureux du circuit en ce moment. Pour sa 2e année en tant que boss de l’European Open, il s’est offert un trio de stars de premier plan : Andy Murray, Stan Wawrinka et David Goffin sans oublier de très grosses pointures comme Gaël Monfils, Guido Pella, Diego Schwartzman ou encore Frances Tiafoe. Anvers 2019 balance du très lourd sur le terrain.
Depuis lundi, la Lotto Arena d’Anvers, tapie dans l’ombre du géant Sportpaleis, se transforme en temple du tennis. Jeudi soir, le terrain était achevé pour permettre aux joueurs de taper les premières balles. Dès vendredi soir, Murray et Wawrinka sont arrivés. Samedi, les tableaux seront tirés. Les organisateurs annonceront le nom des 3 wild cards. Premier hors du cut, Steve Darcis en recevra une sauf s’il entre directement, ce qui pourrait être le cas si Tipsarevic ne confirme pas sa venue. Wawrinka en a reçue également une.
Derrière l’organisation du plus grand événement tennistique belge se cache la société Tennium, une entreprise internationale spécialisée dans le tennis. Son CEO, Kristoff Puelinckx, est le propriétaire de cet ATP 250.
Il travaille main dans la main avec Dick Norman qui est le visage du tournoi et qui gère les relations avec les joueurs, l’ATP et les médias.
Dans son bureau calé en dessous des tribunes, l’ancien top 10 mondial en double s’est posé durant près de deux heures pour balayer tout ce qui touche à ce grand event. "Je retrouverai des gars contre qui j’ai joué à l’époque. Je me souviens d’un double contre Wawrinka/Tsonga. J’avais besoin d’un casque pour éviter les balles (rires). J’ai joué contre Gasquet et Monfils aussi. J’ai disputé mon dernier match de double avec un petit jeune de l’époque… David Goffin", relatait avec le sourire le directeur sportif de 48 ans. "Mais, même si c’est la mode, je n’ai pas prévu de come-back !"
Dick Norman, comment se déroulent les derniers préparatifs avant le grand jour ?
"Il y a toujours des petits imprévus, mais nous sommes mieux préparés que l’an passé. Je vois les mêmes têtes qu’en 2018 qui s’activent pour préparer le site. Il est magnifique."
Les joueurs de tennis restent imprévisibles. Une blessure, une grosse performance à Shanghai ou un coup de sang peuvent toujours les faire changer d’avis. Étiez-vous stressé cette semaine ?
"J’ai suivi l’actualité à Shanghai évidemment. J’ai regardé la défaite d’Andy Murray. Il perd de justesse. À ce moment, je me suis demandé s’il voulait toujours venir à Anvers. J’espérais qu’il ne soit pas blessé. J’ai vite été rassuré car j’ai reçu des messages de son coach qui me demandait la marque des balles ou la date de son premier match."
Que représente la présence d’Andy Murray, ancien n° 1 mondial, pour le tournoi ?
"Il est important d’attirer une star mondiale et qu’elle joue bien. Cette année, j’étais moins angoissé car nous avons 4 très grandes vedettes : Murray, Wawrinka, Goffin et Monfils. Ils ont tous le niveau d’un top 10 mondial. Le plateau est exceptionnel."
Murray a-t-il été difficile à convaincre ?
"Les négociations ont duré plusieurs semaines. L’Écossais garde une bonne image de la Belgique car il a remporté la Coupe Davis à Gand en 2015. Il a aussi participé au Challenger de Mons."
En quoi est-il différent que les autres ?
"Je ne vois qu’une différence en réalité. Il n’a pas de caprice particulier. Il voyage juste avec un staff plus étoffé. En général, un joueur se déplace avec son entraîneur. Murray est entouré par son entraîneur, son physio et son manager. En août, je me souviens qu’il avait peur pour sa hanche. Tout le monde a vu qu’il s’était libéré. Il a livré des matchs de très haut niveau. Lors des deux dernières semaines, il a perdu contre Thiem en quart de finale à Pékin et contre Fognini d’extrême justesse à Shanghai. Il semble en très grande forme, ce qui promet."
La poisse de l’an passé vous a donc tourné le dos…
"En 2018, nous avions appris la blessure de David Goffin à deux semaines du tournoi. Cette fois, le Liégeois sera là et… bien entouré. David est très important pour le tournoi et nous espérons que le tournoi est très important pour David. Anvers lui offre la seule possibilité sur les 52 semaines de l’année de jouer sur le sol belge."
Wawrinka complète ce trio magique. Un exploit inespéré ?
"Quand Wawrinka a confirmé sa présence à Anvers, nous avons vu une hausse significative des ventes de tickets. À titre personnel, j’adore son jeu. Il attaque du fond, a un gros service, un slice, un revers… Il monte au filet."
Ce plateau ne vaut-il pas celui d’un ATP 500 ?
"Il existe des ATP 500 moins relevés que notre ATP 250. Le cahier des charges n’est pas le même. Pour l’European Open, nous devons atteindre les 25 000 spectateurs, proposer 4 terrains (un central, un court n° 1, deux terrains d’entraînement). Notre prize-money s’élève à 711 000 € ce qui offre un chèque de 109 000 € au vainqueur."
En parlant de gros sous, quel est le budget total d’un tel tournoi ?
"Il faut compter quatre fois plus que le prize-money (3 millions). Il n’est pas simple de réunir une telle somme. Les recettes viennent du ticketing, des droits télé, des sponsors (BNP, Stad Antwerp, Port of Antwerp, PSA) et de l’hospitality/VIP. Cette année, les bénéfices sont tout à fait possibles. Il y a 3 ans, nous étions loin du compte. C’est normal. Le tournoi devait grandir."
Où en êtes-vous avec la vente des tickets ?
"Les deux dernières semaines sont toujours très importantes. Avec notre plateau, nous avons évidemment pris de l’avance sur les autres années. La capacité de la salle se rapproche de 5 000 places. Vendredi, samedi et dimanche, il ne nous reste que 500 places par jour. Nous serons certainement sold out. Cette année, nous avons la possibilité d’atteindre la barre des 30 000 spectateurs. Pour rappel, l’an passé, nous avions attiré 24 000 fans."
Dans quelle mesure pourriez-vous délocaliser l’événement vers le Sportpaleis dont la capacité peut atteindre 12 000 places et plus ?
"L’idée n’est pas à l’ordre du jour. Le Sportpaleis est trop grand. Les gens sont impressionnés par la proximité avec les joueurs dans la Lotto Arena. Tu entends les joueurs parler, chuchoter ou respirer. Le Sportpaleis n’offre pas cette intimité. En plus, si tu vends 2 000 tickets pour une salle de 12 000 places, l’effet sera raté."
Est-il envisageable d’organiser un tournoi dès 2020 à Anvers pour Kim Clijsters ?
"Cela me semble impossible."
Viendra-t-elle voir l’European Open ?
"Non, elle est actuellement en Asie."
Avez-vous déjà la confirmation de la venue d’une vedette en tribune ?
(Après une longue hésitation) "Vincent Kompany sera là a priori le jeudi. Il pourrait serrer la main de David Goffin, deux très grands noms du sport belge."
Changeriez-vous la date du tournoi si on vous le proposait ?
"La date est géniale ! Nous sommes en plein dans le sprint final pour le Masters. En plus, David Goffin fait partie de la course. Ils sont nombreux à y croire encore. Monfils, Goffin, Pella, Schwartzman et Wawrinka seront à Anvers pour espérer prendre des points pour Londres. S’il n’avait pas battu Rublev, Zverev serait aussi venu chez nous. Les écarts sont minimes. Je n’aimerais pas organiser un tournoi en été quand les gens sont tous en vacances. Les gars se donnent encore à fond durant les dernières semaines avant les vacances."
Est-il compliqué d’organiser un tournoi pour ces champions de la balle jaune ?
"Ils n’ont aucune demande extravagante. Je me souviens que Diego Schwartzman aurait voulu voir un match des Diables rouges à Bruxelles l’an passé. Comme il pleuvait, il a préféré ne pas s’y rendre. Pour le reste, les joueurs demandent surtout à se promener dans le centre d’Anvers."
Reçoivent-ils un défraiement par jour comme en Grand-Chelem ?
"Le tournoi leur paie les nuits à l’hôtel ainsi que les repas pris dans la Lotto Arena. S’ils mangent à l’hôtel ou dans un restaurant, ils payent eux-mêmes l’addition."
Et les transports ?
"Nous les véhiculons entre le Crowne Plaza et la Lotto Arena. Nous avons aussi une navette en soirée vers le centre d’Anvers. Ils reçoivent aussi des tickets de cinéma. Ils sont chouchoutés afin de ne se concentrer que sur le tennis."