Thiem, le valseur fou sur l’ocre
L’Autrichien a réussi à se hisser comme le principal rival de Rafael Nadal lors de la saison sur terre battue.
- Publié le 30-04-2019 à 07h01
- Mis à jour le 30-04-2019 à 07h02
L’Autrichien a réussi à se hisser comme le principal rival de Rafael Nadal lors de la saison sur terre battue. Roland-Garros 2019 prend de plus en plus les traits d’un duel au sommet entre Rafael Nadal et Dominic Thiem même si l’année de transition nous invite à la prudence. Novak Djokovic est toujours à l’affût d’un grand coup, sans omettre la Next Gen.
L’Autrichien Thiem a frappé un grand coup en sortant Rafael Nadal à Barcelone. Fabio Fognini avait ouvert la brèche une semaine plus tôt sur le prestigieux Rocher monégasque.
Néanmoins, l’héritier de Thomas Muster présente le panel le plus complet sur la surface ocre. En 2011, il avait déjà fait parler de lui à Vienne alors qu’il n’était que 1 890e joueur à l’ATP. Ce gamin de 18 ans avait collé une raclée à la légende nationale, Thomas Muster qui tentait un come-back à 43 ans.
Huit ans plus tard, Thiem a soulevé 13 trophées dont le plus prestigieux vient de la surface… dure d’Indian Wells.
Qu’on ne s’y trompe pas, c’est bien sur terre battue qu’il est le plus fort. D’ailleurs, il a été adoubé par Rafael Nadal himself. En 2017, Rafa n’avait pas eu peur de se risquer à un pronostic. "Dans les quatre ou cinq prochaines années, je pense qu’il sera candidat au titre à Roland-Garros."
Après ses demi-finales parisiennes en 2016 et 2017, Thiem a disputé sa première finale en Grand Chelem en 2018.
Un homme se cache derrière cette ascension inexorable. Gunther Bresnik lui a, par exemple, façonné son magnifique revers à une main. Jusqu’à la fin de ses années à l’école primaire, il utilisait ses deux mains.
Il lui a aussi appris à souffrir à l’entraînement. La légende raconte qu’il était réveillé la nuit pour des séances de footing en forêt en portant des rondins de bois de 25 kilos. "Je lui fais soulever des troncs de 25 kg", a avoué son coach historique, Günter Bresnik. "On se le passe, toutes les cinq minutes. Je prends le tronc, il prend le tronc… Et nous continuons à marcher comme ça pendant deux heures !" La méthode porte ses fruits. Il tient son endurance de cet épisode de son adolescence.
Comme son ami David Goffin, Dominic Thiem est un personnage timide et introverti. Il mélange avec finesse son jeu élégant avec un caractère tout en contrôle. Comme tout terrien qui se respecte, son jeu de jambes est chirurgical. Ses déplacements latéraux sont diablement efficaces. Si son revers est un pur régal, il tient sa réussite de son coup droit.
"C’est avec mon coup droit que je gagne mes matchs alors que mon revers est probablement plus joli à regarder, racontait-il . Mais le coup que je préfère depuis toujours, c’est le coup droit."
Dominic Thiem n’est pas une machine pour autant. Ses fins de saison sont assez calamiteuses. Il est capable de traversées du désert comme lors du premier trimestre de la saison. Avant son sacre inattendu à Indian Wells, il n’avait remporté que trois matchs en 2019. Il était même arrivé dix jours avant le début du tournoi californien pour s’imposer une mini-période de préparation. Mentalement, il est donc capable de changer ses états d’esprit.
Physiquement, il présente une faiblesse originale. De ses 16 à 19 ans, il a souffert d’une bactérie qui répond au doux nom de Campylobacter qui cause les gastro-entérites. Il a attrapé cette bactérie lors d’une tournée en 2010 en Amérique du Sud ou en Asie. Durant trois ans, il a souffert de troubles intestinaux chroniques qui n’appartiennent pas tout à fait au passé. L’Autrichien souffre plus facilement d’intoxications alimentaires.
À quelques semaines de Roland-Garros, Dominic Thiem a effacé à Barcelone son faux pas monégasque. Elle est loin l’époque où un joueur présentait un profil sans faille. Aujourd’hui, un off day guette absolument tout le monde.