À Indian Wells, le sport roi, c'est le... golf!
Les stars du tennis adorent échanger leur raquette par le driver !
- Publié le 12-03-2019 à 12h22
- Mis à jour le 14-03-2019 à 11h32
Les stars du tennis adorent échanger leur raquette par le driver !
Si vous ne réussissez pas à croiser votre joueur de tennis préféré sur les courts d’Indian Wells, il suffit de tenter sa chance sur les parcours de golf ! C’est là, en effet, que beaucoup d’entre eux passent leur temps libre, que ce soit sur le parcours privé de Larry Ellison – le propriétaire du tournoi – ou bien à l’Indian Wells Golf Resort, club public situé à un jet de pierre du stade et des hôtels officiels.
De Rafael Nadal à Johanna Konta en passant par Novak Djokovic, ils sont nombreux à troquer leur raquette par le driver dans cette région paradisiaque qui regorge de parcours de golf au milieu du désert, des montagnes et des palmiers !
Entre le Hyatt et le Renaissance, les deux hôtels officiels, on trouve une perle : un parcours public appartenant à la Ville qui a l’allure d’un club privé. Un lobby digne d’un cinq étoiles, 250 personnes employées, un restaurant, une boutique, le tout immaculé : bienvenue à l’Indian Wells Golf Resort. Joe Williams est le directeur de cet endroit où il travaille depuis 1996. Il se souvient d’ailleurs avoir appris les bases du jeu à Serena Williams ! Et il confirme que l’histoire d’amour entre les joueurs de tennis et le golf est toujours aussi forte.
“De plus en plus de joueurs jouent au golf, que ce soit dans notre club ou sur le parcours de Larry Ellison. La majorité résident dans les hôtels voisins. Ils adorent se retrouver sur les greens pour décompresser. Il y a, il est vrai, beaucoup de mouvements similaires dans les deux disciplines : les joueurs de tennis peuvent vite très bien se débrouiller au golf.”
Le Masters 1 000 d’Indian Wells a passé un accord avec le golf resort et a acheté des forfaits à un prix négocié. Il ne reste plus aux joueurs et joueuses intéressés qu’à passer par le concierge du tournoi pour réserver leur créneau. À l’arrivée, profiter des 162 hectares, des 36 trous ou même de l’immense piscine ne leur coûte donc absolument rien ! “Forcément, ce petit plus participe à l’attrait de notre épreuve”, constate Williams.
Les stars de la balle jaune sont également assurées d’une tranquillité totale : pas de chasseurs d’autographes en vue. “Nos membres ne sont pas là pour voir les stars ! Ils connaissent déjà le succès dans leurs propres affaires. Pour la plupart, ils trouvent juste sympa de croiser des joueurs de tennis sur les fairways.”
On parle davantage de joueurs que de joueuses parce que les filles ont un peu déserté les parcours ces dernières années. “Oui, ce sont surtout les garçons qu’on voit de nos jours, alors que dans le passé, il y avait beaucoup de joueuses. Daniela Hantuchova, par exemple, jouait très souvent.”
Les champions de tennis ont leur routine, même au golf ! “On les voit plus souvent en début de tournoi. La plupart du temps, ils arrivent vers 14 h, quand ils ont terminé leur entraînement sans doute. Ils viennent se détendre. C’est quand même mieux que de rester assis à l’hôtel.”
En général, faute de temps, ils se contentent de jouer 9 trous. “Et exceptionnellement, on les autorise à jouer avec leurs chaussures de tennis.” En 2016, le calme de l’endroit avait été perturbé par un drone chargé de suivre Rafael Nadal pour un reportage. L’Espagnol, qui joue depuis ses 18 ans et qui a acquis un excellent niveau (Handicap 3), est un fan absolu de l’endroit. “Ici on se sent bien, on a l’impression d’être un peu loin de tout, les paysages sont incroyables. On est dans le calme, j’adore. C’est difficile d’imaginer un meilleur endroit pour jouer au golf. Les conditions sont parfaites.”
Sur le parcours, où on peut par endroits apercevoir les courts de tennis du tournoi, joueurs et joueuses font comme tous les autres clients : ils conduisent leur voiturette dans les virages serrés et les allées superbement entretenues mais étroites du resort. “Oui, Ils conduisent eux-mêmes la golf car. On n’a pas encore eu d’accidents”, sourit Joe Williams qui ne manque jamais de saluer les invités croisés le long du parcours et de leur demander si tout va bien. Ici, c’est service de palace du matin au soir.
Goffin: "On a le sens de la balle"
Nadal joue à un très haut niveau. Goffin aime juste se ressourcer sur les greens.
Sports individuels, le golf et le tennis ont de nombreux points communs. Comment s’étonner, dès lors, que la plupart des champions du circuit ATP aient succombé à l’appel de la petite balle alvéolée? "En général, on a le sens de la balle. Ça aide au début. En tant que joueur de tennis, on arrive à bien se débrouiller assez vite. Ce n’est pas trop physique. Pour nous, c’est donc davantage une détente, même si certains sont parfois bien stressés (sourire). Moi, je vois plus ça comme une promenade et une concentration différente. Si on force un peu trop, ça peut devenir un problème pour le dos. Le swing est un mouvement très particulier. Ce n’est pas le même qu’en tennis, mais cela reste des rotations qu’on a l’habitude de faire", résume David Goffin qui, occasionnellement, apprécie une petite partie de golf.
Concentration, contrôle des gestes, minutie dans les placements, stratégie : des termes qui collent aussi bien au golf qu’au tennis. Le sport de St. Andrews permet aux adeptes de la balle jaune de se sortir la tête de leur raquette sans pour autant disperser leur énergie.
Novak Djokovic y voit désormais plus un moyen de s’évader en bonne compagnie qu’un sport de compétition. "Depuis que je suis devenu père, je n’ai plus beaucoup joué. Ce qui m’attire dans le golf, c’est d’être en pleine nature, de respirer l’air frais, de prendre trois ou quatre heures pour socialiser sans téléphone. Beaucoup de joueurs passent au niveau supérieur en se mettant en compétition les uns avec les autres, et j’avais l’habitude de le faire aussi (rire) . Quand j’ai encore une chance d’aller jouer, j’y vais avec mes proches, juste pour me détendre."
Rafael Nadal prend ça bien plus au sérieux. Il a même participé aux championnats des Baléares avec les meilleurs joueurs de la région.
Parmi les autres mordus du swing dans le monde du tennis, citons Andy Murray, Tim Henman, Andy Roddick, Ivan Lendl, Pete Sampras, Yannick Noah, Guy Forget ou Evgueny Kafelnikov.
Les Belges ont tous une balle de golf dans la peau
La plupart des champions belges de tennis aiment se ressourcer sur les greens.
La passion du golf coule aussi dans les veines des champions belges de tennis. Et elle ne date pas d’hier. Après sa brillante carrière sur les courts, le légendaire Philippe Washer avait, dans les années soixante, cédé à la tentation des greens et était même devenu l’un des meilleurs joueurs du pays. Depuis, le virus s’est transmis de génération en génération. Au Royal Golf Club du Zoute, Eric Drossart et Patrick Hombergen chassent toujours volontiers le birdie. Mais le swing est aussi la danse de nombreuses stars actuelles.
Dans la famille Rochus, le golf est même devenu le sport principal ! Christophe, handicap scratch, a atteint un niveau d’élite et participe régulièrement à des tournois professionnels. "Il n’est évidemment pas question de faire du golf mon nouveau métier. Mais j’aime me tester avec les meilleurs. Et, qui sait ? Je pourrais être à un bon niveau, passé cinquante ans, pour avoir ma place sur le Senior Tour…"
Olivier, également membre au Royal Bercuit, n’est plus très loin de son frère. Tout aussi talentueux avec son driver qu’avec sa raquette, l’Auvelaisien est devenu l’un des meilleurs amateurs du pays.
"J’ai découvert ce sport à 13 ans à Falnuée. Durant ma carrière sur le circuit ATP, je n’avais pas vraiment le temps de m’entraîner sur les greens. Là, c’est plus facile", sourit-il.
Dans un autre genre, Xavier Malisse a aussi le swing dans la peau. "J’ai frappé mes premières balles dans les années nonante, lorsque je résidais en Floride. Et j’ai tout de suite mordu. Je n’ai jamais pris une leçon de ma vie. Je suis un pur autodidacte. Je joue pour le plaisir. Et si, en plus, je rentre une bonne carte de score, c’est encore mieux…"
Pur enfant de la balle et naturellement doué, X-Man est Handicap 6. Un excellent niveau. "Mon drive ressemble un peu à mon coup droit, ça aide", plaisante-t-il.
La nouvelle génération aime aussi se ressourcer sur les greens. Arthur De Greef et Ruben Bemelmans ont un beau potentiel. Tout comme David Goffin et Steve Darcis. Toujours de service sur les courts, ils n’ont évidemment pas les loisirs des anciens. Mais on les voit, parfois, participer à des compétitions caritatives ou s’offrir une golfique lors des mises au vert de Coupe Davis. "Au début, les progrès sont assez rapides si l’on a le sens de la balle. Mais, après, pour réellement progresser, c’est autre chose. Mais j’adore et je crois que les deux disciplines sont très complémentaires au niveau de l’entraînement. La pratique du golf favorise la concentration et la bonne gestion tactique", nous confiait récemment David Goffin.
Côté féminin, Dominique Monami est assurément la plus mordue. "Le golf fait désormais partie intégrante de ma vie. J’ai cédé à la tentation en 1997 et j’ai tout de suite craqué."
Single Handicap, la Verviétoise de naissance défend régulièrement les couleurs de Keerbergen lors des compétitions.