20 janvier 1969 : Rod Laver triomphe à Melbourne, première étape de son 2e Grand Chelem
Le 20 janvier 1969, il y a 50 ans, Rod Laver remporte l'Open d'Australie, en battant en finale l'Espagnol Gimeno. L'Australien gagne le 8e Majeur de sa carrière, la première pierre du deuxième Grand Chelem qu'il réalisera en ajoutant Roland Garros, Wimbledon et l'US Open à sa formidable moisson de 1969...
- Publié le 20-01-2019 à 14h51
- Mis à jour le 20-01-2019 à 14h53
Le 20 janvier 1969, il y a 50 ans, Rod Laver remporte l'Open d'Australie, en battant en finale l'Espagnol Gimeno. L'Australien gagne le 8e Majeur de sa carrière, la première pierre du deuxième Grand Chelem qu'il réalisera en ajoutant Roland Garros, Wimbledon et l'US Open à sa formidable moisson de 1969...
Ce 20 janvier 1969, à Melbourne, Andrés Gimeno, un Espagnol plus friand de terre battue (il remportera Roland Garros en 1972), ne peut rien face à la tornade Laver, en finale de l'Open d'Australie. Sur ses terres, Rocket (la fusée, en Français, comme l'avait surnommé Harry Hopman, le capitaine australien de Coupe Davis), qui ne fut réellement inquiété qu'en demi-finale lorsqu'il dut batailler 5 set, dont un épique 22-20 pour éliminer son compatriote Tony Roche, remportait son premier Australian Open dans son nouveau costume pro.
Quelques mois auparavant, en 1968, la petite balle jaune était en effet entrée dans l’ère Open. Pour la première fois, les fédérations autorisent les tennismen professionnels à jouer les tournois qu’elles organisent en compagnie des amateurs. Avant, deux circuits étaient organisés, en parallèle : les amateurs disputaient des tournois sans toucher le moindre prize-money; et les pros jouaient des épreuves dotées… mais devaient renoncer, la mort dans l’âme, à s’inscrire aux tournois du Grand Chelem, épreuves historiques qui n’accordaient aucune compensation financière.
Les Anglais tirèrent les premiers : la fédé britannique annonça qu’elle voulait ouvrir l'édition 1968 de Wimbledon aux professionnels. Et les instances internationales, sentant le vent tourner, ouvrirent la boîte à Pandore. C’était du win-win : permettre aux meilleurs joueurs de disputer les tournois les plus prestigieux et, ainsi, augmenter l’affluence des tournois de plus en plus boudés par le public.
L’exemple de Rod Laver fut évidemment le plus emblématique. L’Australien, meilleur tennisman amateur, avait réalisé le Grand Chelem (remporter les 4 Majeurs la même année) en 1962, avant de devenir professionnel en août 1963. Il ne put donc plus participer aux quatre tournois historiques jusqu’en 1968, et le début de cette ère Open. Finaliste à Roland Garros, vainqueur à Wimbledon puis éliminé en huitièmes de finale à l'US Open, l'Australien entama sa saison 1969 avec la ferme intention de redevenir le maître incontesté des courts.
À Brisbane (en 1972, le tournoi s'installa définitivement à Melbourne), sur ses terres, il posa le premier jalon de sa magnifique reconquête.
Cette année-là, il enchaîna pas des succès à Paris (contre Rosewall), à Londres (face à Newcombe) et à New York (devant Roche), tous conquis contre des compatriotes. Laver réalisa donc un deuxième Grand Chelem en 1969, le premier d’un professionnel. L'Australien resta ensuite bloqué à 11 Majeurs. On ne saura jamais combien il aurait pu en remporter sans ces cinq années privées de GC, mais l'Australien en aurait sans doute gagner bien plus encore.
Il reste de tout façon l'un des plus grands tennisman de l'histoire. Né le 9 août 1938 à Rockhampton, Rodney George Laver ne payait pourtant pas de mine avec ses 170 centimètres et ses 68 kilos. Mais il avait développé depuis sa plus tendre enfance une résistance à toute épreuve et, si son bras droit était un peu rachitique, son avant-bras gauche avait acquis une puissance terrifiante. Au service de son tennis tantôt agressif, tantôt ouaté, il y avait également sa vitesse et sa détermination dans les déplacements. Peu après son premier Grand Chelem de 1962, Rocket se lança donc dans l'aventure d'un professionnalisme encore balbutiant. Et l'ère Open qui s'ouvrit en 1968 lui permit de devenir en 1971 le premier millionnaire en dollars du tennis. Sept ans après le premier, il réalisa ainsi son deuxième Grand Chelem en 1969, avant de faire revenir en Australie, en 1973, la Coupe Davis, que son pays n'avait plus gagnée depuis 1967. Rod Laver mit fin à sa carrière en 1975, à 37 ans.
"Je n’ai jamais pensé qu’un jour, je réaliserais le Grand Chelem", a confié l'Australien qui vient de fêter ses 80 ans, et qui reste un fidèle spectateur de l'Australian Open, et notamment du court principal qui porte son nom, la Rod Laver Arena depuis 2000. "Ce n’était pas un sujet de conversation. Vous savez, au début, on jouait pour une chambre ou un repas gratuit. J’étais juste excité de me rendre à Roland Garros ou à Wimbledon...”
Et quand on lui demande quel est son Grand Chelem préféré, entre celui de 1962 ou de 1969, Rod Laver préfère botter en touche : "Je dirais que le premier fut sans doute le plus difficile, mais que le deuxième fut le plus satisfaisant. À cette époque-là, c’était l’ère open et tout le monde jouait, les Hoad, Rosewall, Gonzales. Il fallait aussi un peu de réussite et j’ai eu la chance de ne pas être blessé cette saison-là.”
Depuis Rod Laver, aucun tennisman n'a réalisé le Grand Chelem (Donald Budge fut le premier en 1938) ! Mais il est désormais plus compliqué de gagner les 4 Majeurs la même année : en 1969, hormis Roland Garros joué sur terre battue, les trois autres tournois étaient disputés sur gazon. Et lorsqu'il remporta cet Open d'Australie il y a 50 ans, l'Australie disputa 5 matches seulement (il n'y avait que 6 tours au lieu de 7 actuellement, et pour les têtes de série comme Laver étaient exempts du premier…). Seul Novak Djokovic a réussi à gagner les 4 Majeurs d'affilée, mais sur deux années différente (2015-2016). Ce Grand Chelem « à cheval » vaut bien celui de Laver…
Le parcours de Rod Laver à l'Australian Open 1969
- 2e tour
bat Massimo Di Domenico (Ita) 6-2, 6-2, 6-3 - Huitièmes de finale
bat Roy Emerson (Aus) 6-2, 6-4, 6-3, 9-7 - Quarts de finale
bat Fred Stolle (Aus) 6-4, 18-16, 6-4 - Demi-finales
bat Tony Roche (Aus) 7-5, 22-20, 9-11, 1-6, 6-3 - Finale
bat Andrés Gimeno (Esp) 6-3, 6-4, 7-5