WTA: "Osaka assume vraiment très bien"
Rencontre avec le coach de la lauréate du dernier US Open, Sascha Bajin.
- Publié le 22-10-2018 à 16h07
Rencontre avec le coach de la lauréate du dernier US Open, Sascha Bajin. Sascha Bajin, l’ancien sparring partner de Serena Williams et Victoria Azarenka fait bien des envieux cette saison avec son rôle de coach de Naomi Osaka. Avec lui, la Japonaise a réalisé la meilleure saison de sa jeune carrière et il entend bien la faire triompher à Singapour pour finir en beauté.
Naomi a réalisé une grande saison sur les courts, mais avez-vous aussi constaté des changements hors des courts ?
"Elle s’est ouverte un peu plus, elle commence à se lâcher. Elle n’est plus aussi renfermée. J’ai réussi à faire sortir ces émotions d’elle parce que je suis extraverti, parce que je suis du genre à faire du bruit (rire). Elle dit qu’elle est suffisamment à l’aise pour être elle-même à mes côtés parce que je suis bizarre alors le contraste lui donne le beau rôle (rire)…"
À quel point êtes-vous impressionné par la manière dont elle a assumé ce premier titre du Grand Chelem ?
"Dans le passé on a vu des joueuses plonger un peu après avoir gagné leur premier Majeur, parce que la satisfaction est énorme et que le rêve est atteint, alors voir Naomi si bien enchaîner chez elle à Tokyo alors que tous les plus gros sponsors et CEO sont là et qu’en plus son tableau est compliqué… Qu’elle y atteigne la finale fut super-impressionnant, de même que sa demi-finale à Pékin. Pour le moment, elle assume vraiment très bien."
On l’a sentie un peu rincée mentalement et physiquement à Pékin. Comment s’est passée la préparation ?
"Elle n’était pas au mieux physiquement à Pékin, on est tous un peu tombés malades à Tokyo juste avant, comme si tout le stress sortait (sourire). Et puis quand on se retrouve à 20 ans à gagner 4 millions de dollars sur un tournoi, quand on réalise son rêve, qu’on passe en un an de la 74e à la 4e place mondiale, qu’on bat son idole en finale, c’est dur de tout bien digérer. On essaie de lui faire garder sa concentration, de garder sa routine. On s’est préparé au centre national à Tokyo : on avait deux sparring partners, le court à disponibilité quand on voulait. Elle a beaucoup joué cette année donc on s’est surtout concentré sur sa condition physique, aussi parce qu’elle sortait d’un petit problème au dos. Et puis c’était très agréable de se retrouver au milieu de tous ces athlètes, de recevoir de l’énergie positive."
Seriez-vous favorable à étendre le coaching sur le court aux tournois du Grand Chelem ?
"Non, absolument pas. J’ai commencé ce sport parce que mes parents voulaient m’apprendre quelque chose par moi-même. J’ai appris à résoudre des problèmes seul, j’ai appris la concentration. Si on autorise encore plus de coaching sur le court, on va donner aux joueuses beaucoup trop d’informations. Le risque c’est qu’elles arrêtent de penser par elles-mêmes et finissent en plus noyées dans l’afflux d’informations. La beauté de ce sport, c’est qu’il vous laisse en tête à tête avec un problème à résoudre. Les meilleurs du monde sont aussi les plus doués pour résoudre les problèmes sur et hors du court.