Le responsable de transformation détaille à quoi ressemblera le futur Roland-Garros
Gilles Jourdan nous plonge dans les profondeurs des travaux de Roland.
- Publié le 27-05-2018 à 21h25
- Mis à jour le 28-05-2018 à 08h54
Gilles Jourdan nous plonge dans les profondeurs des travaux de Roland. Dans un coin du Philippe Chatrier, Gilles Jourdan, responsable de la transformation du site, nous ouvre les portes de son bureau qui sera détruit dans les prochains mois, comme 80 % du central. Introduit à Roland du temps du président Chatrier, il a œuvré au développement de RG jusqu’en 2001 avant d’offrir son expertise à d’autres géants du sport mondial dont le Dakar. En 2011, il est revenu à la Porte d’Auteuil comme maître d’ouvrage de la Fédération française de tennis pour mener à bon port un chantier pharaonique qui a détourné mille difficultés avant de voir le jour.
"Nous étions partis pour un chantier achevé en 2016. Il ne sera fini qu’en 2021 avec les difficultés qui accompagnent cette prolongation. Les matériaux ont évolué. Par exemple, le led remplace l’éclairage chaud. Chaque année, nous devons cacher le chantier pour le tournoi. Toutes les phases se calculent sur une période maximale de 10 mois."
Pour le grand public, la transformation du site de la Porte d’Auteuil a pris une tournure très concrète cette année avec la construction du court n°18, du nouveau village, des courts n°7 et 9 ainsi que la partie de l’Orangerie. "À partir du moment où on avait décidé de rester ici, l’équation était simple", commence Gilles Jourdan. "Nous devions gagner de la place. Nous avons retiré tout ce qui ne servait à rien pour le tournoi comme le centre d’entraînement (devenu le Village), le gymnase (devenu le court 18) et certains courts. Nous passerons de 21 terrains à 18, mais on récupère le TC Jean Bouin pour les entraînements."
D’une superficie de 8,5 hectares, le domaine estampillé RG est passé à 12,5 hectares. Comme l’extension vers le bois ou la ville de Boulogne était impossible, il ne restait plus que le jardin botanique.
"La bataille juridique fut longue. Nous avons gagné car nous avons proposé un projet qui renouait avec le jardin historique. Nous avons construit notre court dans un endroit qui accueillait des serres techniques."
Le petit bijou répond au nom de Simonne Mathieu qui est une ancienne joueuse et résistante française. Ce court remplacera le célèbre court n°1 qui vit ses deux dernières années. Il accueillera 5.500 spectateurs dans un cadre unique. Entre d’un côté le court n°18 et de l’autre les Serres, Gilles Jourdan a réussi son Paris, celui d’étirer le site pour que la circulation des spectateurs soit plus fluide tout en plaçant l’architecture dans le luxe et l’élégance. Coût des transformations ? 370 millions d’euros.
Un toit sur le Chatrier pour 2020
L’une des phases les plus attendues de ce chantier titanesque touche le toit du court Philippe Chatrier. Il se composera de 11 "ailes d’avion" qui pèsent chacune 300 tonnes. Pour le moment, ces poutres d’acier sont construites en Italie. Elles arriveront en pièces détachées et seront ressoudées au sol avant d’être posées sur un court Philippe Chatrier refait à 80 %. Grâce à des moteurs électriques, ces ailes se déploieront en 12 minutes sur une surface d’un hectare. Le dispositif sera opérationnel pour l’édition 2020. Paris effacera donc son retard sur les 3 autres Majors.
Le court central au centre de ses préoccupations
Cent personnes commenceront la démolition du Central au lendemain de la finale.
Le visage de Roland-Garros, c’est ce court Philippe Chatrier avec ses 15.000 places, la terrasse télé dans le coin supérieur et ses croix de Saint-André sculptées dans son architecture en béton, sans oublier les géraniums. Les 10 prochains mois seront compliqués pour Gilles Jourdan qui nous révèle un petit secret : le chantier du Chatrier a déjà commencé. "Nous avons élargi les poteaux verticaux dans les sous-sols car ils devront être deux fois plus épais à l’avenir. Nous avons aussi monté les 27 pieux que nous avons cachés sous les allées autour du court Chatrier. Nous avons fait des trous de 15 mètres de profondeur. Tout est caché."
Dès le lendemain de la finale, 100 personnes déshabilleront le monument. "Notre calendrier est précis à 15 jours près durant les 10 prochains mois. Le prochain central sera plus large de 8 mètres et plus haut. Nous gardons la capacité de 15.000 places car nous voulons que les gens disposent d’un espace confortable. En haut, nous avons opté pour une structure métallique qui donne une impression de légèreté pour accueillir le toit."