Van Cleemput se confie sur la préparation de Goffin: "On est prêts pour gérer sa saison"
Après une préparation hivernale assez calme, le duo Van Cleemput-Goffin est reparti pour un nouveau chapitre. Pour le meilleur et le… meilleur.
- Publié le 04-01-2018 à 07h26
- Mis à jour le 04-01-2018 à 09h38
Après une préparation hivernale assez calme, le duo Van Cleemput-Goffin est reparti pour un nouveau chapitre. Pour le meilleur et le… meilleur Thierry Van Cleemput a pris le temps avant le début de la rencontre entre la Belgique et l’Australie d’expliquer comment s’organise la préparation de David Goffin en vue de l’Open d’Australie. Le coach belge est très satisfait de l’attitude de son joueur et confie qu’il va être hors de question de mettre une pression supplémentaire sur ses épaules cette année, malgré le changement de statut.
Comment se déroule cette semaine de préparation ?
"C’était une option choisie très tard en fin de saison après la demi-finale gagnée face aux Australiens. On a décidé de jouer ce tournoi-ci pour ne pas se mettre de pression de reprendre trop tôt. La saison avait été très lourde. Donc, on voulait simplement venir ici prendre la température, assumer le décalage horaire et se préparer."
Comment vous organisez-vous entre la préparation et les matchs ?
"Par exemple, avant le match face à Zverev, il y eut un entraînement normal avec Federer le midi et puis, là, ce mercredi matin, il y eut une séance de renforcement musculaire. On fait notre préparation normalement mais, après dans les matchs, comme David est exigeant avec lui-même et que moi je le suis avec lui (sourire) , on essaie de réussir un bon match, un match sérieux pour mettre en place des choses. C’est une opportunité d’être dans un contexte de match avec les mêmes balles : tout est là pour se préparer en vue de l’Open d’Australie."
La reprise a, pour le moment, été plus que convaincante, non ?
"Face à Zverev, il y avait encore des petits boulons à resserrer, des soucis au service, mais c’est normal, on voit que David n’est pas encore prêt à 100 %. En revanche, il y avait de très bonnes choses aussi et on voit qu’il a fait une très bonne fin de saison et que la confiance est toujours là. Il y avait une bonne intensité dans les frappes et une bonne construction de points."
Vous avez l’expérience désormais de ces préparations raccourcies, ça aide ?
"David vient d’avoir 27 ans, c’est un joueur qui commence à avoir de la bouteille. Donc, on sait que c’est difficile de gérer une finale de Coupe Davis mais, maintenant, on va se préparer pour cette saison et il y a un rendez-vous auquel on ne pouvait pas échapper, c’est l’Open d’Australie. Si jamais il n’est pas bien en début de saison, il faudra le préparer pour être performant à Indian Wells et à Miami, mais s’il joue bien tout de suite, on va sûrement essayer d’alléger plus tard dans la saison pour éviter d’avoir trop de fatigue, de perdre l’envie et pour éviter les blessures. On va s’adapter."
"La situation m’inquiète"
Van Cleemput tire la sonnette d’alarme. Les organismes sont trop sollicités…
Il ne se passe plus une semaine sans qu’un cador du circuit ne confirme un forfait. Les stars de l’ATP ne sont pas plus fragiles qu’avant, mais il leur est demandé de plus en plus. Thierry Van Cleemput s’inquiète de cette situation. Son protégé, aussi, a été sur la touche à cause d’un programme trop chargé et d’une dose de malchance.
Son genou semble le laisser tranquille…
"On avait suivi une stratégie très claire, on s’est donné les moyens avec le kiné, le médecin, le préparateur physique et aussi l’avis extérieur d’un spécialiste. Je touche du bois et j’espère que ça va aller. Dans tous les cas, il ne se plaint plus de rien, ne porte plus de tape, ne prend plus d’anti-inflammatoires. On a bien identifié les choses, chapeau à toute l’équipe."
Voir l’hécatombe parmi les meilleurs mondiaux, ça vous donne envie de renforcer encore plus la prévention ?
"Oui, la prévention, le médical : toute l’équipe va être renforcée cette année. Cela doit amener David à réfléchir à quoi faire de sa saison. Moi, personnellement, ça m’inquiète car je trouve que les joueurs sont quand même fort sollicités. On ne peut pas refuser car, dès qu’ils ne font pas quelque chose, on les culpabilise. Un joueur ne joue pas la Coupe Davis : ‘Oh il ne joue pas pour son pays !’ , il ne va pas jouer tel tournoi : ‘Ah c’est qu’il préfère jouer pour l’argent !’ . Non, ce n’est pas ça : un joueur doit veiller à être performant et doit penser à lui. Moi, ça m’inquiète ces choses-là, mais j’essaie d’anticiper et protéger David. L’objectif n’est pas sur un an, mais sur les six ans qui viennent pour encore développer son potentiel, améliorer son niveau et son attitude. Il faut qu’il tienne le plus longtemps possible."
David sera dans les favoris à Melbourne, son statut a encore changé : comment gérer ça ?
"Il va y avoir encore plus de sollicitations. On va être obligé d’être extrêmement professionnels, de resserrer les boulons, de ne pas faire n’importe quoi. Donc, malheureusement, on fera des déçus. Il faut d’abord penser à David. Aucune décision n’a encore été prise, il y a plein d’options. On va s’adapter au mieux possible pour la carrière de David."
Il a la fraîcheur nécessaire en ce début de saison ?
"Il continue de m’épater parce que j’ai l’impression qu’il a pris encore de la bouteille, parce qu’il est serein et ne fait pas n’importe quoi. Il reste à l’écoute, il a encore envie d’apprendre pour s’améliorer. On est là sur la ligne de départ de cette saison avec une page blanche, l’histoire s’écrira, mais il fait tout ce qu’il peut pour essayer d’être encore meilleur que l’année dernière."
Quel sera l’état d’esprit pour cet Open d’Australie, avec une pression peut-être différente sur ses épaules ?
"Non, pas du tout. On n’a pas envie de défendre des points ou d’essayer de bien faire, on a envie de s’améliorer. L’état d’esprit est simple : page blanche, match après match. Essayer de voir comment il peut être le mieux possible dans sa tête. Il y aura des couacs, il faudra gérer les mauvais moments, ne pas se prendre la tête ni s’emballer quand ça va bien. Il faut penser en termes de niveau de jeu, d’attitude, de développement physique, de qualité. Pour cette montée vers Melbourne, on n’est plus que dans des détails pour la préparation et c’est pour ça que je voulais avoir des matches avant : trois ici au minimum, deux à Kooyong. C’est bien."
David a dit qu’il aurait bien aimé avoir quelques jours de vacances de plus…
"Le temps était ce qu’il est et on a essayé d’être le plus efficace possible. Il a pris ses vacances, est revenu un peu enrhumé. On a dû prendre du temps pour qu’il se remette de cette petite infection des voies respiratoires. On a fait les choses dans la sérénité."
"L’AFT reste ma maison"
L’entraîneur bosse à temps plein avec David, mais est conseillé à la Fédé.
Thierry Van Cleemput a renégocié avec la Fédération francophone pour clarifier sa position entre David et l’AFT.
Désormais, vous êtes totalement au service de David Goffin, mais vous êtes encore lié à la Fédération aussi, non ?
"Je ne travaille plus à temps plein pour la Fédération, mais j’ai toujours un arrangement avec eux parce qu’ils apprécient, je crois, mes conseils. Le directeur sportif me prend comme conseiller. J’essaie aussi d’être là pour les jeunes entraîneurs. Je continue à être très attaché à la Fédération francophone de tennis, à l’AFT, parce que c’est ma maison, mon lieu de travail. Mais, maintenant, mon activité principale est de travailler pour David : je suis à son service, mais je ne changerai pas ma philosophie."
Wim Fissette parlait récemment dans ces pages de la qualité du coaching belge, quelle est votre opinion sur le sujet ?
"C’est vrai qu’on a une grosse qualité de coaching. C’est le fruit du travail des centres néerlandophones et francophones, le fruit des champions qu’on a eu, des formations des entraîneurs, de bonnes formations intellectuelles au niveau des écoles, et du hasard aussi. Maintenant, ce qu’il faudrait, c’est redonner beaucoup de goût dans les clubs pour que beaucoup de jeunes aillent jouer au tennis, que ce soit à nouveau un lieu de rassemblement. Le tennis est une école de formation longue, difficile, mais fantastique pour le caractère."