Claude Lambin, le Belge qui n'a pas raté une seule édition du Tor des Géants
- Publié le 10-09-2019 à 10h47
- Mis à jour le 10-09-2019 à 16h11
Claude Lambin, 58 ans, est l’un des sept rescapés à n’avoir loupé aucune des 10 éditions du Tor des Géants, qui a débuté dimanche (356 km - 27,390 D +). Au pays des "coureurs fous", qui cherchent plaisir et sueur dans l’ultra-trail XXL, voici Claude Lambin. L’ancien couvreur, aujourd’hui conseiller technique au Decathlon d’Arlon, s’est fait une spécialité des courses de montagne étalées sur plusieurs jours. Un cumulard…
Depuis ce dimanche midi, le résident de Bellefontaine est sur le Tor des Géants. Pour son dixième anniversaire, cette course qui chemine sur les sommets aux alentours de Courmayeur (Italie) a légèrement boosté son parcours, le faisant passer de 330 à 356 kilomètres (pour 27,390 D +). Un point "up" à 3 299 mètres (col du Lauson), des passages vertigineux, du mauvais temps (neige peu après le départ cette année, des températures pouvant descendre jusqu’à moins 10 degrés à 3 000 mètres annoncées), la fatigue, l’inconfort…
Tous des paramètres que gère parfaitement Claude Lambin. Qu’il aime même. C’est la dixième fois qu’il vient sur cette course. Parmi les 944 coureurs qui ont finalement pris le départ dimanche midi, dans le centre de Courmayeur, il fait partie des sept coureurs dans le cas. Six venant de pays de montagne et lui, tenace parmi les tenaces des pays plats.
Là-bas, dans les Dolomites, on les appelle les "Senators". Avec respect.
"Je ne vais jamais sur le Tor par obligation, pour rester dans la liste", nous avait-il confié l’an passé après avoir bouclé "sa petite affaire" en 113 heures. "J’y vais parce que j’aime ça. J’aime ce type d’effort. Et j’adore cette vallée d’Aoste qui est vraiment magnifique…"
Preuve supplémentaire : cette année, en août, il avait organisé un trek avec sa femme et des clients Decathlon dans la région. Entre la Thuile et Cogne. Des alpages et des horizons crantés de sommets dans toutes les directions. Un sentiment de communion permanent avec la nature…
Tout ce qu’il aime, en fait. Un peu comme quand, l’hiver dernier, il avait bouclé la Spine Race (432 bornes sur l’Angleterre et l’Écosse - un monstre sauvage, surtout avec les conditions de tempête qui avaient secoué l’édition 2019). Notre compatriote avait terminé l’épreuve au 30e rang (126 au départ, 53 abandons), en 137 heures et 18 minutes.
Un film sur son épopée
Après un jour de course, Claude Lambin était au milieu d’un peloton du Tor 2019 déjà déserté par 100 coureurs (chiffre de lundi à la mi-journée). Vers la 400e place. Il n’aime pas trop les deux premiers jours de course. Difficile à se mettre dans le rythme. Mais après, rusticité et expérience parlent. Il remonte, inexorablement, tout en contrôle.
"Je l’ai vu dans la nuit de dimanche à lundi, sur la première base de vie", nous expliquait son épouse, présente pour la première fois sur l’entièreté de la course, passant ses nuits dans sa voiture aménagée, crapahutant de base de vie en base de vie. "Il a dormi une bonne heure, facilement (NdlR : l’an passé, il avait dormi un total de 8 heures sur ses 5 jours de course). Il aurait voulu un peu plus, mais il y avait trop de va-et-vient. Il s’est levé, a pris du yaourt et une soupe, puis il est parti avec beaucoup d’enthousiasme. Claude, il a un peu de mal avec la chaleur. Donc, là, pour le moment, il n’a vraiment pas à se plaindre. Il fait froid…"
Pour l’aider dans l’assistance de Claude, Martine peut également compter sur l’aide Maxence. Celui-ci, collègue de Claude, passe d’un point à l’autre caméra sur l’épaule. Il a décidé de faire un film sur cette nouvelle expédition, histoire que son entourage proche et les curieux se rendent mieux compte de ce qu’est ce genre de "voyage sportif".
Des images de montagne, de levers de soleil, de rictus de douleur, de sourires, de grimaces de fatigue. Tout un mélange d’émotions et de sensations qui constituent le menu de ces coureurs à l’appétit infini, en fait…
Six Belges sur le Tor des… Glaciers
Dix ans de Tor des Géants, ça se fête. Avec 450 km et 32 000 mètres de D + pour un nouveau format de course intitulé Tor des Glaciers. Sur les 100 coureurs sélectionnés pour la première édition (l’unique ?) de ce concept, six viennent de chez nous. Soit Laurent Bourguignon, Olivier Dutz, Nathanaël Jacqmin, Ouns Kissiyar, Victor Richard et Christophe Traina. Tous comptent au minimum un Tor des Géants bouclé, condition sine qua non pour pouvoir participer. Lundi midi, après 2 jours et demi de course et une vingtaine d’abandons, tous étaient encore en chemin, avec Victor Richard présent dans le top 10.
En ce qui concerne la "petite sœur" (356 km, 27 000 D +), 21 Belges étaient sur la ligne de départ. Après une journée complète du Tor des Géants, ils étaient encore 20. Manquait à l’appel le Namurois Jean-Christophe Massart qui avait été mis hors classement après 24 heures et 65 km de course.
Une centaine de coureurs avaient déjà jeté l’éponge à ce moment-là, parmi lesquels des favoris comme la Française Émilie Lecomte ou l’Italien Franco Colle (victime de problèmes aux yeux, sans doute à cause du froid rencontré sur les sommets).
Luca Papi, l’extra-terrestre chevelu
Lundi après-midi, Luca Papi (38 ans), Italien de Varèse vivant en France (il travaille à Euro Disney), était en tête du Tor des Glaciers, avec près de 200 bornes déjà couvertes. L’homme, identifiable avec une chevelure à la "Fellaini" (en plus long) est un extraterrestre dans le monde de l’ultra. Cette année, il a gagné les 264 km de Gran Canaria en 50 heures, il a dormi quelques heures et comme il était là, il a aussi couru dans la foulée sa déclinaison longue de 128 km, en 27 heures.
Autre exemple de la "folie douce" qui habite ce jeune papa : fin août, il a disputé l’Échappée belle (146 km le 23/8) et la Trace des Ducs de Savoie (145 le 28). Un échauffement avant ce Trail des Glaciers. Toujours avec le sourire, sans se prendre la tête.