Thibaud Flament, la guêpe de Waterloo: “J’ai l’impression de rentrer à la maison”
Thibaud Flament est l’un des rugbymen français dont la cote est récemment montée en flèche. Un club est à la base de sa formation : l’ASUB Waterloo.
- Publié le 07-02-2020 à 16h44
- Mis à jour le 08-02-2020 à 08h45
Thibaud Flament est l’un des rugbymen français dont la cote est récemment montée en flèche. Un club est à la base de sa formation : l’ASUB Waterloo.
110 kg. 203 cm. Thibaud Flament ne passe pas inaperçu dans la buvette de l’ASUB Waterloo, fin janvier. Son père lui commande une bière tandis qu’il salue Gaby, son ancien coéquipier, qui travaille au bar. Pour la première fois depuis trois ans, le rugbyman de 22 ans remet les pieds là où il a tout appris. Aujourd’hui, il joue 2e ligne pour les Wasps (les Guêpes), six fois champions d’Angleterre et leader de D1. "J’ai l’impression de rentrer à la maison, confie Thibaud Flament. C’est ici que j’ai commencé le rugby à huit ans. C’est ici que j’ai découvert l’esprit du sport, l’entraide, la solidarité. Et c’est ici que je me suis formé comme n°10 jusqu’à ma majorité. Bref, c’est un moment très spécial."
Ce Parisien de naissance avait débarqué à Bruxelles à 3 ans avec ses parents après avoir vécu à Singapour. Les prémices d’une vie de globe-trotter. Une fois ses humanités bouclées, cap sur l’Angleterre et le début de son éclosion comme professionnel. "Mon souhait était d’étudier et de faire du rugby. En France, c’était soit l’un soit l’autre, et je voulais voir autre chose que la Belgique. J’ai trouvé l’alliance parfaite à l’Université de Loughborough. Elle permettait une possible transition vers le haut niveau tout en obtenant un diplôme de qualité."
Il intègre alors la cinquième garnison de son école comme ouvreur alors que les coachs de l’équipe première le repèrent déjà. Son cursus de commerce l’amène ensuite à faire un stage en Argentine. Et là, c’est la révélation. "J’ai eu un gros déclic sur les plans personnel et psychologique, se souvient-il. La chaleur humaine, la passion du sport, l’esprit de groupe : nous avions un lien très fort. Je faisais vraiment partie de la famille. J’ai aussi changé mon approche du rugby. J’ai découvert la folie du jeu et la volonté de tout tenter. Là-bas, on se fie davantage à son instinct. J’essaye désormais de reproduire ça dans ma manière de jouer."
Tout va très vite dès son retour d’Amérique du Sud. En décembre 2018, il passe des tests physiques puis rejoint les Wasps, à Coventry. Aujourd’hui, il oscille entre le banc et une place de titulaire. "Mon parcours est assez atypique. Généralement, les jeunes sont rapidement envoyés en centre de formation. Moi, je n’ai pas fait ça, notamment à cause de mon développement musculaire et de ma croissance tardifs."
Une trajectoire particulière confirmée par une statistique qui rend Thibaud Flament plus unique. L’ancien Waterlootois est le seul Français à évoluer dans le championnat professionnel anglais.
Et forcément, ça fait parler. L’Équipe et The Telegraph lui ont accordé un gros article en janvier. Et il voit grand. "Je veux devenir régulièrement titulaire avec les Wasps. Puis je veux défendre les couleurs de l’Équipe de France. Pourquoi ne pas gagner la Coupe du monde en 2023 ? C’est un objectif lointain mais je bosse beaucoup pour ça. Ce sera compliqué mais je crois en moi et me donne toutes les chances. Si ça ne le fait pas, je ne veux pas avoir de regret."
“Thibaud était une force tranquille”
Philippe De Witte a entraîné Thibaud Flament à l’ASUB. Il se souvient d’un gamin très engagé.
Thibaud Flament porte donc Waterloo dans son cœur. Et un entraîneur l’a particulièrement marqué : Philippe De Witte. Actif pendant six ans à l’ASUB, le technicien ne tarit pas d’éloges à l’égard de son ancien protégé. “Thibaud, c’était une force tranquille. Un enfant calme, posé et très gentil en dehors de la pelouse, explique son ex-coach. Mais sur le terrain, on découvrait une autre personne. Il dégageait une énergie qu’on ne pouvait lui soupçonner. Il mettait énormément d’impact physique. À son âge de l’époque, les différences de gabarit pouvaient être prononcées. Il tombait sur des gars bien plus costauds. Mais il n’avait jamais peur.”
L’engagement est aussi un mot qui vient à l’esprit de Philippe De Witte pour évoquer Thibaud Flament. Que ce soit dans son jeu mais aussi dans sa manière d’être. “Il faisait toujours tout à fond. Il était très régulier dans ses prestations en match et dans ses présences à l’entraînement. Il donnait également tout pour l’équipe. Il rayonnait auprès de ses camarades et jouait un rôle très important dans la cohésion de groupe. Il inspirait vraiment la confiance et ne se plaignait jamais.”
Mais de là à parier que le Français perce, il y avait encore des étapes à passer. “Quand on sait que la concurrence en Angleterre est gigantesque, son parcours est exceptionnel. Je ne lui imaginais pas une telle trajectoire. Pour tirer son épingle du jeu à ce niveau, ce n’est pas uniquement le physique et le rugby. C’est aussi une question de personnalité.”