Le capitaine Sud-africain Kolisi: "Nous n'avons pas joué pour nous, mais pour le pays"
Siya Kolisi, 28 ans, premier capitaine noir des Springboks, a brandi la Coupe du monde de rugby samedi à Yokohama, après le succès de l'Afrique du Sud sur l'Angleterre (32-12) en finale.
- Publié le 02-11-2019 à 14h00
- Mis à jour le 02-11-2019 à 18h31
Siya Kolisi, 28 ans, premier capitaine noir des Springboks, a brandi la Coupe du monde de rugby samedi à Yokohama, après le succès de l'Afrique du Sud sur l'Angleterre (32-12) en finale.
Kolisi a levé le trophée Webb-Ellis remis par le prince Akishino, membre de la famille impériale japonaise, sur un podium dressé au centre de la pelouse du stade de Yokohama.
Juste après le coup de sifflet final du match, Kolisi avait souligné le côté symbolique du troisième titre mondial décroché par les Springboks après 1995 et 2007.
"Nous avons tellement de problèmes dans notre pays mais nous avons une telle équipe, nous venons d'origines différentes, de races différentes mais nous nous sommes rassemblés avec un but unique et nous voulions l'atteindre", a déclaré Kolisi.
"Avant le match, le coach (Rassie Erasmus) nous a dit +nous ne jouons pas pour nous-mêmes. Nous jouons pour notre peuple au pays+. C'est ce que nous voulions faire. Nous avons vraiment apprécié tout le soutien que nous avons reçu", a-t-il souligné.
Kolisi, troisième ligne des Stormers du Cap, est le premier capitaine noir des Springboks, qui furent l'un des symboles de la politique d'apartheid mise en place en 1948 et progressivement abolie au début des années 1990.
Mais il n'aime pas cette étiquette qui lui colle à la peau.
"Ce n'est pas une description que je trouve naturelle", objecte-t-il. "J'ai la chance d'être le capitaine d'une équipe qui représente tous les Sud-Africains..."
Selon l'analyste de rugby Mark Keohane, l'équipe 2019 est d'ailleurs très respectueuse des différentes cultures et groupes ethniques du pays.
"Ils ne sont qu'unité. Ils représentent ce qui est possible dans l'avenir, pas ce qui était lamentable dans le passé", dit-il en effet.
Le premier sacre des Springboks, à Johannesburg en 1995, avait marqué l'histoire du rugby mais aussi celle de l'Afrique du Sud. Le président Nelson Mandela avait alors endossé le maillot vert et jaune. Le stade de Johannesburg, principalement rempli de supporters blancs, avait scandé son prénom. Sur le terrain, l'ailier Chester Williams - mort récemment d'une crise cardiaque - était le seul joueur noir, alors que les Blancs représentaient seulement 10% de la population sud-africaine.
Et quand les Springboks l'ont encore emporté en 2007 en France, l'équipe ne comptait que deux Noirs, les ailiers JP Pietersen et Bryan Habana.
Samedi, face aux Anglais, balayés (32-12) ils étaient six sur le terrain au coup d'envoi, douze parmi le groupe de 31, un record pour le XV des "Boks.
Et les ailiers noirs Makazole Mapimpi et Cheslin Kolbe ont inscrit les deux essais de l'équipe sud-africaine...