Histoires d’Or : Edelweiss II, un bijou en acajou serti d’or par un colonel, son fils et un ancien combattant
La DH raconte les 43 médailles d’or olympiques de la Belgique (9/43). Émile et Florimond Cornellie et Frédéric-Albert Bruynseels triomphent en voile, au large d’Ostende, lors des JO d’Anvers en 1920.
- Publié le 17-04-2024 à 13h25
- 9 (10 juillet 1920) Émile Cornellie (15 août 1869-27 décembre 1945. Né à Vlissingen), Florimond Cornellie (1er mai 1894-28 avril 1978. Né à Anvers) et Frédéric-Albert Bruynseels (13 juillet 1888-10 octobre 1959. Né à Anvers), sur Edelweiss II (Yacht Club Ostende) > Voile (catégorie 6 m par équipe, type ancien – 1907 rating)
L’Europe panse encore les plaies de la Grande Guerre et de ses dix millions de morts et près de huit millions d’invalides, quand, à l’été 1920, la Belgique, récompensée pour son courage face à l’ennemi, accueille à Anvers les premiers Jeux olympiques de l’après-guerre.
Le 14 août 1920, le drapeau (sur lequel les cinq anneaux symbolisent l’union des cinq continents) et le serment (prononcé par l’escrimeur et nageur Victor Boin, futur président du COIB) olympiques font leur apparition lors d’une cérémonie d’ouverture marquée par un lâché de colombes comme symbole de paix.
Sur leurs terres, les Belges, il est vrai en très grand nombre (330 sur les 2 680 athlètes venus de 29 nations) vont exceller : ils remportent 42 médailles dont 16 en or. Sur leurs terres donc, mais aussi en mer, puisque le premier titre anversois est conquis en voile, au large d’Ostende… le 10 juillet (les premières épreuves avaient déjà commencé fin avril…). C’est un trio à la barre d’Edelweiss II qui remporta la class 6 m (1907 rating), la catégorie-reine de la voile de compétition : trois affiliés du Royal Yacht Club d’Ostende, le colonel Émile Cornellie et son fils Florimond, accompagnés de Frédéric-Albert Bruynseels. Leur voilier n’a remporté qu’une des trois courses de la régate finale, mais grâce à leurs deux deuxièmes places, les Belges devancèrent les deux bateaux norvégiens, le Marmi II et le… Stella, tandis que le Suzy de nos compatriotes Louis Depière, Raymond Bauwens et Willy Valcke échoue au pied du podium. Les Cornellie et Bruynseels n’eurent droit qu’à une seule médaille d’or, dont on ne sait pas ce qu’elle est devenue.
L’Edelweiss II fut conçu par un Anglais, Linton Hope, ancien médaillé d’or aux Jeux de Paris en 1900. Le voilier a été construit en 1914 à Londres, dans le chantier naval de Chiswick, sur la Tamise. Tout en acajou d’Amérique latine. Il participa alors à la Semaine d’Anvers puis à la Semaine de Kiel, en Allemagne, deux des grandes compétitions de l’époque. Puis disparut pendant la Première guerre mondiale, avant de refaire surface en 1919, en remportant une compétition aux Pays-Bas. L’Edelweiss II est logiquement choisi par le militaire Émile Cornellie pour disputer les JO. Cet Ostendais de 50 ans qui habite Anvers est colonel dans la marine belge, et ancien héros de 14-18. Il emmène au vent son fils Florimond (26 ans), jeune avocat anversois, et Frederik Bruynseels, un interprète et ancien combattant anversois de 32 ans. Un équipage de choc, pour triompher au large de sa ville natale.