Histoires d’Or : cette fois, Charles Delporte va aller au bout de son rêve, du bout de son épée
La DH raconte les 43 médailles d’or olympiques de la Belgique (23/43). Les Belges brillent en escrime à Paris en 1924, avec quatre médailles dont l’or de l’épéiste bruxellois Charles Delporte.
- Publié le 17-04-2024 à 13h23
- 23 (11 juillet 1924) Charles Delporte > Escrime (épée, individuel)
- 11 mars 1893-9 octobre 1960. Né à Ixelles
Vingt-quatre ans plus tard, les Jeux de la VIIIe Olympiade, les derniers de Pierre de Coubertin en tant que président du CIO, reviennent déjà à Paris, et permettent d’oublier le désordre de 1900. C’est la dernière faveur obtenue par le fondateur français des Jeux, qui s’apprête à passer la main. Six mois après que Chamonix a accueilli les premiers Jeux olympiques d’hiver de l’Histoire.
Organisés à Colombes, les JO d’été voient l’apparition du premier village olympique, et la devise “Citius, Altius, Fortius” est adoptée. Mais les Belges n’iront pas “plus vite, plus haut, plus fort” que quatre ans auparavant, quand ils avaient joué à domicile, à Anvers, dans des JO taillés sur mesure. De 36 médailles, dont 14 en or, en 1920, on passe à 13, dont 3 du métal le plus précieux, en 1924, malgré une délégation riche de 171 âmes…
Comme en 1912, l’escrime, qui prend ses quartiers à Colombes (épée et sabre) et au Vélodrome d’Hiver (fleuret), permet à la Belgique de briller avec quatre médailles dont une en or grâce au Bruxellois Charles Delporte qui remporte le concours de l’épée individuelle. Deux médailles d’argent, en épée par équipe et en fleuret par équipe, et une médaille de bronze, grâce à Maurice Van Damme, compléteront le bilan noir-jaune-rouge dans des épreuves marquées par de nombreuses polémiques. Notamment lorsque les arbitres favorisent le Français Lucien Gaudin face à Aldo Boni lors de la poule finale du fleuret par équipe. Vénères, les Italiens quitteront la salle du Vélodrome d’Hiver en chantant l’hymne du pouvoir fasciste Giovinezza, L’Inno Trionfale del Partito Nazionale Fascista. Triste présage, puisque dix-huit ans plus tard, le “Vel’ d’Hiv’” sera le théâtre de la célèbre et terrible rafle des nazis de 1942… Le retrait des Transalpins en finale fit le bonheur des Belges et des Hongrois, qui se disputèrent la médaille d’argent remportée par nos compatriotes.
Les Français se neutralisent et Delporte en profite
En épée individuelle, à Colombes, la concurrence entre les Français est telle que notre compatriote Charles Delporte décroche l’or avec une touche d’avance. Le Bruxellois avait déjà tenté sa chance à Anvers, sans succès : 10e de l’épée, il avait échoué au pied du podium au sabre. Cette fois, il va aller au bout de son rêve et… de son épée. La finale ressemble à un duel franco-belge : sur les douze finalistes, on recense quatre locaux, dont le tenant du titre Armand Massard, et quatre Belges, dont Paul Anspach, le héros de Stockholm (qui termina cette fois 9e), accompagnés de deux Italiens, un Suédois et un Danois. Charles Delporte remporte huit de ses onze combats, dont les trois face à ses compatriotes Léon Tom, Paul Anspach et Ernest Gevers. Le Bruxellois profite en fait de la rivalité entre les Français. Roger Ducret, médaillé d’argent avec sept succès, paya son revers face à un autre Bleu, Gaston Cornereau. Le Suédois Nils Hellsten compléta le podium.
Charles Delporte mena aussi l’équipe belge à la médaille d’argent de l’épée par équipe : cette fois, les Français avaient fait bloc, et prirent le meilleur sur les quintets belge (Fernand de Montigny, Charles Delporte, Joseph De Craecker, Léon Tom et Paul Anspach), italien (3e) et portugais en finale.
Delporte participa encore aux JO de 1928, sans autre médaille malgré une 4e place avec l’équipe belge à l’épée. Puis, on le retrouva à Londres en 1948, mais comme président du jury des arbitres cette fois…