FOJE d'hiver 2019: Samuel Crenier, parcours d’une âme bien née
Le festival olympique d’hiver de la jeunesse européenne ouvre ses portes ce ce dimanche à Sarajevo. Nous avons rencontré Samuel Crenier, jeune biathlète liégeois, qui le dispute, avec 15 autres ados belges…
- Publié le 10-02-2019 à 10h59
- Mis à jour le 10-02-2019 à 11h00
Le festival olympique d’hiver de la jeunesse européenne ouvre ses portes ce dimanche à Sarajevo. Nous avons rencontré Samuel Crenier, jeune biathlète liégeois, qui le dispute avec 15 autres ados belges… "Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années." Corneille avait déjà compris depuis bien longtemps que la maturité ne dépend nullement de l’âge et qu’elle s’exprime là où naissent les difficultés. Samuel Crenier, 16 ans, en connaît des difficultés, mais à défaut de le décourager, elles lui permettent de se dépasser.
Cela fait maintenant quatre ans que le Liégeois, originaire de Beaufays, a commencé le biathlon, et le voilà à quelques jours de vivre un événement majeur : le festival olympique d’hiver de la jeunesse européenne. Qui l’aurait imaginé, il y a quatre ans, quand Samuel, tranquillement assis sur son canapé, découvrait à la télévision ce sport mêlant tir et ski de fond, à l’occasion d’une étape de Coupe du monde à Hochfilzen. Déjà adepte du ski alpin depuis ses trois ans, le jeune garçon entreprend alors de se lancer dans le biathlon, fasciné par cette discipline.
Son père, Philippe, ancien athlète de course à pied, ne connaît rien à ce sport, mais sent que cette envie devient une passion chez son fils, et décide de l’accompagner dans cette aventure. Il s’occupe alors de sa préparation physique. Très vite, Samuel se découvre être meilleur tireur que skieur, un fait dû à sa masse musculaire qu’il doit travailler.
Mais, comme le rappelle son père, "le problème est qu’à son âge, on n’est pas encore complètement formé. Et dans les compétitions chez les jeunes, il croise des biathlètes de 18, 19 ans qui eux, sont déjà des hommes. Dans ces catégories d’âge, un an d’écart peut changer beaucoup de choses."
Samuel ne veut toutefois pas utiliser l’excuse du gabarit, et dit "vouloir toujours être le meilleur".
Son idole ? Ce n’est pas le quintuple champion olympique et décuple champion du monde Martin Fourcade, mais bien Anton Shipulin, "car je le trouve plus combatif et le plus respectueux des athlètes (NdlR : il a pris sa retraite en décembre)."
Preuve que les qualités humaines d’un sportif comptent plus pour lui que le nombre de ses médailles.
Des valeurs qu’il entretient lui-même, se disant lui aussi "combatif et persévérant".
Qualités également décrites par son père : "Samuel est un battant, il va toujours au bout de lui-même. S’il rate une course, il en tire lui-même les conclusions. Il est très exigeant et minutieux. Il va regarder des vidéos de pros pour voir ce qu’il pourrait corriger. Il cherche vraiment à évoluer."
Et quand on demande au jeune biathlète quelle course l’a le plus marqué, il choisit évidemment "la course la plus dure. C’était l’an dernier, les championnats du monde juniors en Estonie. C’était de la longue distance, il faisait -15°c, la neige n’était pas du tout glissante. Mais dans ces conditions, on se rend compte du niveau qu’il faut atteindre pour réussir à l’international."
Mais il est difficile pour un Belge aujourd’hui d’atteindre ce niveau. Notre pays n’a en effet aucune infrastructure adaptée pour les compétitions de biathlon. Les seuls stands de tir à disposition n’ont que deux lignes, quand il en faut une dizaine pour les compétitions. C’est pour cela que les championnats de Belgique se déroulent à l’étranger, notamment en Suisse et prochainement en Allemagne. Samuel est donc inscrit dans un club français des Vosges, ce qui lui permet de participer aux compétitions en France mais également d’être en contact avec l’une des meilleures nations de ce sport.
Un emploi du temps chargé qu’il est compliqué de combiner avec l’école. Les parents de Samuel ont dû convaincre les professeurs et de la directrice du collège du Sartay à Embourg pour que le rhétoricien puisse suivre correctement ses cours à distance. Le jeune Liégeois est également aidé par ses camarades de classe. Une situation encore complexe qui l’oblige à être très organisé, heureusement aidé par ses parents qui le soutiennent à 100 %.
Un soutien primordial à cet âge. Son père parle même d’un "projet familial. Cela coûte de l’argent et demande beaucoup d’investissement personnel. C’est important d’être bien entouré pour s’occuper de tout ce qu’il y a autour."
Le jeune garçon peut en effet compter sur sa famille pour se charger de toute l’administration, des déplacements, du matériel, car transporter une arme à feu demande des documents spécifiques… "Cela lui permet d’être déchargé de tous les à côté et de se consacrer essentiellement à son sport."
Et Samuel, lui, ne demande que ça. Il aimerait se consacrer totalement à son sport plutôt qu’à ses études car "le biathlon, c’est une bonne partie de ma vie". Même si ses parents le laisseront choisir, ils sont conscients que faire des études est primordial, car le sport n’apporte aucune garantie. Et même si une carrière est possible, cela ne dure que quelques années. L’après-carrière est souvent très compliqué à gérer pour les sportifs de haut niveau.
OBJECTIF TOP 40, ET "PRENDRE DU PLAISIR"
Bien que très jeune, Samuel garde les pieds sur terre.
"J’étais déjà très content de participer aux championnats du monde juniors. Et ce festival olympique, c’est un autre rêve qui se concrétise. J’espère finir dans les 40 premiers à Sarajevo. Mais l’important pour moi c’est de prendre du plaisir. C’est vraiment mon mot d’ordre, que ce soit en compétition ou à l’entraînement."
Son père lui, a déjà les Jeux olympiques de la jeunesse en ligne de mire. Ils auront lieu en 2020 à Lausanne. Le festival olympique sera déjà "une bonne première expérience. C’est l’ouverture vers le monde et vers les autres. C’est apprendre à gérer son stress, voir comment ces grands événements fonctionnent… L’olympisme, c’est le graal."
Samuel rêve des "vrais Jeux olympiques" même s’il avoue "qu’il y a encore du temps".
Du temps, il en a : il n’aura pas encore 20 ans quand auront lieu les prochains JO, à Pékin en 2022. Alors, il souhaite simplement "continuer à prendre du plaisir" et surtout, "ne pas me lasser. Être content de participer à chaque compétition, et garder la même motivation."
Et c’est avec un regard très affectueux et bienveillant que son père lui souhaite simplement "d’être heureux et de vivre de sa passion. De réussir sa plus belle course, celle qui te transporte toute ta vie. En sport, il y a beaucoup de défaites et de déceptions avant de connaître la réussite. Alors prends du plaisir et garde ta passion intacte."
Corneille aurait sans doute dû préciser que "ces âmes bien nées" le sont aussi grâce à leurs parents…