Louis Toussaint: "Mon handicap m’a permis de mieux me connaître"
S’il brille aujourd’hui en handi-aviron, rien ne prédestinait Louis Toussaint, 23 ans, ancien espoir cycliste, à embrasser une telle carrière dans un sport qu’il trouvait “chiant” il y a encore quelques années…
- Publié le 17-09-2018 à 15h22
- Mis à jour le 18-09-2018 à 08h43
S’il brille aujourd’hui en handi-aviron, rien ne prédestinait Louis Toussaint, 23 ans, ancien espoir cycliste, à embrasser une telle carrière dans un sport qu’il trouvait “chiant” il y a encore quelques années… C’est l’histoire un peu folle d’un jeune habitant d’Yvoir. En 2012, à l’âge de 16 ans, cet espoir cycliste, plusieurs fois champion provinciale et deux fois champion de Wallonie, a perdu l’usage de ses jambes, après un accident de vélo pendant un entraînement. L’étape la plus difficile de sa carrière Louis Toussaint l’a transformée en défi, avec un mental d’acier : "J’ai vraiment pris cet accident comme une nouvelle course, comme un nouveau challenge."
Il remonte alors tout naturellement sur un vélo. Un handi-bike. Pour ne pas abandonner son sport, qui lui avait procuré tant de plaisir. À la sortie de ses humanités, il reçoit même un contrat Espoir Elite de la Ligue Handisport. "Mais je n’étais pas assez mature. Je n’avais pas encore la régularité pour m’entraîner tous les jours ni la volonté de me donner à fond. Malgré les bons résultats."
Il abandonne alors le handi-bike, pour se lancer dans des études de communication, "afin d’assurer mon avenir". Mais ce grand sportif dans l’âme ne voulait pas rester sur cet échec. À la fin de ses études, en 2016, il se lance un défi un peu fou : faire un triathlon. Il participe alors à une journée d’information sur la chaise d’athlétisme et fait une rencontre qui changea sa vie. Le physique de Louis (1m98, des bras immenses, des épaules bien larges) impressionne Serge Broka, président du Royal Club Nautique Sambre et Meuse, qui lui propose d’essayer l’aviron. Quelques jours lui suffirent pour convaincre Louis de s’installer à plein-temps sur un bateau spécial pour non-valides, et de devenir son coach. Serge Broka croyait tellement au potentiel de Louis, qu’il avait déjà pris une option sur un skiff aménagé avant même que le jeune rameur n’accepte la proposition…
La rapidité avec laquelle Louis a décidé de se mettre à l’aviron, prouve la force mentale et l’abnégation qui l’habitent. Il n’a jamais abandonné l’envie de faire du sport et l’envie de se battre malgré la perte de l’usage de ses deux jambes. "Ce que j’aime dans l’aviron c’est qu’on se retrouve face à soi-même. Contrairement à d’autres sports, ici on est tout seul. Si jamais tu es derrière, c’est que tu es moins fort (en dehors des problèmes matériels ou techniques). En course, à par toi-même, il n’y a personne qui va pouvoir te sauver si tu n’es pas bon".
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Louis Toussaint se sent mieux dans sa peau depuis son accident. Son handicap lui apporte plus de confiance en lui, lui permet d’être mieux avec lui-même mais aussi avec les autres. Il n’a d’ailleurs plus peur du regard de ceux-ci. "On ne va pas se mentir, le regard des autres c’est très important pour se sentir bien. Mais si on arrive à s’accepter, ce regard devient futile. Je trouve que je suis mieux aujourd’hui. Si jamais on me demandait si je voulais revenir en arrière, je dirai non. Je m’amuse mieux, je me sens plus à l’aise avec moi-même. En fait, je ne me considère tout simplement pas comme un handicapé. Je suis un sportif, comme tous les autres…"
Aujourd’hui, le jeune homme de 23 ans travaille dur pour être au top. S’il rêve de Tokyo, l’avironneur n’en fait pas pour autant son objectif ultime. Il sait que le chemin sera rempli d’embûches. Il préfère voir les choses "step by step". Malgré tout, celui qui a commencé l’aviron il y a seulement deux ans, sait qu’à force de volonté tout est possible. Ses très bons championnat du monde de para-aviron de à Plovdiv, en Bulgarie, le prouvent: le Namurois s'est qualifié pour les demi-finale, un première pour un Belge en para-aviron, et a terminé 11e avec un record personnel amélioré…