Les Belgian Tornados, d'une médaille à l'autre sur la route des JO de Paris : "C'est important pour la confiance et pour la stabilité du projet"
L'équipe masculine de relais 4x400m a bien géré le rendez-vous capital des Relais Mondiaux sans recourir à Kevin et Jonathan Borlée.
- Publié le 07-05-2024 à 06h53
Qu'on se le dise : la plus grande fabrique de médailles de l’histoire de l’athlétisme belge tourne toujours à plein régime. Deux mois à peine après avoir renouvelé leur titre mondial en salle, les Belgian Tornados sont une nouvelle fois montés sur le podium des Relais Mondiaux, ce dimanche, aux Bahamas.
Ils ont décroché la médaille de bronze pour la troisième fois en six éditions (après 2015, déjà aux Bahamas, et 2019, au Japon) et en l’espace de dix ans.
Ce faisant, ils ont aussi confirmé que la non-qualification pour la finale des Mondiaux 2023 à Budapest, l’été dernier, relevait du simple accident de parcours.
Quelle performance ont-ils réalisée ?
La compétition de ce week-end était qualificative pour les JO et les Tornados n’ont pas fait durer le suspense en allant chercher leur ticket pour Paris dès les séries (victoire en 3.00.09).
Ce quatuor, composé de Dylan Borlée, Robin Vanderbemden, Alexander Doom et Jonathan Sacoor (ces deux derniers ayant inversé leurs positions par rapport à la veille), a ensuite signé un chrono de 3.01.16 en finale, terminant derrière le Botswana (2.59.11) et l’Afrique du Sud (3.00.75).
Il n'y a, en revanche, pas eu de retrouvailles avec les Etats-Unis: la formation américaine a été envoyée au tour de repêchage après avoir pris des libertés avec le règlement en séries, ce qui lui a valu une disqualification.
”Une médaille, c’est toujours important pour le moral de l’équipe et pour montrer la stabilité, la continuité du projet”, note le coach, Jacques Borlée.
La qualification des sprinteuses des Belgian Cheetahs et celle du relais mixte permettront en outre à la Belgique d’aligner trois relais 4x400m aux Jeux, comme ce fut le cas en 2021 à Tokyo. À nouveau un beau carton plein !
”Mais pour continuer à grandir, il faut encore plus de professionnalisme, ce qui n’est pas toujours évident dans notre pays”, reprend Borlée.
Où situer cette médaille dans leur palmarès ?
Le relais 4x400m masculin a disputé dans les Caraïbes sa 33e finale majeure (Jeux olympiques; Mondiaux et Euro outdoor et indoor; Relais Mondiaux) et remporté sa 19e médaille internationale depuis 2008. Des statistiques folles donnant du relief à ce palmarès immense dont on peine parfois à prendre toute la mesure chez nous.
Relevons également qu’il s’agit de la 9e médaille mondiale des Belgian Tornados : cinq d’entre elles ont été remportées en plein air et, curieusement,elles sont toutes en bronze !
”Si Dylan (Ndlr : qui souffre d’une contracture à la cuisse) ne s’était pas blessé après 80 mètres dimanche en finale, on aurait certainement pu aller chercher plus haut car on a perdu énormément de temps dans le trafic, indique Jacques Borlée. C’est le sport, c’est le 4x400m, et ce sont les aléas de la course.”
Pourquoi Kevin et Jonathan Borlée n’ont-ils pas couru ?
S’ils figuraient bien dans la sélection initiale de huit athlètes, les choses ne sont pas tout à fait passées comme prévu pour les jumeaux de 36 ans ces derniers temps. Jonathan, qui avait fait l’impasse sur la saison en salle, peine à retrouver la pleine possession de ses moyens physiques.
En mars, tout en disant que ses apparitions allaient être comptées au cours de cette (dernière) saison, le Bruxellois nous avait dit : “Mon objectif c’est d’être prêt pour les Jeux. Mais j’arrive au bout de ce que mon corps peut encore supporter.”
Entre maux de dos, ischios douloureux et élongation, c’est cette fois le tendon d’Achille qui s’est rappelé au sprinter. Son frère Kevin, le capitaine de l’équipe, n’est, lui, pas encore tout à fait l’aise après une blessure au pied qu’il tarde à surmonter.
Kevin et Jonathan rencontrent des difficultés lorsque l'intensité s'élève.
”Leur condition générale est bonne, ils montrent de belles choses à l’entraînement mais ils sont en difficulté lorsque l’intensité s’élève. Or j’ai besoin d’athlètes à 100 % de leurs capacités”, lance Jacques Borlée.
Qui ne cache pas qu’il va “falloir trouver des solutions” rapidement et “mettre des stratégies en place” afin que ses fils remontent la pente pour de bon en vue des Jeux.
Quelle est la prochaine échéance pour les Tornados ?
Elle arrive déjà dans un mois aux championnats d’Europe de Rome, organisés du 7 au 12 juin, et il va donc être important de soigner les différents bobos (Alexander Doom a, par exemple, été aligné en troisième position "pour ne pas trop forcer" sur des adducteurs douloureux) et de bien récupérer.
Les athlètes du relais 4x400m ont l’ambition chevillée au corps et ils viseront bien sûr une nouvelle médaille en Italie.
Dans cette optique, le gros point positif de ces Relais Mondiaux est le comportement “exceptionnel” de Jonathan Sacoor, tant avec le mixte qu’avec les Tornados qu’il a contribué à qualifier pour les JO samedi en séries.
Mais aussi l’assurance de pouvoir compter sur la vitesse de Robin Vanderbemden (Ndlr: 44.51 lancé, soit le 4e split le plus rapide des finalistes) ainsi que sur l’expérience de Dylan Borlée. Derrière eux, Christian Iguacel et Florent Mabille poursuivent leur apprentissage.
Que faut-il attendre d’eux aux JO de Paris ?
Pour atteindre le Graal et décrocher la médaille olympique qui s’est toujours refusée à eux jusqu’à présent, les Belgian Tornados (qui devront partager leurs ambitions avec le relais mixte actif… d’entrée de Jeux) auront besoin de toutes leurs forces vives, d’un mental en acier et d’un brin de réussite.
”C’est le top niveau absolu, ce n’est pas avec quatre athlètes que l’on va réussir à faire la différence mais avec le double. J’espère pouvoir compter sur des réservistes au sommet de leur forme également, glisse Jacques Borlée, qui a pris bonne note du fait que les Pays-Bas, la France et la Jamaïque ont raté le top 14 qualificatif aux Bahamas. Pour faire une médaille, il me faut quatre sprinters sous les 45 secondes ou tout proches de ce seuil chronométrique. On n'en est pas loin et avec un bon Kevin ou un bon Jonathan, ce sera dans la poche. Mais je ne sais pas dire aujourd’hui s’ils seront là à Paris.”