”Il a eu besoin de tomber très bas pour avoir un déclic” : Céline Vrancx, la compagne de Dylan Borlée, évoque la personnalité du demi-finaliste mondial
Présente aux Mondiaux de Budapest, celle qui partage la vie du Bruxellois a accepté de se confier pour la première fois.
- Publié le 22-08-2023 à 16h02
Elle est arrivée samedi après-midi à Budapest afin d’assister, le lendemain, aux séries du 400 m. À la veille des demi-finales de l’épreuve (ce mardi à 21h00), nous avons rencontré Céline Vrancx, la compagne de Dylan Borlée, afin d’évoquer une facette du champion. Celle de l’homme qui partage sa vie et qu’elle épousera civilement en octobre prochain.
Céline, avez-vous souvent assisté à des grands championnats ?
”Oui, le plus souvent possible, en tout cas en Europe. D’habitude, on se déplace même en famille, parce que notre soutien est apprécié, mais cette fois ce n’était pas possible. L’année dernière, Munich était le premier grand rendez-vous depuis longtemps en raison du Covid. Et ici, c’est la première fois que je le vois en action dans un grand championnat : je n’étais pas encore allée à l’Euro en salle de Prague, en 2015, au début où on était ensemble et à Munich, je ne suis venue que pour le relais. J’ai prévu de rester jusqu’à mercredi après-midi mais, si jamais Dylan court la finale, je prolongerai bien sûr !”
Pouvez-vous vous voir dans ces cas-là ?
”Très peu. Ce dimanche, par exemple, on s’est vus dix minutes après la course, au stade, avant qu’il ne parte faire sa récupération. Plus tard dans la journée, on a pris un café. Mais on peut s’appeler, bien sûr, et je sais qu’il était content que je vienne, d’autant que tout s’est décidé un peu en dernière minute.”
"Il est sportif, je travaille dans les sciences mais on a la même vision de la vie."
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
”Dylan était à l’école avec une amie à moi ; on s’est rencontrés par son intermédiaire lors d’une soirée. Moi, je ne suis pas du tout dans le sport. Je ne l’ai jamais vraiment beaucoup suivi d’ailleurs. Je fais de la recherche scientifique. Je suis biologiste de formation et je fais un post-doctorat en neurosciences sur Alzheimer. C’est un peu bizarre à dire mais on travaille tous les deux sur des objectifs à moyen ou long terme. Lui, il s’entraîne toute l’année sans savoir quel meeting il va faire, quelles qualifications il pourra décrocher, moi je travaille sans savoir si je vais avoir une découverte sur mon projet à un moment. Il faut parfois trouver de la motivation, il y a parfois de la frustration, et cela nous rapproche. On a la même vision de la vie et du monde professionnel même si on a des activités complètement opposées.”
Dylan a connu un moment difficile fin 2021. Était-ce lié au sport ?
”Oui, c’était une désillusion par rapport à ses objectifs sportifs, une qualification olympique qui lui a échappé, donc cela a été une énorme déception qui a débouché sur une remise en question plus globale sur lui. Cela l’a mené très bas, mais il a fallu cela pour qu’il ait un déclic. Sa rage et sa motivation sont beaucoup plus saines qu’avant. C’est moins un besoin de prouver, un besoin d’exister, il le fait pour lui et il profite des moments où il est sur la piste.”
Était-ce un besoin de se prouver par rapport à ses frères ?
”Un besoin de se prouver par rapport à lui en tant que personne, de savoir s’il était capable d’atteindre ce qu’il voulait atteindre. Grandir avec l’image de ses frères, cela porte mais c’est aussi une comparaison non-stop. Il n’est jamais parti d’un tableau blanc. C’est une pression qu’il a peut-être développée inconsciemment.”
Il a pourtant remporté une médaille individuelle dès 2015.
”C’est arrivé assez tôt dans sa carrière mais c’est comme si, avec le petit creux qui a suivi, il s’est mis à douter énormément. C’était bien un blocage émotionnel et psychologique plus que physique ; il le montre très bien depuis deux saisons. Et c’est bien plus agréable de le voir profiter de sa carrière aujourd’hui. Il est motivé pour les bonnes raisons, il fait les choses pour lui-même.”
Comment fait-il pour ne pas trop absorber les émotions de ses frères ?
”Tous les trois ont leur façon de gérer les choses. C’est une grande force d’être ensemble mais c’est parfois difficile à gérer parce qu’on ressent les malheurs des autres. Or une émotion négative, cela crispe le corps ! Là, particulièrement, Dylan fait une super saison, Kevin et Jonathan un peu moins. Il a justement beaucoup travaillé sur le fait de ne pas s’empêcher d’exprimer sa satisfaction et il essaie, dans la mesure du possible, de bien faire la part des choses. Kevin et Jonathan ont connu cela aussi. Ils ont chacun leur histoire, leur carrière et chaque moment positif pour l’un rejaillit sur les autres. Au final, ils sont sincèrement contents l’un pour l’autre.”
Voyez-vous un Dylan très différent quand il est sur la piste ?
”Quand il est dans un mood de compétition, cela se voit tout de suite ! Il est dans sa bulle, il ne parle pas beaucoup. Les jours de compétition, moi je ne reste pas à la maison (rires). Je suis quelqu’un qui a besoin de beaucoup communiquer. Mais sinon c’est vrai qu’il est très posé dans la vie de tous les jours et je pense qu’il transpose toute sa hargne, propre au sport de haut niveau, sur la piste. C’est nécessaire !”