Nafi avait les larmes aux yeux en commentant son week-end: "Une blessure ne vous prévient pas…"
La Namuroise avait les larmes aux yeux en commentant son week-end.
- Publié le 24-06-2019 à 07h12
- Mis à jour le 24-06-2019 à 15h30
La Namuroise avait les larmes aux yeux en commentant son week-end. Après avoir bouclé ses deux tours de piste en 2:20.46 et ainsi totalisé 6 819 points pour remporter l’heptathlon de cette 43e édition du Décastar, à Talence, Nafi Thiam s’est rendue, comme convenu, en bout de ligne droite du 100 m.
Sous un soleil de plomb, une bouteille d’eau à la main, la Namuroise s’est pliée aux nombreuses sollicitations des médias et du public avec les larmes aux yeux face aux uns et le sourire aux lèvres pour les autres.
Nafi en avait gros sur le cœur depuis son deuxième essai au javelot, mesuré à 47,25 m alors qu’elle "vaut" normalement 59,32 m. À l’issue de celui-ci, notre championne a tout simplement quitté la piste du petit, mais très chaleureux, stade de Talence pour consulter le kiné qui lui a appliqué un énorme bandage afin qu’elle puisse quand même courir ce fameux 800 m final.
"Franchement, je n’avais plus envie de courir et j’ai beaucoup hésité à m’aligner. Puis, je me suis rendu compte que je pouvais encore réussir le minimum olympique et je me suis remotivée…"
Bien lui en a pris puisque Nafi a également inscrit son nom au palmarès de ce Décastar, n’échouant qu’à douze points du record détenu par une certaine Denise Lewis !
Et puis, surtout , en s’alignant sur ce 800 m, Nafi Thiam a validé tous ses records engrangés jusque-là : la hauteur, le poids, dès samedi, mais aussi la longueur, ce dimanche.
"Finalement, je suis fière d’avoir terminé ce Décastar, même si la compétition ne s’achève pas comme je l’espérais. Car, en fait, je suis triste ! Cette blessure au coude est venue tout gâcher…"
En athlète professionnelle qu’elle est, Nafi Thiam a répondu aux questions, mais son esprit ne pouvait s’empêcher de penser à ce coude et aux conséquences de cette blessure inopinée.
"Une blessure ne vous prévient pas… Ici, c’est le sport, c’est la vie ! En fait, j’avais déjà mal depuis les Interclubs, le 18 mai, à Gaurain. J’avais consulté le médecin et il n’avait rien décelé de grave, m’affirmant que je pouvais lancer ici, à Talence. Mais, dès l’échauffement, j’ai senti qu’il y avait un problème. C’est pourquoi je n’ai pas vraiment lancé avant le concours. Je n’ai rien ressenti au premier essai, ni même au deuxième. Ce n’est que quand je me suis dirigée vers Roger pour voir ce que je devais corriger que je me suis rendu compte que je ne pouvais plus plier le bras ! Là, j’ai compris que c’était terminé…"
Quittant la piste, le bras en écharpe, Nafi pleurait de douleur. Et, une fois son heptathlon terminé, elle se mit à penser à la suite, aux conséquences de cette nouvelle blessure.
"Ce n’est pas la première fois que je me blesse au coude. Ce fut déjà le cas en 2016, lors des Jeux de Rio. Et, visiblement, c’était moins grave qu’à l’époque… Mais il est évident que je n’avais pas besoin de ça ! Pendant un peu plus d’une journée, j’ai prouvé que j’étais bien revenue après ma déchirure au mollet datant du 7 janvier et voilà un souci en plus ! Je suis de nouveau partie pour des soins alors que je préférerais simplement m’entraîner."
Sans remuer le couteau dans la plaie, il est vrai que Nafi a signé des performances exceptionnelles à Talence, entre autres à la hauteur, samedi, et à la longueur, dimanche, où la stabilité de son pied d’appel, le gauche (blessé en janvier…), était impressionnante.
"Oui, tout se passait bien. J’étais bien physiquement et j’ai été très satisfaite de ma ‘perf’ à la longueur, surtout après avoir passé une mauvaise nuit. La veille, après la hauteur, j’étais très fatiguée parce qu’il y avait longtemps que je n’avais plus mis mon corps à si rude épreuve. C’est sans nul doute pourquoi j’ai mal dormi. Malgré quoi, j’ai pu enchaîner avec un record au poids et un honnête 200 m, face au vent. Sur cette distance, je joue décidément de malchance avec la météo…"
Mais voilà, après chaque phrase où elle tentait de positiver, Nafi était inexorablement ramenée vers ce coude meurtri.
"Dès mon retour en Belgique, je passerai les examens nécessaires pour avoir un diagnostic précis. Et je me soignerai. Puis, je poursuivrai ma préparation pour le Mondial, début octobre, à Doha."
Auparavant, Nafi passera encore un dernier examen, scolaire celui-là, pour terminer ses études supérieures.
Puisse-t-elle y trouver une forme de réconfort comme ce fut le cas avec son mollet meurtri en début de saison…