Attention, il y a danger: le conflit entre Jacques Borlée et la LBFA nous ramène cinq ans en arrière!
Pourquoi le relais 4x400m est (à nouveau) menacé à un an et demi des Jeux Olympiques de Tokyo.
- Publié le 08-03-2019 à 06h52
- Mis à jour le 08-03-2019 à 14h02
Un commentaire de Laurent Monbaillu.
Cette fois-ci, la hache de guerre est à nouveau déterrée. Officiellement du moins, après les sorties médiatiques récentes de Jacques Borlée et celle, ce jeudi soir, par communiqué, de la Ligue belge francophone d'Athlétisme.
En coulisses, les signes ostensibles d'incompréhension réciproque avaient en effet repris de plus belle depuis plusieurs mois. En cause : une histoire de primes non payées par la Fédération aux athlètes du relais 4x400m et dont les tenants et aboutissants ne sont connus que des seuls acteurs de ce dossier, en ce compris les médiateurs dont fait partie le Ministre francophone des Sports Rachid Madrane.
Ce climat délétère, basé sur des reproches tout à fait similaires à ceux ayant émané à l'époque des deux camps, nous ramène en fait un peu plus de cinq ans en arrière, lorsque les relations entre la famille la plus célèbre de l'athlétisme belge et sa fédération s'étaient rapidement détériorées. En novembre 2013, le conseil d'administration de la LBFA, peut-être échaudé par la passage d'Adrien Deghelt dans le groupe dirigé par le Bruxellois, avait ainsi voté à l'unanimité pour la destitution de Jacques Borlée en tant que coach du relais 4x400m, quitte à mettre fin à un projet fédérateur et pourvoyeur de médailles. Mais deux mois plus tard, la ligue flamande avait refusé d'apporter son soutien (indispensable vu que le relais est national) à son homologue francophone, arguant que les compétences de Borlée en tant que coach ne pouvaient être remises en cause. Et c'est sans doute plus vrai que jamais aujourd'hui !
À l'époque, déjà, il était question d'arriérés de paiements, d'une convention de fonctionnement entre la ligue et l'entraîneur et de différents blocages entre les deux parties. Dans un coup de sang mémorable au Mémorial Van Damme, Jacques Borlée s'était même dit prêt à "tout arrêter" ! En février 2014, Kevin et Jonathan Borlée avaient alors introduit une procédure en référé devant le Tribunal de première instance de Bruxelles, réclamant un montant de 48 000 euros correspondant à la rémunération de leur père pour l'année 2013. Déboutés deux semaines après les plaidoiries, les jumeaux claqueront ensuite la porte du relais 4x400m, le 31 mars 2014, au cours d'une conférence de presse organisée sur leur piste d'entraînement à Woluwe-Saint-Lambert, et annonceront renoncer à tout subside public. "Nous sommes peinés par le manque de considération et de respect à notre égard", déplorent-ils alors.
Il faudra attendre un petit mois pour qu'une solution soit trouvée suite à l'intervention du président du COIB, Pierre-Olivier Beckers, et la signature d'une convention de collaboration entre Jacques Borlée et la LBFA jusqu'à la fin de l'olympiade. Les deux parties annonçant, dans un communiqué commun, "vouloir se tourner vers l'avenir". Cette réconciliation publique ne tiendra guère longtemps : dès le mois de juillet, l'interdiction signifiée à Dylan Borlée de figurer dans la sélection pour le relais 4x400m de l'Euro fut très mal vécue par l'ensemble du groupe d'entraînement et par le célèbre coach. La blessure de Jonathan durant la compétition, comme un symbole du retour des crispations, n'arrangera évidemment rien à l'affaire.
Depuis lors, les tensions étaient latentes et voilà qu'aujourd'hui elles éclatent à nouveau au grand jour. Rien n'a donc vraiment changé ! Et dans ces conditions, on peut s'attendre à tout. Un ras-le-bol exprimé par les athlètes concernés, une décision radicale de la part de Jacques Borlée ou, espérons-le, l'arbitrage d'un "démineur" qui pourrait à nouveau être le président du COIB. Car à un an et demi des Jeux Olympiques de Tokyo, devant l'entêtement des uns et des autres, la situation est à nouveau explosive et le relais 4x400m, qui a valu tellement de satisfactions à notre pays, est en danger. Quel terrible paradoxe alors qu'il vient de nous rapporter deux médailles d'or européennes consécutives !