La métamorphose de Cynthia Bolingo
Un commentaire de Laurent Monbaillu.
- Publié le 02-03-2019 à 23h44
- Mis à jour le 02-03-2019 à 23h55
Un commentaire de Laurent Monbaillu.
À 26 ans, Cynthia Bolingo a décroché ce samedi soir, aux championnats d’Europe de Glasgow, la première médaille internationale de sa carrière. La médaille d’argent sur 400m, mais il s’en est fallu de bien peu - un écart infime d’un centième de seconde sur la Suissesse Léa Sprunger - pour que la course phénoménale de la nouvelle comète belge (51.62) ne se transforme en finale en véritable ruée vers l’or. De quoi entretenir, à chaud, "un sentiment mitigé" pour la sprinteuse bruxelloise, emportée dans un tourbillon d’émotions où la fierté et la satisfaction finirent par s’imposer naturellement.
"Je suis quand même vice-championne d’Europe, ma première médaille internationale, en plus chez les seniors. Franchement, je prends !" lance-t-elle. "Je m’étais dit que tout était possible, sans me focaliser sur une place, un peu à la manière dont j’ai abordé ces championnats en arrivant ici en Écosse. Je voulais être en phase avec moi-même, être tout le temps en contrôle et je ne voulais pas voir cette finale sous un angle différent des tours précédents. Cela m’a bien réussi !"
La spectaculaire progression chronométrique enregistrée cet hiver (elle pointait à 54.47 à l’aube de la saison), Cynthia Bolingo la doit avant tout à la maturité affichée ces derniers mois. Selon les mots de sa coach, Carole Bam, avec qui elle entretient une relation quasi fusionnelle, l’athlète a suivi une véritable métamorphose. "Avant, je devais sans cesse être derrière elle pour lui dire ce qu’elle devait faire, à présent elle fait tout toute seule dans l’approche de la compétition. Je vois une athlète qui a changé. Elle a eu un gros déclic et a gagné énormément en maturité."
Cataloguée très rapidement comme un grand espoir du sprint belge malgré un physique très frêle et des "jambes de poulet" comme elle s’amusait elle-même à le dire, Cynthia Bolingo a dû faire face aux blessures avant de prendre le dessus. Mais ses premiers résultats significatifs se feront attendre (élimination en séries sur 200m, son épreuve préférée, aux Mondiaux de Pékin en 2015 puis aux Jeux de Rio en 2016). La perte de son contrat d’athlète professionnelle, en décembre 2017, entraînera paradoxalement une remise en question salvatrice dont les effets se feront ressentir dès l’Euro de Berlin. "Le choc passé, je me suis demandée pourquoi je pratiquais ce sport, si c’était pour les autres, pour moi, pour ma famille, pour la reconnaissance. Je me suis rendue compte de tout ce que l’athlétisme m’apportait au quotidien et j’ai décidé de me battre."
Avec le fantastique résultat que l’on connaît aujourd’hui.