”En passant chez les lourds, j’ai dû changer toute ma garde-robe” : comment le boxeur Ryad Merhy gère sa préparation physique
Avant d’affronter l’Américain Jared Anderson, Ryad Merhy nous a ouvert les portes de la salle de musculation.
- Publié le 03-04-2024 à 15h03
Le 13 avril prochain, Ryad Merhy affrontera le grand espoir américain des poids lourds Jared Anderson (16 victoires, dont 15 K.-O., en 16 combats) à Corpus Christi, au Texas. Avant son départ pour les États-Unis, le boxeur de 31 ans (32 victoires, 2 défaites), qui reste sur une victoire convaincante contre Tony Yoka, nous a permis de suivre une séance de préparation en musculation.
”Aujourd’hui je suis devenu mon propre coach physique”, sourit l’ancien poids lourd-léger (-90,719 kg), passé dans la catégorie reine à l’été 2022. “J’ai acquis une certaine expérience au fil des années, je me renseigne encore à gauche à droite, mais je suis désormais mon propre programme de préparation physique.”
C’est à l’Ælite Club de Waterloo, où il nous reçoit, que le Bruxellois a mené sa préparation.
”Depuis ma défaite contre Kevin Lerena (NdlR : en mai 2023), je n’ai plus lâché, j’ai beaucoup travaillé notamment pour faire en sorte d’avoir plus d’appuis niveau des jambes, explique-t-il, entre deux séries de développé couché. La préparation avant le combat contre Yoka s’est super bien passée, j’ai vraiment continué sur ma lancée.”
Alors que sa préparation touche à sa fin, Ryad Merhy ne fait plus de musculation qu’une fois par semaine. “J’ai recommencé le travail de force environ cinq semaines avant d’attaquer les séances de sparrings (NdlR : huit ou dix rounds de simulation de combat). À présent, je ne fais plus de force, j’ai diminué l’intensité et je fais ce qu’on appelle un transfert, notamment à l’aide de médecine-balls, afin de rechercher de la vitesse.”
Si quelques tensions aux coudes l’ont un peu freiné pendant trois jours (”Je travaille ma défense et je fais donc beaucoup de blocages, j’absorbe les coups avec les bras et les mains”), Ryad Merhy s’estime quasiment au point.
J’ai augmenté mes performances en musculation de 10 à 15 %.
”Ces derniers mois, j’ai augmenté mes performances de 10 à 15 %, donc je sais que la forme est là, dit-il. Ce sont de bonnes indications. Mes records en musculation ? Je suis à 160 kg au bench press (développé couché), à 180 kg en full squat (flexion de genoux) et à 205 kg en dead-lift (soulevé de terre). Mais, dans ce dernier cas, je le fais trois fois, donc je peux sans doute aller un peu plus loin.”
La transformation physique de Ryad Merhy, ces dernières années, est assez spectaculaire. Plus robuste, plus compact, l’ancien cruiserweight, qui mesure 1,81m, a dû accepter cette évolution.
”J’ai gonflé de partout, j’ai même dû changer toute ma garde-robe !, rigole-t-il. Je n’ai plus les mêmes abdos qu’avant mais je suis plus solide.”
Un impératif chez les lourds. Surtout, il n’a plus le problème de faire la limite de poids, comme dans la catégorie inférieure, et donc de s’imposer un régime poussé.
”Je mange un peu ce que je veux, poursuit Merhy. Mais je dois quand même entretenir mon poids d’une certaine manière. Avant d’entamer les sparrings, j’étais à 108 kg et je perds du poids, donc je dois faire attention. Je suis à 105-106 kg et j’essaie de ne pas descendre en dessous.”
Son adversaire, Jared Anderson, devrait en effet monter sur le ring avec un poids de forme estimé à 110 kg. Comment notre compatriote va-t-il aborder ce combat ?
Si j'arrive à créer la surprise contre Anderson, ce serait la cerise sur le gâteau !
”Avec le même état d’esprit qu’avant Tony Yoka, répond-il. Comme je ne vise pas un classement dans cette catégorie, je vais essayer de performer sans prendre trop de risques. je pars là-bas pour prendre de l’expérience, passer un bon moment et pour créer la surprise. Si j’y arrive, ce serait bien sûr la cerise sur le gâteau !”
Un adversaire ambidextre
Ryad Merhy est bien conscient que le prometteur Américain partira favori mais il veut croire en ses chances.
”Oui, je pense qu’Anderson est prenable, lance-t-il. C’est un très bon boxeur, il est assez complet et, en tant que n°1 américain, il est en pleine ascension actuellement. Sa place dans le top 15 mondial le démontre. Il est moins grand que Yoka (NdlR : Anderson mesure 1,96 m), ce sera moins difficile a priori de casser la distance, mais il est plus complexe que Yoka au niveau de sa boxe. Ce qui m’embête le plus, c’est qu’il est ambidextre et je pense qu’il va travailler davantage en gaucher. Enfin, mentalement, il cogite aussi moins vu qu’il reste sur une belle série de victoires. Il est assez jeune, 24 ans, et un peu fougueux. Ce sera à moi de le faire douter et d’exploiter ses failles.”