Pari gagné pour Neuville
Mal embarqué, le pilote Hyundai (3e) s’est relancé grâce à un choix de pneus risqué.
- Publié le 14-09-2019 à 08h33
- Mis à jour le 14-09-2019 à 08h44
Mal embarqué, le pilote Hyundai (3e) s’est relancé grâce à un choix de pneus risqué. Si Thierry Neuville avait débuté idéalement jeudi soir avec un meilleur temps sur la digue de Marmaris, le Rallye de Turquie n’a pas tourné en sa faveur, il est septième seulement à l’issue de la première boucle de vendredi matin.
Et, comme souvent, notre compatriote ne comprenait pas réellement les raisons de ce nouveau "faux départ", pourquoi il a perdu autant de temps (plus d’une demi-minute) lors des deux premières spéciales sur une terre très rocailleuse.
"On doit analyser toutes les données, mais ce n’est effectivement pas la première fois que je suis cueilli à froid par Ott (Tanak) s’élançant devant moi et cela en devient inquiétant" , expliquait le pilote Hyundai au terme de la première étape. "Dans ces conditions, avec seulement une auto faisant la trace devant moi, je n’avais aucun grip."
Il faut préciser que l’Estonien avait pris le risque de ne partir qu’avec une roue de secours contre deux pour tous les autres concurrents WRC. "C’est lourd à porter, cela à l’effet d’un sac à dos, surtout sur notre auto qui est déjà plus longue que la Toyota" , racontait l’équipier Nicolas Gilsoul, précisant encore : "Notre choix de pneus n’était sans doute pas le meilleur."
Un refrain déjà entendu quelques fois cette année.
Heureusement , celui de l’après-midi allait se révéler nettement plus judicieux et permettre à l’équipage belge de remonter d’un coup à la 3e place, à 18.4 du leader Esapekka Lappi, bien avantagé par sa 9e position sur la route, mais surtout à 7 dixièmes de S éb astien Ogier. "Nos responsables météo nous annonçaient des averses pour la longue spéciale de 38 km. On a donc pris le risque de partir avec deux pneus médium plus tendres. C’était quitte ou double. Mais on a finalement gagné notre pari. Quand j’ai vu les gouttes tomber sur mon pare-brise à 10 km de l’arrivée, j’étais soulagé. Je voyais les traces de Ott de plus en plus larges et je me suis forcé à rester propre. Cela a été chaud quelques fois. J’ai sorti la grosse attaque, comme Ogier ici l’an dernier. Avec les ornières et le sol plus dur en dessous, nous avons trouvé de la motricité."
Auteur de son 2e scratch sur cette épreuve, Thierry frappait un grand coup en reprenant 7.6 au leader Esapekka Lappi, 10 à Sébastien Ogier et 38 à Teemu Suninen, quatrième. De quoi le faire bondir de quatre places au classement général et le relancer dans la course pour la victoire. "Ne nous emballons pas" , s’exclamait prudemment le Saint-Vithois. "L’an dernier, j’étais en tête le vendredi soir et, samedi, c’était terminé. C’est un rallye très cassant et il faut d’abord garder l’auto en un seul morceau. Maintenant, je vais bénéficier d’une bien meilleure position sur la route et je sais que la Hyundai va du coup mieux fonctionner. Je reste donc confiant. On repart quasi à zéro avec Se b , Esapekka (Lappi) n’est pas trop loin et Ott (Tanak) par contre est bien derrière."
Ce Rallye de Turquie est encore loin d’être terminé. Et Thierry Neuville est toujours en position de pouvoir l’emporter et de reprendre des gros points au leader du championnat.
Sébastien Ogier: "Rester devant Thierry"
On n’en était certes qu’à la première grosse moitié du rallye en termes de kilométrage (161 km parcourus pour encore 149 à boucler ce week-end) mais, comme le disait très bien Sébastien Ogier, "cela fait longtemps qu’on n’a plus vu deux Citroën en tête à l’issue d’une étape".
Une première pour les C3, avec un Esapekka Lappi profitant parfaitement de sa 9e position sur la route pour faire la différence et mener avec une bonne avance malgré un seul meilleur temps dans la 3e spéciale. "C’est vraiment cool de me retrouver ainsi en tête" , souriait le sympathique jeune Finlandais. "Cela dit, 17 secondes, c’est beaucoup en Finlande, mais peu ici. Même une minute n’est pas suffisante pour être rassuré sur un terrain aussi miné. Ma position de départ sera quasi identique ce samedi et je vais essayer de continuer sur le même rythme, en évitant surtout les tracas."
Retardé le matin par une crevaison lente, Sébastien Ogier se disait plutôt satisfait de cette première étape. "Compte tenu de notre position sur la route, je peux effectivement m’estimer heureux" , avouait le sextuple champion. "Cela va aller nettement mieux samedi. Notre objectif reste le même : gagner. On a besoin de gros points. Voir les Toyota et Ott derrière est une bonne chose pour nous. On doit en profiter pour se relancer."
Avec son équipier devant, prêt le cas échéant à se sacrifier, "S e b" Ogier aura pour seule mission aujourd’hui de garder notre compatriote derrière. "Oh, il n’y a que les Belges pour déjà penser à d’éventuelles consignes à ce stade du rallye ! Mon but est d’aller chercher la première place à la régulière. À positions sur la route comparables, je devrais pouvoir reprendre du temps à mon équipier. Eh oui, pour décrocher la victoire, il va falloir rester devant Thierry."
Ce matin, 7 dixièmes à peine séparaient le Français de son grand rival belge.