Craig Breen : "J'espère encore devenir champion du monde des rallyes"
Entretien exclusif avec l'Irlandais, futur équipier de Thierry Neuville et favori du Ypres Rally démarrant cette fin d'après-midi.
- Publié le 28-06-2019 à 19h55
- Mis à jour le 28-06-2019 à 19h56
Entretien exclusif avec l'Irlandais, futur équipier de Thierry Neuville et favori du Ypres Rally démarrant cette fin d'après-midi
Craig, il y a deux ans et demi, juste avant votre victoire au Rallye du Condroz, nous avions eu l'occasion de monter à vos côtés dans la Citroën DS3 WRC et vous nous aviez déclaré que vous alliez devenir champion du monde des rallyes, qu'on pouvait l'écrire. Vous vous en souvenez ?
« Oui tout à fait. »
Et qu'en est-il aujourd'hui ? « Je suis toujours persuadé que je peux y arriver. Je n'ai que 29 ans, c'est encore jeune pour le WRC. »
Mais tout n'a pas fonctionné selon le plan avec Citroën... Pour quelle raison à votre avis ?
« Cela a effectivement été compliqué ces deux dernières années car nous n'avions pas le meilleur package avec la C3 WRC, une voiture difficile à piloter, qui ne m'a jamais réellement convenu. Des pilotes expérimentés comme Ogier, Loeb ou Meeke ont néanmoins réussi à signer des résultats, mais c'est très difficile pour des jeunes comme Stéphane Lefèbvre ou moi. Regardez encore ce qui arrive à Esapekka Lappi cette année. Je suis désolé pour lui. »
Vous avez été choqué quand Citroën vous a informé fin 2018 qu'elle mettait fin à votre collaboration et vous remplaçait par le Finlandais Lappi, un pilote de votre génération, avec moins d'expérience encore que vous ?
« Oui j'ai été surpris car je pensais avoir fait du bon boulot quand même... »
Vous avez essayé de rebondir en WRC durant l'hiver dernier ?
« Bien sûr que j'ai frappé à toutes les portes. Mais cela n'était pas facile. Il y aurait une opportunité chez Ford mais même si je suis bon copain avec Malcolm Wilson il fallait amener de gros budgets que je n'avais pas. Et de toute manière, je ne voulais pas commencer à payer pour rouler. J'estime avoir assez prouvé. Sinon, on vous demande toujours des budgets. Je ne veux pas devenir comme certains... »
Vous vous êtes alors rabattu sur des rallyes nationaux en R5 ?
« J'ai effectivement été invité à gauche à droite. Et j'ai retrouvé le véritable plaisir de rouler, de me battre pour la victoire, les choses qui m'ont fait aimer le rallye, pas la politique interne. Ypres est mon 8e rallye. J'en ai disputés deux en Italie dont le Sanremo que j'ai gagné avec la Skoda et cinq en Irlande, quatre avec la Fiesta R5 et le week-end dernier au Donegal en Ford WRC. »
Et ici vous découvrez une nouvelle R5, la Polo. Encore sur invitation des organisateurs ?
« Oui, cela fait des années qu'Alain Penasse essayait que je revienne à Ypres. Mais cela ne s'était jamais mis. Cette fois, il m'a dit que je n'avais aucune excuse. »
Que pensez-vous de la Volkswagen ? Vous l'avez découverte ce lundi en tests ?
« Sur l'asphalte oui car j'avais déjà eu l'occasion d'effectuer des tests sur terre il y a quinze jours pour VW Motorsport. C'est clairement la meilleure des R5 actuelles, c'est certain. Tout est un peu mieux, le châssis, le moteur, les suspensions. »
C'est déjà votre quatrième participation à Ypres mais vous n'avez jamais gagné...
« Non, la première année en championnat d'Europe avec la Peugeot en 2013, j'ai terminé sur le podium. Et en 2015, j'ai mené quasi tout le rallye avant de casser une pompe à eau. »
Vous partez favori donc cette année ?
« Je suis venu pour gagner, c'est sûr. Maintenant, je connais tout de même moins le parcours que tous ceux qui ont disputé les dernières éditions. »
Vous craignez les crevaisons dans les cordes ?
« Non, pas spécialement. »
Vous vous êtes entraîné pour changer rapidement une roue ?
« Non, de toute manière si on crève c'est terminé pour le podium. Donc comme on ne dispute aucun championnat, j'ai dit à Bernard Munster que si je crevais qu'il me retrouve directement au bar. »
Vous avez déjà l'expérience de la victoire en Belgique...
« Oui le Condroz 2016, un des meilleurs souvenirs de ma carrière. Il règne là-bas une ambiance vraiment spéciale. Et la fête après le rallye avait été mémorable. »
La grande nouvelle pour vous cette semaine c'est votre nomination en Finlande comme 3e pilote Hyundai aux côtés de Thierry Neuville et de Andreas Mikkelsen. Depuis quand le saviez-vous ?
« Une quinzaine de jours.Le secret a bien été gardé. Cela a été un soulagement. Je tenais absolument à avoir une seconde chance en WRC. J'espère vraiment que cela va me permettre de me relancer, de prouver ce que je vaux vraiment. »
Quel y sera l'objectif ?
« Ramener des points pour Hyundai. C'est pour cela qu'ils ont fait appel à moi. Maintenant j'espère que l'auto va me convenir. Je vais la découvrir samedi prochain en Finlande lors des tests. J'ai signé un podium dès mon 3e rallye WRC là-bas. Mais après, avec la C3, je n'ai jamais plus rien fait de bien. Il faut être en confiance pour aller vite là-bas. »
L'idéal ce serait quoi ?
« Que ma prestation leur donne envie de retravailler avec moi dans le futur. Ou que cela m'apporte d'autres options en WRC pour le futur. »
Vous partirez loin sur la route, un avantage ?
« Petit oui, mais pas comme en Sardaigne. »
Avant la Finlande, vous aurez l'occasion de disputer le rallye d'Estonie avec la Hyundai
« Exact, l'idéal pour se remettre en jambes. Même si je sais que ce ne sera pas facile. Je ne m'attends pas à un miracle non plus, d'autant que ce n'est pas le rallye où la Hyundai a le mieux marché ces dernières années. »
Votre programme 2019 s'arrête après la Finlande ?
« Pour l'instant, oui. Mais j'espère que quelques projets vont se concrétiser. Que je pourrai au moins être au départ du Wales Rally GB. J'aimerais aussi pouvoir encore disputer au moins une épreuve en Irlande afin de coiffer la couronne. C'était un de mes rêves de gosse d'être sacré champion d'Irlande. Bon, ce n'est pas encore champion du monde, mais cette année je saurais m'en contenter. »