F1 et MotoGP sous le même toit : le pari risqué de Liberty Media
En rachetant le fleuron des deux-roues, le groupe américain s'aventure sur un terrain miné.
- Publié le 02-04-2024 à 08h47
En rachetant la Dorna qui promeut le MotoGP mais aussi le Moto2, Moto3 ou encore le WSBK, Liberty Media a déboursé 4 milliards de dollars et concrétise un vieux fantasme : mettre le nec plus ultra des compétitions sur deux et quatre roues sous le même toit.
Les Américains arrivent en conquérants après avoir transformé en sept ans la Formule 1 en un véritable rouleau-compresseur plus populaire, plus rentable et plus bankable que jamais. Ils ont donc la ferme intention d'appliquer les mêmes recettes du succès. "Nous allons faire la synthèse de ce que nous avons découvert avec la F1 et nous allons l’utiliser pour augmenter rapidement la base de fans du MotoGP", précise Greg Maffei, PDG de Liberty Media. "Nous avons eu du succès avec Netflix mais aussi en ouvrant la F1 sur les réseaux sociaux. Nous voulons également augmenter l’expérience pour les fans sur place, changer la perception du sport. C’est un sport incroyable, les fans actuels le savent, mais nous voulons le montrer à plus de monde, comme nous avons fait avec la F1".
Un chantier périlleux
De fait, Liberty Media a du pain sur la planche. Si le MotoGP est populaire en étant porté par de fortes personnalités, il peine à attirer les gros annonceurs à l'exception de Red Bull, Monster ou encore Lenovo. De plus, la société Dorna Sports est déficitaire à hauteur de 7,8 millions sur l'exercice 2022. Enfin, les fans actuels du deux-roues sont des motards purs et durs, à mille lieues des nouveaux spectateurs parfois "culture-confiture" que la F1 a séduit depuis 2017 grâce, entre autres, à la série Drive to Survive. Sans oublier ouvrir un championnat centré sur l'Europe et l'Extrême-Orient vers le continent américain.
Il ne suffira pas de dupliquer ce qui a déjà été fait en F1.
De là à tout chambouler pour brasser rapidement du blé ? Ce n'est pas encore à l'ordre du jour avec une transition en douceur en gardant Carmelo Ezpeleta comme G.O ainsi que le siège madrilène de la Dorna. Bien qu'auréolé de son triomphe sur la F1, Liberty évoluera sur un fil au cours des prochaines années. "Le MotoGP sera boostée grâce aux Américains, mais il a des caractéristiques bien différentes de celles de la F1", averti Gino Borsoi, patron du team Pramac. "Il ne suffira pas de dupliquer ce qui a déjà été fait. Ils doivent comprendre ce dont la discipline a réellement besoin".
Des passerelles seront inévitablement lancées entre la F1 et le MotoGP, et d'aucuns imaginent déjà un meeting commun pour les deux championnats. Ce qui promet d'être un sacré Tetris, tant les deux sont de véritables barnums.