Quartararo, itinéraire d’un enfant doué
À 22 ans, Fabio Quartararo devient champion du monde après un début de carrière mouvementé. Portrait.
- Publié le 25-10-2021 à 07h38
- Mis à jour le 25-10-2021 à 14h58
La moto, Fabio Quartararo est tombé dedans quand il était tout petit. Né à Nice le 20 avril 1999, sa maman, Martine, coiffeuse, et son papa, Étienne, serrurier, sont des adeptes du deux-roues. Étienne a été champion de France 125 cm³. Très jeune, il reçoit donc une PW, mini-moto de marque Yamaha.
Le gamin a manifestement du talent, ses parents l’inscrivent dans le championnat d’Espagne, quitte à faire les trajets les week-ends de course. Cela paie : Fabio remporte les titres en 70 cm³, 80 cm³. À 13 ans, il s’installe à Alicante, chez son manager de l’époque, et remporte alors, à deux reprises, le prestigieux championnat Repsol CEV, où ses concurrents lui donnent son surnom : El Diablo. Quartararo restera comme le plus jeune vainqueur de cette compétition.
Des titres qui lui ouvrent la porte du championnat du monde Moto3, à l’âge de 15 ans, une ascension permise grâce à une modification du règlement faite pour lui. La voie semble alors toute tracée pour ce surdoué de la moto mais les choses se compliquent. Ses deux premières saisons, 2015 et 2016, sont décevantes. Il termine 10e et 13e, et ne signe que deux podiums. En 2017, il accède au Moto2 mais les résultats ne sont pas meilleurs : 13e pour sa première année et 10e pour la seconde avec tout de même une victoire et un podium.
Simple, facilement blagueur, Fabio Quartararo a l’intelligence de s’entourer d’un nouveau manager, Eric Mahé. L’homme flaire le bon coup : L’équipe malaisienne "Sepang International Circuit", active en Moto3 et Moto2 pour promouvoir les pilotes malaisiens, monte en MotoGP en 2019 et cherche des pilotes. SRT n’a pas pensé à Quartararo, mais Mahé parvient à y installer son poulain.
La suite est connue. El Diablo fait immédiatement parler sa pointe de vitesse avec sept podiums et six poles. En 2020, on dénombre les trois premières victoires mais beaucoup d'inconstance. Le Niçois en veut trop et commet trop de fautes. Mais son talent est incontestable. Yamaha l'engage en lieu et place de Valentino Rossi. Dès sa troisième saison, Quartararo a remporté le titre avec cinq victoires et cinq podiums. Mieux, le Français a inscrit des points à toutes les courses. "Je ne sais pas quoi dire", déclarait Fabio, en larmes, dans le parc fermé. "Je comprendrai sans doute mieux demain, mais c'est un rêve qui se réalise aujourd'hui."
Un rêve de gosse.
Une couse folle
Parti 15e alors que son rival au championnat, Francesco Bagnaia, s’élançait de la pole position, décrocher le titre à Misano s’annonçait improbable pour Quartararo. Le Français avait d’emblée annoncé qu’il visait plutôt le Portugal, dans deux semaines, pour décrocher le Graal. Bagnaia s’est rapidement isolé en tête devant Miller et Marc Marquez. Les données étaient claires. Avec 52 points de retard, Bagnaia devait terminer sur le podium devant Quartararo.
Cela semblait bien parti à condition de ne pas faire de faute. Quartararo est remonté, méthodiquement mais lentement, pour revenir 5e après vingt tours. On pensait que la messe était dite, avec plus de huit secondes de retard sur Oliveira, 4e, et sept tours restants. Peu probable qu’El Diablo réussisse à combler l’écart.
Et puis, coup de théâtre : chute d’Oliveira et chute de Bagnaia. Marquez avait la piste dégagée vers une troisième victoire cette saison devant son équipier Pol Espargagro. Quartararo héritait du podium et du titre. Finalement, Bastianini a pris la troisième position mais peu importe pour le Niçois sacré dès sa troisième saison en catégorie reine…
L'avis de notre consultant, Xavier Siméon: "Un titre mérité à 1 000 %"
Ce n’était qu’une question de temps. Quartararo allait être champion du monde, tant il a été fort cette saison. Dimanche, les circonstances ont été dans son sens avec la chute de Bagnaia. Mais l’Italien n’a rien à se reprocher. Ce virage 15 est horrible. Tu tombes sans rien faire, parce que c’est un gauche après six virages à droite, du coup le flanc du pneu est froid. Mais Fabio aurait gagné de toute façon. En remportant des points à chaque Grand Prix, il a montré qu’il était le patron. Mentalement, il a énormément progressé. Ajoute à cela un pilotage exceptionnel, rapide, fluide, agressif mais sans jamais être en vrac; c’est très beau à voir. Au niveau personnel, on se connaît un peu, depuis longtemps. Depuis qu’il habite à Andorre, on se voit parfois dans un resto où on sert des petits déjeuners. On s’entend bien, sans être amis. Il est assez sympa mais depuis que sa notoriété a explosé, il est plus froid. Normal, il faut se méfier des vautours.