Marc Marquez, une nouvelle légende qui peine à séduire
L’Espagnol accumule les titres mais il ne parvient pas à séduire.
- Publié le 15-11-2019 à 15h42
L’Espagnol accumule les titres mais il ne parvient pas à séduire. Marc Marquez achève une saison quasi parfaite. En dix-huit Grands Prix, l’Espagnol a signé onze victoires et six deuxièmes places, seul le Grand Prix d’Austin lui a échappé, et il reste encore une manche à Valence à disputer. Difficile de faire mieux. Une domination qui a commencé le jour même de son arrivée en catégorie reine puisqu’il a été champion du monde dès sa première saison, et la suivante aussi. Dans l’ensemble de sa carrière, le Catalan a été sacré six fois en sept saisons, une domination sans partage.
Une ère nouvelle
Lassants, ces titres à répétition ? Peut-être à court terme, mais dans l’absolu il faut plutôt s’en réjouir. Quel talent. Quel pilote. Un gars rapide dans n’importe quelles circonstances. Qui se couche sur le sol comme personne ne l’avait jamais fait avant lui - à Philip Island, le Catalan a pris 70,8° d’angle sur sa machine - et qui est occupé à battre tous les records comme Agostini, Doohan et Rossi l’avaient fait avant lui. Nous avons le privilège de vivre cela en direct, de voir l’Espagnol repousser les limites à chaque Grand Prix et d’imprimer une marque indélébile dans l’histoire de la vitesse pure. Dans vingt ans, on pourra dire qu’on a vu rouler Marquez et que c’était drôlement impressionnant.
Chasse aux records
À 26 ans, Marc Marquez a encore de belles années devant lui et peut envisager de battre presque tous les records. Dès 2020 il pourra en viser deux : les 68 victoires de Giacomo Agostini, le pilote le plus titré de tous les temps (Marquez compte actuellement 55 succès) et les sept titres mondiaux de Valentino Rossi. En 2021, il pourrait viser les huit titres en catégorie reine d’Agostini. Les quinze titres du Roi Ago, toutes catégories confondues, sont inaccessibles puisqu’on ne roule plus que dans une discipline à la fois et les 89 victoires de Rossi en MotoGP sont encore loin. Marquez est occupé à se construire un palmarès historique et renverse tout sur son passage. D’où une certaine impopularité parce qu’il est contemporain de Valentino Rossi, la légende par excellence, le pilote le plus populaire de l’histoire, celui qui a fait de la moto un sport mondial. Aujourd’hui Marquez devient celui qui a fait tomber "Dieu", au propre comme au figuré, et ça, le public ne le lui pardonne pas.
Imbattable Marquez ?
Non. Cette année Rins, Petrucci, Dovizioso et Viñales l’ont battu en course et Quartararo l’a, lui, battu en qualifications. Triple vice-champion du monde Dovizioso est l’adversaire le plus coriace de l’Espagnol, mais il est bien aidé par sa surpuissante Ducati et cette saison il ne s’est imposé que de quelques millièmes de seconde dans le dernier virage. Ceux qui semblent les plus à même de battre le pilote Honda sont Quartararo, lorsqu’il aura un peu d’expérience, et Maverick Viñales, le seul qui ait infligé deux vraies défaites au n° 93 et qui ne demande qu’une machine plus rapide pour lui contester le titre. La Yamaha est dix kilomètres/heure plus lente que la Honda.
Un pilotage hors norme
La force de Marquez, c’est sa capacité à aller à la limite. Jusqu’à l’an dernier, il tombait beaucoup aux essais, 23 fois en 2017 et 27 fois en 2018. Une approche extrême mais qui lui permet de savoir exactement jusqu’où il peut aller. De plus, l’Espagnol est celui qui est le plus couché sur sa machine, position qui lui a permis de développer une technique de sauvetage avec le coude. Ajoutons-y une régularité exemplaire, s’il ne peut pas jouer la victoire. Marc sait désormais se contenter d’un podium, une combinaison quasiment imbattable tant que les Yamaha et Ducati n’auront pas progressé.