"Totalement satisfait quand Stoffel sera en F1"
Entretien avec Geoffroy Theunis, le patron du RACB National Team, avant la traditionnelle remise des RACB Awards, ce jeudi soir, dans l’auditorium du Heysel.
- Publié le 16-12-2015 à 16h41
- Mis à jour le 17-12-2015 à 15h04
Entretien avec Geoffroy Theunis, le patron du RACB National Team , avant la traditionnelle remise des RACB Awards , ce jeudi soir, dans l’auditorium du Heysel. Lorsqu’il a créé le RACB National Team en 2008 pour aider les jeunes Belges à gravir les marches vers les sommets, Geoffroy Theunis ignorait sans doute qu’il serait à la base des carrières de nos deux plus grands ambassadeurs mondiaux : Thierry Neuville , dont il est devenu le manager personnel, et Stoffel Vandoorne frappant bruyamment aux portes de la F1.
Geoffroy Theunis, quelle cote donneriez-vous à Stoffel à l’issue de la saison 2015. 19 sur 20 ?
"Non, moi je lui mets le maximum. Vingt sur vingt. Il a accompli une saison extraordinaire en dominant la GP2 comme jamais, en décrochant sept victoires et tous les records. J’ai vibré en suivant la majorité de ses courses en streaming . Nous en sommes particulièrement fiers car c’est un pur produit de la filière RNT qui a débuté sa carrière en remportant un de nos volants et qui y est arrivé sans fortune familiale."
Cela dit, malgré ses titres et ses victoires, il n’y est pas encore tout à fait en F1…
"Grâce à McLaren, il y a déjà un pied; mais je ne serai totalement satisfait que quand il aura les deux et sera au départ de son premier GP. C’est une question de temps. Si ce n’est pas en 2016, ce sera assurément en 2017. Je suis convaincu à 100 % qu’il y arrivera même si, hélas ! le talent n’est plus la priorité en F1. Il le mérite, il a sa place et quand il aura l’occasion de disputer des courses il fera parler de lui, vous verrez. Aujourd’hui, on ne peut plus faire grand-chose pour lui, mais on continue néanmoins à le soutenir. C’est d’ailleurs très apprécié chez McLaren. Et ce sera le cas jusqu’au jour où il aura le statut de titulaire en F1. Notre mission sera alors réellement accomplie."
Il n’y a pas de grand suspense pour le RACB Driver of The Year cette année ?
"Ah! non, aucun je dirais même. Il n’y aurait même pas eu besoin de vote."
Par contre, Stoffel ne s’est pas retrouvé dans les trois derniers nominés pour le titre de Sportif belge de l’Année . Une petite déception ?
"Non cela ne m’étonne pas. Le sport auto n’a pas toujours la place qu’il devrait avoir parmi les autres sports, mais cela changera vite une fois qu’il se retrouvera en F1. On entrera dans une autre dimension. Beaucoup de monde voudra être sur la photo avec lui."
Maxime Martin reste une valeur sûre du RNT aujourd’hui ?
"Tout à fait. Cela fait déjà quatre ans qu’il nous a rejoints et cela me fait super plaisir. C’est une belle locomotive. Il a encore remporté une course cette année en DTM et contribué au titre constructeurs de BMW. Pour nous, il est primordial que nos nouvelles recrues puissent côtoyer des pilotes au sommet de la pyramide. Maxime est un bel exemple de réussite pour les jeunes."
Vous avez par contre connu moins de réussite avec l’espoir du rallye Gino Bux, débarqué à mi-saison. À qui la faute ?
"Il s’agit d’un échec collectif. Il y a toujours du positif à retirer même si l’on est triste que l’histoire se soit terminée, mais nous avons des impératifs d’excellence. Pour sa deuxième saison, il y avait des objectifs fixés et Gino ne les a pas atteints. On voulait viser le titre de champion d’Europe junior. Et après Ypres, ce n’était mathématiquement plus possible. On en est donc restés là."
Qu’a-t-il manqué à Gino ?
"Nous avions des objectifs ambitieux avec lui. Il roulait dans un bon contexte, mais après une bonne première saison, il n’a pas réussi à confirmer, à passer à l’échelon supérieur. Peut-être qu’il gérait mal la pression. Je ne veux pas lui jeter la pierre ni remettre le système de sélection en cause. Maintenant peut-être que lors du prochain volant rallye, on en tirera les conséquences en offrant un programme moins ambitieux. On ne peut pas sortir un futur champion du monde tous les trois ans."
Comment jugez-vous la première saison en monoplace du lauréat du volant RNT Dries Vanthoor ?
"Prometteuse. Suite à l’annulation du championnat, il a dû débuter directement en FR2.0 plutôt qu’en FR1.6 et a montré de très belles choses, remportant notamment sa première course. On espérait pouvoir viser le titre en Eurocup l’an prochain avec lui. Malheureusement, il a décidé de changer d’orientation et de quitter le RNT . Avec son entourage, il a estimé qu’il ne valait plus la peine d’investir dans la monoplace. Je trouve cela regrettable. Je suis déçu, mais je respecte son choix et lui souhaite bon vent pour la suite de sa carrière."
Pourquoi ne pas continuer à le soutenir en GT ?
"Parce que ce n’est pas la mission pour laquelle il avait été choisi."
Sera-t-il remplacé éventuellement par un autre jeune en monoplace ?
"Non. Il faudra attendre notre prochaine sélection via un volant."
Voilà ce qui arrive quand on aide un pilote qui n’en a pas réellement besoin vous rétorqueront vos détracteurs ?
"La fortune de papa et de maman ne fait pas partie de nos critères de sélection. Tout le monde a ses chances. Le plus riche comme le plus pauvre. Le seul paramètre qui compte est le talent. Et ce jour-là à Zolder, Dries était le meilleur."
La fête à Stoffel
Il n’y aura aucun suspense, ce jeudi soir dans l’auditorium du Heysel, lors de la traditionnelle remise des prix de la Fédération, les RACB Awards. Titre honorifique le plus convoité des pilotes belges, le Driver of the Year reviendra, pour la troisième fois déjà, à Stoffel Vandoorne. Il lui sera décerné conjointement par le président François Cornelis mais aussi par Jacky Ickx, le plus grand pilote belge de tous les temps à qui Stoffel a succédé au palmarès de l’antichambre de la F1.
Quarante-huit ans séparent la couronne en F2 de notre vice-champion du monde de F1 alias Monsieur Le Mans du sacre du Flandrien cette saison en GP2. Deux nouveaux records de sept succès et seize podiums en une saison, près du double de points de son plus proche poursuivant, le pilote du McLaren Jr Team a dominé comme jamais la discipline. Il a clairement son ticket F1 en poche. Reste juste à attendre son tour. Au pire encore un an…
Ambassadeur des 3.500 licenciés belges du Royal Automobile Club de Belgique, Stoffel ne sera pas le seul à monter sur la scène lors de cette soirée de gala. Tous les champions de Belgique dans les nombreuses catégories seront mis à l’honneur. Et l’on connaîtra les noms des dauphins de Vandoorne. Si Thierry Neuville, lauréat en 2013 mais auteur cette année d’une saison en demi-teinte, brillera par son absence, un autre membre du RACB National Team, Maxime Martin, fait partie des nominés, au même titre que Wolfgang Reip. Mais une victoire en DTM et un titre en Blancpain Endurance Series n’auront pas suffi cette année pour décrocher la timbale…
"Personne ne sait où Neuville roulera en 2017"
En plus de son rôle de papa du RACB National Team , Geoffroy Theunis est également devenu, voici quelques années, le manager de l’une des anciennes figures les plus emblématiques du RNT , l’un des pilotes passés du statut d’amateur à celui de professionnel au plus haut niveau, T hierry Neuville .
Geoffroy, comment jugez-vous la saison 2015 de Thierry ?
"Personne ne s’en cache, cela a été très difficile, tant dans la voiture qu’en dehors. On attendait la nouvelle auto pour mi-2015 au plus tard. Ses débuts ont été reportés et Thierry, impatient, n’en a pas fait son deuil. Je dirais, au final, que les torts sont partagés. Chacun a critiqué l’autre et ce n’était pas la bonne chose à faire. Maintenant, il faut tourner la page et oublier cette saison au plus vite."
Avez-vous envisagé un instant de quitter Hyundai ?
"Non, jamais. Nous avons signé un contrat de trois ans et il n’a jamais été question de le casser, ni d’un côté ni de l’autre d’ailleurs."
Qu’attendez-vous de la saison 2016 ?
"J’espère revoir le Thierry brillant et meneur d’hommes de 2013 et 2014. Il doit retrouver son statut de leader incontesté dans le team . La Hyundai New Generation qui semble bien née devrait l’y aider. Je le ressens super motivé, impatient de débuter au Monte-Carlo ."
Si Hyundai n’est pas en mesure de gagner en 2016, irez-vous voir ailleurs ?
"Personne ne sait aujour- d’hui où Thierry roulera en 2017. Même pas lui-même. Tout reste ouvert avec la fin de notre contrat, le début d’une nouvelle ère, l’arrivée d’un nouveau constructeur et le retour officiel de Citroën. Pour l’instant, la priorité, c’est 2016, réussir sa saison, montrer ce dont il est capable. Après, ce sera un problème de luxe. Mais je le répète, toutes les options sont possibles, y compris bien sûr celle de rester si cela marche comme on le souhaite."
Yves Matton, patron de Citroën Racing, vous a récemment fait un sérieux appel du pied. Qu’y répondez-vous ?
"C’est un compliment très flatteur d’entendre que Citroën voudrait s’assurer les services de Thierry en 2017 malgré cette mauvaise dernière demi-saison. Cela prouve qu’il a toujours la cote. Yves connaît très bien le métier. C’est quelqu’un sur qui l’on peut compter pour viser un titre de champion du monde qui reste l’objectif de Thierry. Mais, je le répète, il est aujourd’hui prématuré de parler de Citroën. On a encore un bout de chemin à faire avec Hyundai et aucun préaccord n’a été passé."