Stéphane Prévot, rapatrié du Dakar cette nuit, critique l'organisation: "Un milieu de bourrins"
Pas trop gravement touché (3 vertèbres fracturées quand même), l'équipier hutois critique l'organisation du raid, « un milieu de bourrins »
- Publié le 18-01-2019 à 20h19
- Mis à jour le 18-01-2019 à 20h20
Pas trop gravement touché (3 vertèbres fracturées quand même), l'équipier hutois critique l'organisation du raid, « un milieu de bourrins »
Alors que d'un côté son voisin et ami Jean-Marc Fortin, patron de l'équipe Toyota Overdrive, est revenu en première classe avec le plus beau trophée de vainqueur en supplément bagages, Stéphane Prévot a été rapatrié ce jeudi soir après sa cabriole à deux jours de l'arrivée du Dakar. Son état de santé n'est heureusement pas préoccupant.
« Je souffre d'une fracture de trois vertèbres, les L1, L2, L3, » nous a-t-il expliqué par téléphone depuis son lit d'hôpital à Lima. « C'est douloureux forcément. Je carbure aux anti-douleurs et c'est donc supportable. Heureusement, il n'y a pas eu de déplacement. La moëlle épinière n'a pas été touchée et cela n'a donc pas nécessité d'opération chirurgicale. Je peux déjà me tenir debout dix minutes toutes les heures. Je vais être rapatrié ce soir. Il va me falloir dix à quinze jours de repos. J'ai dû déclarer forfait pour les Legend à Bastogne ce qui ne me fait pas pleurer car cela fait quelques années que ce rallye m'énerve. Par contre, je devrai être remis sur pied pour entamer la saison belge des rallyes modernes à Landen avec Vincent Verschueren. »
Cet accident doit lui rappeler celui du Kenya il y une vingtaine d'années aux côtés de Bruno Thiry. « Oui, mais en moins violent car on allait nettement moins vite. Mais dès que cela a tapé, j'ai su ce que j'avais. »
Dans quelles circonstances cela s'est-il passé ? «L'accident typique du Dakar et de ce type de course. J'étais plongé dans mes instruments de navigation. On évoluait dans la poussière d'un concurrent qu'on rattrapait. On ne voyait rien. La saignée n'était pas renseignée. On serait passé à cinq mètres à gauche ou à droite et il ne serait rien arrivé. On ramenait tranquillement l'auto. On roulait à 70% car on pointait dans le Top 15, notre objectif de départ. Ce crash ne remet pas du tout en cause la sécurité des buggies. On se serait fait aussi mal avec un 4x4. »
Après avoir terminé l'épreuve en civière, l'équipier du Français Philippe Gache remet-il en question son retour sur un raid comme le Dakar ? « Dans un bon contexte, avec un bon pilote, non. Mais si c'est avec un idiot ou un jeune qui veut montrer sa pointe de vitesse, alors non. C'est trop dangereux. Il y a trop de part pour l'improvisation. Et il n'y a rien à prouver, il n'y a pas de pilotage dans ce type d'épreuve où l'on retrouve tout de même une majorité de bourrins. Ce n'est pas très raffiné. C'est aussi à cause de cela qu'on s'est planté. On klaxonne derrière un concurrent plus lent, on fait fonctionner la sentinelle pour l'avertir qu'on est là et la plupart des gars à ce moment essayent de t'envoyer un max de poussière pour ne surtout pas te laisser passer. En fait ici, plus les pilotes rentrent crasseux, plus ils ont bouffé de la poussière, plus ils sont heureux. C'est ridicule. »
Et l'équipier belge, avec son langage fleuri habituel, n'épargne pas non plus l'organisation :
« On a quasi toujours terminé dans le Top 15 des spéciales et ils nous ont toujours fait repartir au mieux 31emes car ils reclassent les meilleurs camions et les petits SxS. Du coup, on devait galérer et prendre des risques aveuglés par 20 c...ards »
On l'a compris, Stéphane Prévot ne gardera pas un souvenir impérissable de cette édition du Dakar. Et pourtant... « Je repartirai sûrement... »
Ce qui ne sera plus le cas de Jean-Marc Fortin qui lui a déjà tourné la page du copilotage depuis longtemps. Et va bientôt prendre du recul après un succès bien mérité pour s'occuper, entre autres, de ses vignobles...