La gestion de Balotelli, élément crucial de la reconstruction de l'Italie
Non, Mario Balotelli n’a pas changé.
- Publié le 07-09-2018 à 15h02
Non, Mario Balotelli n’a pas changé. Du moins sur ce plan-là. Depuis le début du rassemblement à Coverciano, l’attaquant étale sa complicité avec Lorenzo Insigne, son camarade de chambrée. Avec des petites blagues potaches comme celle qui a vu le Napolitain se cacher derrière une porte pour effrayer son partenaire. Effet et fou rire garantis étalés sur les réseaux sociaux.
La scène vient un peu redonner le sourire à un pays qui depuis son élimination à la Coupe du Monde en novembre dernier en avait perdu le goût. Le chantier qui s’ouvre devant Roberto Mancini se veut titanesque.
Dès sa prise de fonction, le technicien a été attendu sur le sujet Mario Balotelli. Avec une interrogation majeure en forme de souhait : si lui ne peut pas y arriver, qui le pourra ? Que toute une nation se pose la question permet de mieux appréhender la situation.
Logiquement, Balotelli a été rappelé pour la première fois depuis la Coupe du Monde 2014 en fin de saison dernière. Se montant de suite efficace avec un but contre l’Arabie saoudite (2-1) tout en étant décisif lors de la défaite en France (1-3).
"Il peut faire mieux, beaucoup mieux", avait lancé le sélectionneur à l’issue de ces rencontres, se montrant plus prolixe ensuite dans la version italienne de GQ. "Évidemment, je ressens de l’affection pour lui. Après, son retour en sélection est uniquement lié à des raisons sportives. Mario a seulement 28 ans et a encore assez de temps devant lui pour atteindre ses objectifs parce qu’en plus de ses capacités physiques et techniques, il a désormais l’expérience", expliquait-il. "J’ai besoin de nouveaux leaders. Mario a l’âge et le profil."
Et Mancini est supposé avoir les clefs, si seulement un trousseau existe. Parce qu’il est le technicien qui l’a lancé en Serie A à l’Inter Milan. Celui qui l’a dirigé aussi à Manchester City. Celui pour qui Supermario a disputé 97 rencontres pour 36 buts et 11 passes décisives au total. Mais aussi celui avec qui il est, entre autres péripéties, venu aux mains un jour d’entraînement en Angleterre.
Dans son autobiographie Né pour grandir, Sergio Agüero a livré un regard particulièrement éclairant sur les rapports entre les deux hommes.
"Sa relation avec Mancini m’a souvent fait sourire", y a écrit l’Argentin. "Ils pouvaient se battre comme chien et chat à l’entraînement et ensuite retourner aux vestiaires bras dessus, bras dessous. Ils pouvaient se hurler dessus mais plus tard, ils étaient comme un père et son fils. Assez souvent, lors des séances, Mancini se joignait à nous. Mario lui disait : Tu étais une m… quand tu étais joueur et c’était beaucoup plus simple à ton époque. Mancini lui répondait : Tu n’aurais pas été capable d’y jouer. C’était comique."
Cette complicité évidente fait croire à une embellie. Ce que d’autres éléments plus concrets indiquent aussi.
"Avec ses performances, Mario mérite d’être rappelé", a souligné en juin dernier Marco Matterazzi "sans oublier qu’il n’a plus commis d’incartades en dehors du terrain". Marco Tardelli l’a exprimé avec d’autres mots : "À maintenant 28 ans, il va devoir travailler sur lui parce que c’est vraiment sa dernière chance."
Papa de deux filles , Balotelli semble avoir changé et sort de deux saisons niçoises avec 15 et 18 buts, soit les plus prolifiques de sa carrière. Sans avoir généré la moindre polémique. Ni excès de vitesse, ni partie de fléchettes sur les jeunes du club.
L’été qui s’achève a juste été marqué par le feuilleton de son vrai faux départ. Finalement, l’Italien est resté à Nice "parce que Patrick Vieira a changé 80 % de ma décision", a-t-il justifié.
Sa reprise tardive, le 17 juillet, sous les ordres de son ancien partenaire à l’Inter Milan (2007-10) et à Manchester City (2010/11) et ses trois matches de suspension l’empêchent d’être pour l’instant totalement prêt. "Mais j’espère le voir en bonne forme comme en juin. Il n’a disputé qu’un match cette saison donc peut-être qu’il n’est pas à 100 % comme beaucoup de joueurs en ce moment", avance Roberto Mancini qui devrait le titulariser ce vendredi contre la Pologne tout en s’amusant des remarques sur un éventuel surpoids : "Il a perdu du poids, oui, 8 ou 9 grammes je pense."
Mais pas cette faculté de faire sourire.