Sans Lukaku mais avec d’autres atouts : comment Simone Inzaghi a offert la deuxième étoile à l’Inter malgré les difficultés
Les Nerazzurri pourront arborer une deuxième étoile grâce à ce vingtième titre de champion d’Italie.
- Publié le 23-04-2024 à 17h58
- Mis à jour le 24-04-2024 à 10h57
Le noir et le bleu. Milan a pris les couleurs de l’Inter depuis ce lundi soir et la victoire dans le derby qui a mis fin au très maigre suspense à six journées de la fin du championnat. Le coup de sifflet final a laissé place à une formidable liesse populaire qui ne connaîtra son apogée qu’avec le grand défilé des joueurs dans un bus impérial entre San Siro et la Piazza Duomo. L’événement, initialement prévu ce mardi mais reporté à cause de la mauvaise météo, devrait être programmé ce dimanche.
Plusieurs joueurs – Nicolo Barella, Lautaro Martinez et Federico Dimarco – ont néanmoins déjà communié avec leurs tifosi en les rejoignant au Duomo vers 2h30 du matin. Plus discret, Simone Inzaghi a de son côté célébré le titre avec son staff. “Nous avons fait quelque chose d’incroyable, le mérite doit être partagé avec l’équipe, la direction, mes collaborateurs, les fans et le président qui a toujours été là”, a lancé l’entraîneur nerazzurri qui célèbre enfin son premier Scudetto.
Le titre d’Inzaghi
Les 35 buts du duo Martinez-Thuram ont évidemment joué un grand rôle. Comme le boulot des milieux Barella-Calhanoglu-Mkhitaryan, les centres de Dumfries ou Dimarco, la défense de Bastoni, Acerbi, Darmian ou Pavard, ainsi que les dix-sept clean-sheets de Sommer. Mais à l’Inter, tout le monde s’accorde pour saluer le travail du metteur en scène.
”Je dédie ce titre à notre leader Inzaghi.. C’est un entraîneur qui a eu des difficultés et de la pression à son arrivée car entraîner l’Inter n’est pas facile, mais il a grandi et est devenu un gagnant”, a lancé Beppe Marotta, le PDG du club, suivi par le président chinois Steven Zhang. “Merci Simone. Vous êtes un cadeau pour moi. Vous êtes une personne exceptionnelle qui a façonné notre équipe avec une mentalité de gagnant. Vous avez transmis confiance et sérénité et avez créé ce grand groupe.”
Autofinancement et mentalité
Le contexte de l’arrivée d’Inzaghi en 2021 était pourtant tout sauf évident. Il succédait à Antonio Conte qui venait de mettre fin à l’hégémonie de la Juventus et a dû assumer la nouvelle stratégie imposée par la direction. À savoir d’abord vendre des joueurs importants pour ensuite recruter intelligemment afin de compenser les difficultés économiques. Le club a ainsi vendu pour 205 millions d’euros le premier été (Lukaku, Hakimi, Politano) pour ensuite se pencher sur des bons coups : des joueurs en fin de contrat ou peu coûteux, mais avec la mentalité nécessaire pour se greffer au noyau dur des Italiens qui savent ce que signifie de jouer en Italie.
”L’aspect humain, dans toute activité de travail, est important. Si vous avez de bons joueurs mais des hommes moins bons, vous avez des difficultés à vous sentir à l’aise. Inzaghi a réussi à tirer le meilleur parti de ce que nous lui avons mis à disposition. Et cette mentalité s’est immédiatement répandue parmi ceux qui sont arrivés”, résume Marotta.
Denzel Dumfries, Matteo Darmian, Hakan Calhanoglu – tous titulaires cette saison – sont ainsi arrivés dès l’été 2021 en même temps qu’Edin Dzeko, le remplaçant de Lukaku. La stratégie s’est répétée la saison suivante en faisant revenir Big Rom en prêt et en allant chercher André Onana, Henrick Mkhitaryan ou Francesco Acerbi. Puis l’été dernier en recrutant gratuitement Marcus Thuram pour compenser le nouveau départ de Lukaku.
L’apprentissage par l’échec
Battu sur le fil par son voisin du Milan AC au bout de sa première saison, puis troisième à dix-huit longueurs de Naples l’an dernier, Inzaghi a dû à chaque fois rebondir malgré les déceptions. Il a heureusement pu compter sur deux Coupes d’Italie, trois Supercoupes et une finale de Ligue des champions la saison dernière pour garder sa crédibilité.
Ces succès et ces échecs ont permis à l’ancien entraîneur de la Lazio de grandir personnellement. En plus de s’imprégner de la réalité de son club et d’apprendre à gérer une compétition sur la durée, il s’est aiguisé tactiquement en mettant en place un vrai équilibre entre les deux côtés du terrain plutôt que de se concentrer sur l’imperméabilité défensive dont s’était servi Antonio Conte.
Le sens collectif, la passion et la dévotion inculqués à ses joueurs par sa mentalité de vainqueur ont fait le reste. “J’ai trouvé des joueurs qui m’ont tout donné. Nous sommes toujours allés dans une direction, en travaillant pour que des jours comme celui-ci se produisent”, s’est réjoui Inzaghi.
La suite ?
Le club ne changera pas sa politique de recrutement et a d’ailleurs déjà bouclé les arrivées gratuites de Zielinski (Naples) et Taremi (Porto). Avec un groupe encore plus étoffé, les Nerazzurri tenteront de conserver leur titre tout en allant encore plus loin en Ligue des champions (ils ont été éliminés par l’Atlético et huitièmes).