Qui est Idrissa Gueye, la nouvelle recrue du PSG ?
Le milieu de terrain sénégalais débarque au Parc des Princes, avec l'étiquette d'un joueur efficace sur le dos, à défaut de celle de vedette.
- Publié le 31-07-2019 à 16h40
- Mis à jour le 31-07-2019 à 16h56
Le milieu de terrain sénégalais débarque au Parc des Princes, avec l'étiquette d'un joueur efficace sur le dos, à défaut de celle de vedette.Idrissa Gueye au PSG, voilà qui devenait presqu'une Arlésienne. Annoncé cet hiver, le Sénégalais de vingt-neuf ans avait poursuivi l'aventure à Everton, avant de finalement apposer son autographe au bas d'un contrat de quatre saisons à Paris, le tout pour trente-deux millions d'euros. Une ville orpheline de Thiago Motta depuis un an et qui attend toujours le vrai successeur du numéro 6 italien. Marquinhos ? Le défenseur brésilien a pu donner quelques satisfactions à Thomas Tuchel, mais sans offrir de vraies garanties. Petit Marquis reste avant tout un (très bon) arrière central, pas une vraie sentinelle. Leandro Paredes ? Lui non plus ne semble pas tailler pour le costard de chien de garde.
C'est donc à l'ancien Lillois que revient la délicate mission de muscler un entre-jeu qui a trop souvent pris l'eau la saison dernière. D'apporter un peu d'épaisseur et de mental à une équipe qui en a cruellement manqué, également. "Je suis un joueur de devoir", expliquait la nouvelle recrue dans sa première interview accordée en tant que Parisien. "Je joue pour l'équipe, je suis prêt à tout sacrifier pour aider le collectif. Je n'ai pas peur d'aller au combat." Un rapide coup d’œil à ses stats depuis son arrivée en Angleterre le prouve (même si Gueye reconnaît ne pas trop y prêter attention): avec une moyenne de quatre tacles et 2,65 interceptions par rencontre et plus de huit biscottes jaunes dévorées par saison, Idrissa n'est pas homme à se laisser marcher dessus, malgré un petit mètre 74. La saison dernière, le joueur était même le meilleur tacleur du championnat.
Ander Herrera, Marco Verratti et Pablo Sarabia peuvent donc dormir sur leurs deux oreilles, le natif de Dakar est là pour couvrir les espaces et récupérer les ballons afin de les aider à amorcer les attaques dans les meilleures conditions. Une mission que le bonhomme adore plus que tout, comme il l'expliquait au mensuel So Foot juste avant une Coupe d'Afrique où il a brillé. "J'aime quand il y a une bonne opportunité pour les joueurs d’en face de marquer, et que toi, tu arrives à t’imposer, à tout casser d’une interception et à relancer derrière rapidement afin qu’on parte en contre-attaque. Cela retourne le jeu, c’est ça qui est magnifique dans ce rôle." Être coltiné aux basses besognes et bosser dans l'ombre d'un meneur de jeu aux pieds d'or ? C'est précisément ce qu'Idrissa avait réussi cette saison à Goodison Park, quand il évoluait dans le dos d'André Gomes.
Outre ce goût du cassage d'attaques, le milieu de terrain brille également par sa capacité à lire le jeu et à le distribuer après avoir gratter le cuir. Durant ses quatre saisons en Premier League (une à Aston Villa en 2015/2016, les trois suivantes à Everton), l'international est celui qui touche le plus le ballon dans son équipe, avec une moyenne supérieure à cinquante passes par match. Pas mal, étant donné que ses deux clubs successifs ne brillent pas vraiment par une possession "guardiolesque" (50% de moyenne).
Ces états de service, conjugués à une taille relativement petite, amènent inévitablement des comparaisons avec N'Golo Kanté. C'est d'ailleurs Steve Walsh, celui qui avait déniché le talent français à Caen pour Leicester, qui scoute Gueye pour le compte des Toffees. Et va même le qualifier de "nouveau Kanté". Classique. Un peu moins précis, mais plus costaud (depuis 2016, il surpasse le champion du monde, tant en termes d'interceptions que de ballons récupérés), Gueye n'est pourtant pas le copycat du lutin de Chelsea, mais une excellente alternative à un joueur que l'on a un temps imaginé régler les soucis d'équilibre défensif du PSG, avant de le voir finalement poursuivre l'aventure à Londres.
Pour Idrissa Gueye, il s'agit en réalité d'un retour en France. C'est en effet en Ligue 1 que l'on avait découvert cet élément recruté à Dakar. Arrivé en 2007 dans l'Hexagone, le Sénégalais, alors âgé de dix-huit ans (il est né le 26 septembre 1989) doit encore beaucoup apprendre. Cela tombe bien, c'est Rudi Garcia, qui fut un excellent pédagogue avant de se perdre en chemin, qui dirige le Losc à l'époque.
Lancé en 2010 chez les pros après deux ans en CFA, il remporte directement le championnat et la Coupe de France, avec une équipe emmenée par Gervinho ou encore Eden Hazard. Si son influence cette saison est minime (onze bribes de rencontres disputées seulement), il prend de plus en plus d'épaisseur au fur et à mesure des quatre autres années qu'il passe à Lille. "Il sait tout faire, que ce soit collectivement ou individuellement", s'enflamme même René Girard, qui fut son coach entre 2013 et 2015, dans Le Parisien. "Je suis assez étonné de l’anonymat relatif dans lequel il évoluait. C’est un petit bijou, un joyau qui ne demande qu’à être poli."
Cet anonymat porte surtout le sceau d'Everton, un club bourré de fric (qui peut par exemple mettre quarante millions sur Richarlison ou dix de plus sur Gilfy Sigurdsson), mais qui n'a jamais vraiment réussi la jonction entre le ventre mou et le top anglais qu'on lui promettait au mitan des années 2010. C'est peut-être cela qui risque aussi de limiter un peu le milieu de terrain: le manque d'expérience au plus haut niveau, notamment en Ligue des Champions, une compétition à laquelle il n'a participé qu'à deux reprises. C'était en 2011 et 2012, quand Lille n'y avait fait que de la figuration. Qualifs et Europa League comprises, Gueye a disputé moins de trente matches européens dans sa carrière. C'est peu, surtout quand on sait que le PSG n'a (encore une fois) plus droit à l'erreur.
Il y a donc des petites choses à rattraper, mais cela tombe bien, Idrissa Gueye kiffe plus que tout s'arracher pour atteindre son objectif.