Eden et Zidane, nés pour s’entendre
Comme une évidence, Hazard va être entraîné par Zidane, son "modèle". Retour sur la relation entre les deux hommes déjà existante et qui va prendre une nouvelle dimension.
- Publié le 07-06-2019 à 11h01
- Mis à jour le 07-06-2019 à 11h02
Comme une évidence, Hazard va être entraîné par Zidane, son "modèle". Retour sur la relation entre les deux hommes déjà existante et qui va prendre une nouvelle dimension. L’un comme l’autre ont ce destin unique qui a fait d’eux les meilleurs joueurs de l’histoire du jeu de leur pays. L’un comme l’autre se sont montrés à douze ans d’écart plus brésiliens que le Brésil un soir de quart de finale de Coupe du monde enchanteur.
Leur facilité technique évidente rapproche Eden Hazard et Zinédine Zidane. L’explosivité du Diable l’éloigne du jeu de tête du Français qui a fait des ravages à des degrés divers dans deux finales de Coupe du monde, en 1998 et en 2006.
Sans doute que d’une certaine manière, ces deux-là étaient destinés, un jour, à collaborer dans ce qui donne franchement envie de les voir ensemble. Dans une relation qui sera celle d’un entraîneur à celle d’un joueur mais qui a d’abord été celle d’un modèle à l’un de ses élèves les plus appliqués.
Tout a commencé par ce documentaire qui, les jours de pluie quand aller taper le ballon dehors n’était pas possible, tournait en boucle dans le magnétoscope du salon des Hazard à Braine.
"’On regarde Les Yeux dans les Bleus ?’, me demandait Eden", nous a expliqué en souriant Michael Marcou, intime de la famille. Dans le panthéon personnel du jeune Eden, encore plus peut-être que Juan Roman Riquelme, Thierry Henry, Ronaldinho ou Robinho, Zizou dont il portait le maillot avec ses frères, s’est imposé comme LA référence. "Quand j’étais petit, je le regardais à la télé et sur Internet pendant des heures. Je parlais Zidane, je mangeais Zidane", expliquait-il il y a plusieurs années. "Enfant, je rêvais de le rencontrer et j’ai eu l’occasion de le voir à l’Euro 2000 quand la France s’entraînait à 20 kilomètres de chez moi. C’est important pour les enfants d’avoir un modèle."
Mais rares sont ceux dont le modèle se montre aussi prévenant. Aussi flatteur. Parce que l’estime devient très rapidement réciproque.
Dès les premiers pas d’Hazard à Lille. Mai 2009 : le Brainois vient d’être élu meilleur espoir de Ligue 1. Ce soir de cérémonie des Trophées UNFP, Zizou, qui a remis un pied au Real où il sera nommé quelques jours plus tard conseiller du président Florentino Pérez, est questionné sur le championnat de France. Et lâche une petite bombe médiatique : "Je prendrai Eden Hazard au Real Madrid les yeux fermés."
"J’étais en studio et plus sur le plateau. J’ai donc vu ce passage à la télévision. J’ai dû revoir les images pour être certain qu’il parlait de moi. S’il avait été en face de moi à ce moment-là, l’instant aurait été magique. Ça m’a fait chaud au cœur. Il a dit qu’il allait m’appeler : j’attends son coup de téléphone (rires). J’écouterai attentivement les conseils qu’il pourrait donner."
Plus qu’une technique de drague, ZZ fait passer ses messages d’estime. À intervalles réguliers. Tout en sachant très bien l’ampleur que peuvent prendre ses déclarations, lui qui ménage et manage sa communication comme personne.
Un an plus tard, en avril 2010, dans Marca, le Français en remet une couche. Hazard ? "Le crack du futur. Il est très bon et je suis certain qu’il le deviendra encore plus. Il est très rapide, très habile, il se déplace sur toute la largeur du terrain et va devenir un tout grand joueur."
Réponse du principal intéressé : "Quand Zidane dit une chose pareille, on reste bouche bée." Ce qui n’a pas été le cas des dirigeants de Lille qui, cet été-là, refusent une offre d’une vingtaine de millions du Real.
Ce ping-pong médiatique fait de compliments connaîtra d’autres échanges. Résumé peut-être par cette réponse que Zizou nous avait livrée peu avant la Coupe du monde 2014 lorsque nous l’avions rencontré et qu’il avait été question de modèle à suivre. "J’ai été un modèle pour lui ? Pour les plus jeunes aujourd’hui, c’est peut-être lui maintenant le modèle. L’exemple", nous avait-il confié dans un sourire : "Sur un terrain, il crée du jeu, il fait plaisir à voir et pas qu’à moi d’ailleurs."
Et forcément, quand Zidane s’est assis sur le banc du Real une première fois, la machine s’est emballée. En 2017. Puis en 2018. Encore plus quand il est revenu. Et encore un peu plus maintenant que les deux hommes sont réunis.
Son neuvième coach en club
Eden Hazard va découvrir le troisième club de sa carrière et son neuvième entraîneur différent. Après Claude Puel et Rudi Garcia à Lille puis Roberto Di Matteo, Rafael Benitez, José Mourinho, Guus Hiddink, Antonio Conte et Maurizio Sarri du côté de Chelsea, le voilà prêt à évoluer sous les ordres de Zidane. Où situer le Français parmi les ex du Diable ? Dans son management et dans la manière qu’il a de protéger ses hommes, Zizou se rapproche de ses compatriotes Puel et Garcia, les deux entraîneurs de clubs qui ont sans doute le plus compter dans la carrière du Diable. Le premier l’a fait éclore, le second l’a fait franchir un pallier. Au troisième technicien tricolore de l’emmener encore plus loin…