This is England (1/6): Susanna Dinnage, l'autre reine d’Angleterre
Le premier épisode de notre série This is England vous emmène à la découverte de Susanna Dinnage, qui va prendre la présidence de la Premier League en début d’année. Portrait de la femme la plus puissante du football mondial.
- Publié le 25-12-2018 à 19h48
- Mis à jour le 26-12-2018 à 17h35
Le premier épisode de notre série This is England vous emmène à la découverte de Susanna Dinnage, qui va prendre la présidence de la Premier League en début d’année. Portrait de la femme la plus puissante du football mondial.
Sa nomination est actée depuis mi-novembre déjà. Sa prise de fonction est prévue pour le début du mois de janvier.
Pour la première fois de son histoire, la Premier League s’apprête à être dirigée par une femme. Susanna Dinnage s’est vu confier ce poste qui fera d’elle la femme la plus puissante de la planète football. Ni plus, ni moins vu que sa sphère de pouvoir s’annonce nettement plus étendue que celle de son homologue Nathalie Boy de la Tour qui préside la LFP depuis novembre 2016.
Au contraire de la Française qui fréquentait les sphères dirigeantes du football hexagonal depuis plusieurs années, cette Londonienne de 51 ans apparaît comme une néophyte dans le milieu. Sa seule accointance avec le ballon rond est à chercher dans sa carte d’abonnée à Fulham, elle qui réside dans le quartier de Putner, à proximité de Craven Cottage et parle un très bon français.
Qu’elle se voie confier la succession de Richard Scudamore s’est apparenté à une vraie surprise outre-Manche puisque les noms d’anciens pontes de la BBC ou d’ITV circulaient au même titre que celui de Tony Blair. Mais se justifie par son parcours linéaire dont les premières lignes ont été tracées à MTV dans les années 90.
Dinnage y a travaillé jusqu’en 1997 avant de participer au lancement de Channel 5 puis d’y rester durant douze ans. En 2009, elle intègre le giron de Discovery, le groupe américain qui détient notamment Eurosport et se verra confier en 2017 la présidence d’Aninal Planet à l’échelon mondial.
Sa parfaite connaissance de la sphère médiatique a fait d’elle la personne idoine d’après Bruce Buck, le président de Chelsea qui a présidé le comité de recrutement, qui a mis en avant "son expérience dans la gestion d’entreprises complexes dans un contexte de transformation et de perturbation numérique".
Après avoir vu ses droits de diffusion passer ces 20 dernières années sous la présidence de Scudamore de 761 millions à 5,8 milliards, un début de tassement est apparu sur la période 2019-2022.
Pour la première fois, au niveau domestique, les droits ont baissé de 654 millions d’euros, tout en étant encore porté par ceux à l’étranger. Et si les connaissances football de cette grande fan de la série anglaise Coronation Street peuvent susciter certaines interrogations, son savoir-faire dans l’art des négociations des droits est incontestable.
Dinnage n’avait pas hésité à se lancer dans un bras de fer avec Sky quand la chaîne exigeait un montant important de royalties des bouquets comme Discovery, menaçant le diffuseur de le retirer purement et simplement de l’offre de son employeur. Et l’Anglaise en était sortie comme la grande vainqueur.
"Durant l’acquisition des JO et la bataille avec Sky, elle a montré son sang-froid sous pression et une vraie vision à long terme", a salué dans la presse anglaise Peter Huton qui a lui aussi quitté Discovery pour prendre en main la section sport de Facebook.
La proximité entre les deux dirigeants a aussi pesé en faveur de Dinnage vu la mutation du marché des retransmissions entre l’essoufflement des chaînes à péage et la menace incarnée par les Gafa, nouveaux acteurs sur ce marché.
"Elle a un gros CV, avec un parcours dans les médias intéressant", dit d’elle Ed Woodward, le CEO de Manchester United. "Elle va poursuivre le travail enclenché pour trouver une autre manière de monétiser les droits."
Ce défi s’annonce comme le principal challenge à relever pour cette grande sportive, mère de famille, qui est parvenue à grimper les échelons en préservant sa vie privée. Celle que ses amis appellent Susie va aussi devoir composer avec la menace de la création d’une Super League, les conséquences du Brexit, le divorce qui s’annonce avec la base des supporters ou encore le poids des agents de plus en plus contesté. Son sens du consensus vanté par ses précédents collaborateurs ne sera pas de trop…