Serie A: avec Krzysztof Piatek, le Genoa sort les griffes
L'attaquant du Genoa est en train d'affoler les compteurs en Serie A. Présentation.
- Publié le 07-10-2018 à 09h48
- Mis à jour le 21-12-2018 à 19h31
L'attaquant du Genoa est en train d'affoler les compteurs en Serie A. Présentation. À quoi tient une carrière ? À un pic de forme, à une blessure, à une action de génie. Et parfois à un dîner sous le soleil d'Ibiza avec du homard au menu. La scène, relatée par la Gazzetta dello Sport, se passe cet été, dans la villa d'Enrico Preziosi, le président du Genoa.
Elle regroupe donc Preziosi et Gabriele Giuffrida, agent de joueurs bien connu en Italie qui a ses habitudes sur l'île espagnole, où il possède un resto. Celui-ci évoque un jeune attaquent polonais de 23 ans (il est né le 1er juillet 1995) qui vient de claquer 21 buts en 38 matches dans son pays natal. Son nom ? Krzysztof Piatek.
Tenté par les quelques vidéos qu'il vient de visionner, le patron génois accepte de lâcher 4,5 millions dans les jours qui suivent pour enrôler cet élément inconnu en Europe occidentale. Résultat ? Douze buts, deux doublés, un quadruplé, sept matches joués seulement et une moyenne d'un but toutes les 50 minutes. Des chiffres "ronaldesques", tout simplement. En réalité, le Genoa a peut-être réussi le coup du siècle.
Progression et records
Mais d'où vient cet avant-centre que personne n'avait vu venir en Italie ? Pour le savoir, il faut mettre le cap à l'est, en direction de Dzierżoniów, ville située dans le sud-ouest de la Pologne. C'est là qu'il débute le foot, avant de filer à Lublin, de l'autre côté du pays. À presque 19 ans, son club le juge assez mûr pour entamer un parcours sans faute jusqu'à présent.
À Lublin, il étoffe son registre en évoluant tantôt à l'avant-centre, tantôt sur l'aile droite. Deux saisons durant, dont une dans l'antichambre, le droitier s'aguerrit au contact des rudes défenseurs polonais. Ses états de service honorables (17 buts et huit passes décisives en deux ans) et surtout sa jeunesse attirent le regard de Cracovie, pensionnaire de D1, qui le recrute pour 700 000 euros. Déjà une aubaine... S'en suivent deux nouvelles saisons de bonne facture et donc ce transfert sur fond de fruits de mer à Gênes.
C'est l'envolée. Dès ses débuts en Coppa Italia avec les Griffons, contre Lecce (Serie B), il trouve le chemin des filets. Quatre fois en 37 minutes. Mieux, il plante les trois quarts des buts de son équipe (huit sur onze) en championnat. Sans toucher beaucoup de ballons (quinze passes par match seulement, en moyenne), Piatek parvient à marquer à la pelle. Pas étonnant que le joueur prenne Pippo Inzaghi comme référence...
Ses exploits sont d'autant plus remarquables que les Rossoblù sont loin de faire partie des équipes les plus offensives de la compétition italienne. Au contraire : la saison dernière, les Génois de Davide Ballardini n'avaient marqué que 33 buts au total.
Celui-ci ne tarit évidemment pas d'éloges sur sa recrue. "Piatek est extraordinairement bon", dit-il. "Et ce n'est pas un attaquant qui ne fait que marquer et ne pense qu'au but. Il travaille aussi beaucoup quand ses équipiers doivent sortir et défendre. C'est un avant moderne et ses qualités sont peu communes."
Cette révélation express défie des records du foot italien. Exemple : on n'avait plus vu un buteur aussi prolifique depuis la fin des années 40. Au Genoa, on n'avait jamais eu affaire à un tel phénomène depuis Diego Milito, 60 fois buteur en 94 rencontres. Piatek est même le premier joueur des cinq grands championnats à avoir atteint les dix pions toutes compétitions confondues.
La tentation Lewandowski
Autre chose ? Oui, les états de service dantesques du meilleur buteur d'Italie ont naturellement attiré l'attention de son équipe nationale. La Pologne, qui sort d'un Mondial raté, a donné les clés de sa sélection à Jerzy Brzeczek. Coup de chance pour celui-ci, son arrivée aux commandes correspond à la folle éclosion du phénomène Piatek. Associé à Arkadiusz Milik dans un 4-4-2 en amical face à l'Irlande, ce dernier n'a cette fois pas trouvé le chemin des filets pour ses soixante premières minutes sous le maillot national.
Qu'importe, ce (très) léger coup d'arrêt n'a pas empêché les grands clubs d'Europe de lorgner sur le 3-5-2 génois, où le Polonais brille aux côtés de Christian Kouamé (qui lui a déjà offert deux assists). En premier lieu, la Juventus et le Barça. De solides références, mais pas question pour le président Preziosi de céder son numéro 9 à la va-vite. "Qu'il parte en janvier ? Ce serait fou de le penser", explique de son côté le Signore à la Gazzetta. "Nous savions qu'il possédait de grandes qualités. On ne l'a pas acheté sur la Lune. Je savais qu'il pouvait marquer dans toutes les positions. C'est un grand talent qui pourrait exploser à tout moment."
Évidemment, impossible de ne pas voir en lui une carrière à la Robert Lewandowski, même si Piatek réfute toute comparaison avec le buteur du Bayern. "Il joue à Munich et moi à Gênes", se contente-t-il de répondre avec modestie. "Mon secret ? J'essaie simplement de m'améliorer en donnant tout à l'entraînement". Celui-ci ne se voit d'ailleurs pas être sacré Capocannoniere. "Ce n'est pas facile ici, comme l'a montré le fait que Cristiano Ronaldo ne marquait pas", affirme-t-il. "Et puis, il y a beaucoup de grands buteurs. Je n'ai que que deux objectifs : jouer et marquer dès que je le peux."
Mission accomplie. Pour le moment.