La nouvelle vague des coaches européens (1/5): Vincenzo Montella a pris son envol
Depuis le départ de Massimiliano Allegri en janvier 2014, tous les entraîneurs qui se sont succédé sur le banc milanais étaient des anciens de la maison. Présentation de celui qui a rendu ses lettres de noblesse au grand Milan.
- Publié le 12-01-2017 à 16h42
- Mis à jour le 12-01-2017 à 16h43
Cinq ans. À l’échelle d’un club qui s’est longtemps vanté d’être le plus titré du monde, il s’agit d’une éternité ou presque. Et Silvio Berlusconi ne se doutait guère qu’il allait devoir patienter autant entre son 28e et son 29e trophée.
La Supercoupe d’Italie remportée devant la Juventus le 23 décembre dernier à Doha a fait naître un nouvel espoir, celui d’un renouveau porté par la jeunesse triomphante des Gianluigi Donnarumma (17 ans), Suso (19 ans), Alessio Romagnoli (19 ans) et Manuel Locatelli (19 ans) et par son entraîneur Vincenzo Montella, 42 ans.
Sa nomination cet été a dessiné une rupture. Depuis le départ de Massimiliano Allegri en janvier 2014, tous les entraîneurs qui se sont succédé sur le banc milanais étaient des anciens de la maison.
Mais que ce soit Clarence Seedorf, Filippo Inzaghi, Sinisa Mihajlovic ou Cristian Brocchi, aucun n’a été en mesure de s’inscrire dans la durée dans un club en mutation qui s’est tourné vers l’ancien attaquant qui, en dehors d’avoir idolâtré durant sa jeunesse l’ancienne gloire rossoneri Marco van Basten, ne possédait aucune connexion milanaise.
“Avec lui, c’est un nouveau départ, nous sommes certains d’avoir fait le bon choix”, a juré l’été dernier Adriano Galliani qui avait déjà voulu engager Montella deux ans plus tôt.
La saison mitigée que venait de vivre à la Sampdoria Montella surnommé l’Aeroplanino ou le petit avion en raison de sa manière de célébrer ses buts n’a en rien entaché sa réputation d’étoile montante du coaching qui a commencé à briller à Rome.
Montella a beau être napolitain de naissance, la capitale l’a vite adopté. Le joueur qu’il était s’est révélé à Empoli (1990-95), affirmé au Genoa (1995/96) et à la Sampdoria (1996-99) a accédé au rang d’icône dans la ville éternelle où il a passé les 10 plus belles années de sa carrière en offrant notamment à la Louve son dernier Scudetto en 2001.
Dès sa retraite en 2009, l’ex-international (20 sélections, 3 buts) se voit confier les U15 avant d’être projeté le 21 février 2011 à la surprise générale sur le devant de la scène suite à la démission de Claudio Ranieri.
Si ses premiers pas sont probants avec une qualification européenne acquise, le rachat du club met fin à son aventure et Luis Enrique lui succède.
Lui qui offrait aux jeunes de la Roma L’Alchimiste de Paolo Coelho “parce que les rêves doivent être suivis avec sacrifice et souffrance” comme il l’avait expliqué dans La Repubblica, accuse le coup mais rebondit très vite.
À Catane où il ne reste qu’un an, le temps de battre le record de points de l’histoire du club qui tient toujours (48) puis à la Fiorentina où il impulse à la Viola son style flamboyant et offensif. Son idylle avec le club toscan est belle, mais se termine avec fracas.
Montella est ambitieux et les dirigeants se lassent de ses envies d’ailleurs et n’hésitent pas à le débarquer à l’été 2015 après une saison plus que réussie (4e place en Serie A, demi-finale en Ligue Europa).
Direction la Sampdoria donc puis le Milan AC où ce technicien prouve, depuis son arrivée, toute sa faculté d’adaptation. Ses relations avec ses patrons à la Fiorentina étaient complexes ? Lui apprécie le regard du toujours omnipotent Silvio Berlusconi.
“Il nous comprend, c’est un démocrate”, a-t-il assuré dans Tuttosport l’automne dernier. “Certains conseils qu’il donne sont très intéressants. Je l’écoute même si j’ai le dernier mot.”
L’Italie voyait en lui un homme dogmatique, ne jurant que par l’attaque ? Elle découvre un coach pragmatique, qui a fait de sa formation la troisième meilleure défense du pays.
Même Fabio Capello qui entretenait avec celui qui fut son joueur des relations polaires s’incline parlant dans la presse italienne “d’un bon entraîneur, intelligent”.
Arrigo Sacchi l’a récemment adoubé dans la Gazzetta. “Ce que fait Montella n’est pas bien mais très bien”, a assuré le père fondateur du grand Milan. “Je n’étais pas convaincu au début mais maintenant, j’aime son style de jeu. Notamment avec les jeunes. Montella est un bon professeur. Il est en train de peindre un chef-d’œuvre.”
Tout en redonnant au Milan une partie de son lustre d’antan...