Ceulemans, Leekens, Staelens et Cools se réunissent pour préfacer Bruges-Fiorentina : “Les adversaires de l’époque étaient d’un autre calibre”
Ceulemans, Leekens, Staelens et Cools, qui ont disputé chacun l’une des quatre demi-finales européennes de l’histoire du Club Bruges, se sont réunis pour préfacer le match retour potentiellement historique face à la Fiorentina.
- Publié le 08-05-2024 à 11h25
À affiche exceptionnelle, programmation somptueuse. Ce mercredi, le Club Bruges a rendez-vous avec son destin. Il faudra remonter le but d’écart concédé à la Fiorentina la semaine dernière pour s’offrir la troisième finale européenne de son histoire après celle de 1976 en Coupe UEFA et la Coupe des clubs champions en 1978, toutes perdues face à Liverpool.
”C’est le match le plus important de ma carrière”, a résumé logiquement Nicky Hayen à 24 heures du grand rendez-vous. Julien Cools, Georges Leekens, Jan Ceulemans et Lorenzo Staelens savent ce que ressent le technicien à succès des Blauw en Zwart. Ils ont chacun joué l’une des quatre demi-finales européennes du Club. L’occasion était trop belle pour les réunir afin d’évoquer leurs fabuleux souvenirs.
Messieurs. Vous représentez à vous quatre les quatre demi-finales européennes du Club ?
Leekens : “Et Julien et moi avons également joué deux finales.”
Cools : “En 1976 et 1978. Deux fois contre Liverpool. Nous avons perdu deux fois, malheureusement.” Ceulemans : “Je ne veux pas minimiser les performances actuelles mais les adversaires de l’époque étaient d’un autre calibre que les équipes que le Club rencontre actuellement.”
Cools : “En 1976, lors de la Coupe UEFA, nous avions éliminé Hambourg en demi-finale. C’était le top en Allemagne, non ?"
Deux ans plus tard, vous éliminez un autre monstre du football en demi-finale : la grande Juventus.
Cools : “Les Italiens sont toujours difficiles à jouer, mais nous y sommes parvenus quand même.”
Leekens : “Je me souviens encore de la tactique de Happel. Après l’aller où nous avions perdu 1-0, nous avons joué en 4-2-4, avec quatre attaquants. Et trois défenseurs ont également dû avancer. J’ai alors levé le doigt en l’air en demandant : “Qui va rester à l’arrière ?”
Cools : “Fons Bastijns a marqué et Happel nous a encouragés à être plus offensifs. Maintenant que j’en parle, c’est incroyable ce que nous avons réalisé à l’époque. On n’y a presque pas pensé. Le succès semblait normal alors qu’il était exceptionnel. Nous étions presque tous belges.”
Ce que nous avons réalisé à l'époque, c'est incroyable.
Est-ce que vous délaissiez le championnat à l'époque avec de telles soirées européennes ?
Cools : “Si vous aviez brillé en Europe et que vous deviez jouer, disons, à Winterslag ou quelque chose du genre le week-end suivant, ce n’était pas évident pour tout le monde.”
Ceulemans : “Là, il fallait traverser la rue et se réchauffer parmi les vaches.”
Cools : “J’étais encore dans le football provincial jusqu’à l’âge de 22 ans. J’en ai vu d’autres (rires).”
Ceulemans : “Votre génération formait la meilleure équipe de tous les temps au Club. Vous êtes également les seuls à avoir atteint la finale européenne. Moi, malheureusement, je n’y suis jamais parvenu. Ah ce match face à l’Espanyol Barcelone en 1988 pff.”
Staelens : “N’était-ce pas une campagne où vous avez accompli miracle après miracle ?”
Ceulemans : “C’est vrai. Nous avons toujours effectué des remontadas incroyables au retour contre le Zénith Saint-Pétersbourg, l’Étoile Rouge de Belgrade et le Borussia Dortmund après avoir perdu la manche aller. Il faut également remercier nos supporters. À l’époque, le stade était déjà plein deux heures avant le match. Ce sera aussi la même chose contre la Fiorentina.”
Leekens : “Je sens qu’il y a beaucoup d’enthousiasme à Bruges.”
Ceulemans : “Mais en 88, les choses ont mal tourné contre l’Espanyol. Nous avons gagné 2-0 à domicile, j’ai marqué mais j’ai raté le match retour à cause d’une blessure musculaire, la première de ma carrière. En Espagne, tout s’est mal passé : Beyens a pris le rouge et Vande Walle a commis une erreur. Avant de nous en rendre compte, nous étions sortis. Alors que ça aurait pu être si beau.”
Si vous aviez été là, les choses ne se seraient-elles pas déroulées différemment ?
Ceulemans : “Je ne vais pas vous dire ça de moi.”
Leekens : “Cela aurait certainement fait une différence. Jan était ce qu’est aujourd’hui Hans Vanaken pour le Club. Il était tout simplement indispensable. Une icône ! “
Staelens : “Moi, je considère toujours mon expérience en 1992 contre le Werder Brême comme une occasion manquée. Nous avons disputé la manche aller à domicile ce qui est de toute façon un désavantage mais nous avions récolté un bon résultat avec ce 1-0. Cela n’a pas suffi. À Brême, nous avons été débordés. Amokachi a été exclu. Nous n’étions pas assez bons ce jour-là.”
Leekens : “Amokachi ! Il est arrivé quand j’étais au Club. Ils avaient commencé à le repérer. La conclusion était la suivante : il est rapide et fort mais il ne peut pas jouer au football. Je leur ai dit de l’emmener quand même. C’était une bonne décision.”
Si Ceulemans avait été là en 88 au retour face à l'Espanyol, cela aurait été différent.
Selon vous, quelles sont les chances pour que Bruges dispute une troisième finale européenne ?
Ceulemans : “Soixante-dix pour cent.”
Leekens : “Je fais mieux, Jan. Nonante.”
Cools : “Soixante. Si ce n’était pas contre les Italiens, je mettrais un pourcentage plus élevé.”
Staelens : “Moi aussi, je pars pour soixante.” Leekens : “Nous sommes unis : le Club est le favori.”
C’est étrange parce que le Club doit rattraper un retard d’un but et la Fiorentina s’est révélée être un adversaire coriace la semaine dernière.
Leekens : “Nous sommes chauvins.”
Staelens : “Je suis d’accord avec vous, le Club devra faire mieux. Il faut être efficace dans la surface et évitez les erreurs. Ils ne peuvent plus se permettre une exclusion comme celle d’Onyedika.”
Ceulemans : “Il n’avait apparemment pas vu qu’il avait déjà reçu un carton jaune.”
Staelens : “Et même dans ce cas, vous ne pouvez pas commettre cette erreur quand vous êtes joueur. C’était vraiment stupide.”
Cools : “il faudra emmener les supporters. Et jouez simplement au football comme ils le font depuis des semaines. Ça marche.”
Ceulemans : “Qui aurait cru ça en championnat. Le Club avait dix-neuf points de retard. Dix-neuf.”
Dans quelle mesure ce parcours est-il le mérite de Nicky Hayen ?
Staelens : “Il ne pouvait pas faire mieux. Que les dirigeants continuent simplement avec lui.”
Ceulemans : “Imaginez s’ils remportent deux autres prix. Les attentes ne diminueront pas la saison prochaine. Et la pression au Club est déjà énorme par nature.”
Leekens : “Nicky peut gérer ça. Il a déjà 43 ans. D’ailleurs, nous devrions être heureux qu’un entraîneur belge se porte aussi bien. Nous devons mieux nous promouvoir. Nous ne valons pas moins que les coachs étrangers.”
Cools : “C’est vrai. Clément impressionne aux Rangers.”
Que les dirigeants continuent avec Hayen.
Voyez-vous une autre alternative que Hayen la saison prochaine ?
Ceulemans : “Hein Vanhaezebrouck ?”
Staelens : “J’ai connu Hein toute ma vie. Nous sommes partis en vacances ensemble quand nous étions enfants. Hein obtient toujours ce qu’il veut. S’il voulait pêcher, nous allions pêcher. S’il voulait nager, nous allions nager. Je doute qu’ils apprécient cela au Club.”
Ceulemans : “Je suis curieux de savoir comment cela se passerait.”
Cools : “Wouter Vrancken serait apparemment également sur le marché. Et van Bommel quitte Anvers.”
Leekens : “Wouter a joué sous mes ordres – c’était une personne très sensée. Mais le Club n’a pas besoin de nos conseils, il prendra une décision mûrement réfléchie. Pas comme moi en 2012, quand j’ai échangé les Diables Rouges contre le Club. Bart Verhaeghe a joué avec mon esprit quand il m’a dit : 'Nous avons besoin de vous'. J’ai accepté car c’était le club de mon coeur.”
Je suis curieux de savoir comment ça se passerait si Vanhaezebrouck venait à Bruges.
Tout le monde pensait pourtant que vous aviez choisi le Club pour l’argent ?
Leekens : “Vous pouvez le savoir maintenant : à l’époque, je n’avais pas reçu un euro de plus.”
Pour finir, est-ce que Mignolet aurait dû disputer le match de mercredi si Jackers n'était pas blessé ?
Staelens : “Le Club doit être reconnaissant envers Jackers. Il a remplacé Simon de manière fantastique. Mais au final, il est logique que Simon soit à nouveau titulaire. Il est numéro un. Il faut respecter ça.”
Leekens : “Jackers était presque une copie de Mignolet. Il a du charisme et était là quand il le fallait.”
Staelens : “Ce que dit Georges est vrai mais si votre premier gardien est blessé puis de nouveau en forme, je pense qu’il doit jouer.”