À Madrid, l’élu s’appelle Joselu : “Ce qui s’est produit est magique, impossible à expliquer”
Les Merengues rejoignent le Borussia Dortmund à Wembley grâce à leur buteur… né en Allemagne.
- Publié le 09-05-2024 à 07h55
Le Santiago Bernabéu ne s’est pas trompé. Les “Joselu ! Joselu !” ont résonné dans la somptueuse et bouillante enceinte rénovée après le coup de sifflet final. Il l’avait prévenu il y a quelques jours. “Nous serons à la hauteur mercredi. Nous donnons notre vie sur le terrain pour vivre des grands moments.” Il l’a fait. Joselu, cet attaquant qui rime avec remplaçant, ce seul vrai numéro neuf de l’équipe qui est arrivé l’été dernier sous la forme d’un prêt après le départ de Karim Benzema. Comme si le président Florentino Perez ne croyait qu’à moitié en lui et voulait surtout combler un trou dans la rotation offensive.
Sauf que ce mercredi soir, il a inscrit son nom à côté de celui des plus grands du Real Madrid. “Mes rêves ne sont pas aussi beaux que ce que j’ai vécu ce soir, a lancé Joselu après la rencontre. Il y a deux ans, j’ai vu ce que l’on ressentait en tant que supporter du Real (NdlR : avec les scénarios fous contre Chelsea et City puis la finale gagnée). Et maintenant je vis ça de près.”
Mes rêves ne sont pas aussi beaux que ce que j'ai vécu ce soir.
Il y a deux ans, le beau-frère de Dani Carvajal était à Alavès, le dixième club de sa carrière. Il revenait de plusieurs longues années passées entre l’Angleterre (Newcastle, Stoke City) et l’Allemagne (Hoffenheim, Francfort, Hanovre), le pays où il a vu le jour en 1990 et où il a passé les quatre premières années de sa vie avant de rentrer au pays et de découvrir le ballon rond. Jusqu’à atteindre une première fois son rêve de jouer pour le Real Madrid, à 19 ans. Sauf que sa chance en équipe première ne viendra pas. Il a donc suivi une voie alternative, via des clubs de seconde zone, jusqu’à son transfert l’été dernier pour finalement écrire l’histoire du Real.
Dans une rencontre aussi intense que serrée et indécise, les Merengues se dirigeaient tout droit vers la sortie aux portes de la finale après l’exploit individuel d’Alphonso Davies (68e : 0-1)... un joueur cité au Real pour le prochain mercato. Et puis Carlo Ancelotti a décidé de lancer Joselu à la 82e minute pour terminer la rencontre avec un vrai attaquant de pointe capable à la fois de servir de pivot mais surtout de renard des surfaces pour conclure les centres.
À la Madrid…
Alors, oui : le vétéran de 34 ans n’a pas inscrit les deux plus beaux buts de sa carrière. Mais probablement les plus importants, en étant là où il le fallait : juste devant Neuer pour profiter du ballon relâché (88e), et à la réception du centre de Rüdiger sur l’action suivante (90e). “Dans les dernières minutes, nous avons fait remonter le sentiment qu’il était possible d’y arriver, a confié le héros madrilène. À Madrid, quand vous égalisez, on te dit de prendre le ballon et de l’amener au centre car il faut gagner. Et nous savions qu’avec le 1-1, nous allions avoir une chance parce que les supporters nous poussaient.”
Cette mentalité est symbolique de ce Real Madrid version Carlo Ancelotti qui ne lâche jamais jusqu’à la dernière seconde (même si on reparlera beaucoup du hors-jeu très discutable sifflé sur le but de De Ligt quelques instants plus tard). On l’a vu tout au long de la saison et on l’a vu lors des précédentes campagnes. “Ce qui s’est produit plusieurs fois s’est reproduit, a souri l’entraîneur italien, ému. C’est difficile à expliquer. Impossible à expliquer. C’est la magie de ce club dans cette compétition, dans ce stade et avec ces supporters.”
Et dire que ce Joselu, prêté par l’Espanyol Barcelone, risque bien de retourner dans son club en fin de saison vu l’arrivée du jeune brésilien Endrick et surtout le probable transfert de Kylian Mbappé. “Ce qui se passera dans le futur sera discuté en temps voulu. Je veux vivre à 100 % les prochaines semaines jusqu’à la finale et ensuite nous parlerons.”
Real Madrid : Lunin, Carvajal, Rudiger, Nacho, Mendy, Tchouaméni (70e Camavinga), Kroos (70e Modric), Valverde (81e Joselu), Bellingham, Vinicius Jr., Rodrygo (81e Diaz).
Bayern Munich : Neuer, De Ligt, Dier, Mazraoui, Kimmich, Laimer, Pavlovic, Gnabry (27e Davies), Musiala, Sané (76e Min-jae), Kane.
Arbitre : M. Marciniak (Pol). :
Les buts : 68e Davies (0-1), 88e Joselu (1-1), 90e Joselu (2-1).
Le top : Joselu (8/10)
Qui d’autre ? Oui, Vinicius Jr. a sorti un match monstrueux. Oui, Toni Kroos a fait tourner à lui seul la construction madrilène pendant 70 minutes en plus d’avoir sauvé une énorme occasion en début de match. Oui, Lunin a réalisé plusieurs arrêts précieux. Mais le héros, c’est Joselu. Monté à la 81e minute, il était là où il le fallait pour mettre deux fois le ballon au fond en l’espace de deux minutes. Incroyable.
Le flop : Manuel Neuer (6/10)
De héros à zéro. L’histoire ne se souviendra pas de ses parades et arrêts décisifs réalisés tout au long de cette demi-finale retour. Elle ne retiendra que ce ballon mal capté après la frappe de Vinicius Jr. qui a permis à Joselu d’égaliser et de redonner l’espoir nécessaire aux Madrilènes. La suite, on la connaît avec ce deuxième but encaissé deux minutes plus tard.