Donnarumma, déjà un géant à 22 ans
Gianluigi Donnarumma, à nouveau décisif en finale, a été élu joueur du tournoi. Tout jeune, il semble promis à de grandes choses.
- Publié le 12-07-2021 à 18h16
- Mis à jour le 13-07-2021 à 12h48
Sa détente à l’horizontale, le bras tendu et la main ferme va vite devenir un classique. Il y a eu recours quelques fois durant cet Euro, pour stopper quelques buts tout faits, à commencer par celui de Kevin De Bruyne, à 0-0, en quart de finale.
Si l’Italie a été sacrée championne d’Europe au terme d’une phase à élimination directe où elle aura eu besoin des prolongations à trois reprises et des tirs au but par deux fois, elle le doit beaucoup à Gianluigi Donnarumma. Le gardien, décisif à deux reprises dans la séance finale dimanche soir, et aidé par son poteau sur la frappe de Rashford, a d’ailleurs été élu meilleur joueur du tournoi par le Comité des 16 observateurs techniques de l’UEFA où l’on retrouve des Capello, Robbie Keane, Domergue, Cambiasso ou encore Moyes. À 22 ans à peine, le natif de la région napolitaine, a déjà laissé une belle trace dans le football italien et européen. Et ce n’est probablement que le début pour ce phénomène qui s’est révélé aux yeux du grand public durant ce tournoi.
Records et précocité
Jamais depuis qu’est désigné un "meilleur joueur du tournoi" européen (en 1984), le lauréat n’avait remporté ce trophée si jeune. À titre de comparaison, en 2016, Griezmann avait 25 ans, alors que le record était détenu jusqu’à dimanche par Marco Van Basten, âgé de 23 ans (1988). La précocité est d’autant plus saisissante que l’on parle ici d’un gardien, dont la maturité arrive traditionnellement plus tard que dans les autres lignes, parfois même à 30 ans.
Dernier portier à avoir été désigné pour ce titre individuel à l’Euro, Peter Schmeichel avait 29 ans en 1992. Et le dernier gardien sacré homme de la compétition dans un grand tournoi était le mythique Oliver Kahn, au Mondial 2002… à 33 ans. Voilà qui situe la précocité du phénomène Donnarumma, qui est encore un "ado", dans le monde des gardiens.
Mais tout cela est presque logique pour celui qui était devenu le plus jeune gardien de Serie A en octobre 2016, à 16 ans et huit mois. Il n’a plus lâché sa place chez les Rossoneri et comptait déjà 251 matchs pour l’AC en mai. Ce deuxième trophée collectif, après la Supercoppa 2016, en appelle beaucoup d’autres.
Durant cet Euro, il a déjà signé un record de géant : entre le but inscrit par le Néerlandais Van Beek le 14 octobre 2020, à la 25e minute d’Italie - Pays-Bas en Ligue des nations (1-1) et celui de Kalajdzic à la 114e du huitième de finale Autriche - Italie (1-2), 1 168 minutes se sont écoulées sans que la Squadra n’encaisse. Sur ces douze rencontres, Donnarumma en a joué dix. Le voilà codétenteur d’un record du monde, déjà, aucune autre sélection n’ayant jamais fait aussi bien.
Sur les traces de Buffon
Gianluigi rappelle forcément Gianluigi. Donnarumma fait inévitablement penser à Buffon. Pas seulement pour le style, bien que "Gigio" soit explosif et alerte, malgré une grande envergure (1 m 96).
La comparaison vaut surtout pour leur parcours de jeunes prodiges. Buffon a débuté en Serie A dans les cages de Parme à 17 ans. À 22 ans, il avait déjà remporté une Coupe d’Italie et une Coupe UEFA avec Parme, mais n’était encore qu’un remplaçant à l’Euro 2000.
Buffon a ensuite remporté un grand tournoi avec la Squadra en tant que numéro 1 plutôt jeune, lui aussi, à 24 ans. Il a d’ailleurs été élu gardien du Mondial 2006. Autre point de ressemblance : Buffon aussi a quitté un club majeur de la Botte (la Juve), pour le PSG.
Paris, nouveau défi, mais avec quel statut ?
Au grand dam des supporters rossoneri, Donnarumma les a quittés pour Paris, cet été. En fin de contrat et libre de somme de transfert, donc, il a déjà passé la visite médicale mais préférait attendre la fin de l’Euro pour signer son contrat et officialiser son arrivée dans un club où il est censé prendre une autre dimension, puisque le PSG vise la Ligue des champions.
C’est un beau coup pour le PSG, qui lui versera tout de même le solide salaire de 60 millions d'euros en cinq ans. Reste cette question cruciale : quelle hiérarchie sera établie entre Keylor Navas et Donnarumma ? Le Costaricien de 34 ans est un des poids lourds mondiaux de la catégorie "goalkeepers" et a été une des rares satisfactions parisiennes, la saison passée. Le PSG vient de le prolonger jusqu’en 2024. Est-ce pour lui dire de s’asseoir sur le banc et laisser la place au jeune loup italien ? Ou pour jouer l’alternance entre le championnat et la C1 ? L’idée d’un prêt de Donnarumma dans un autre grand club a été évoquée, un peu comme Chelsea l’avait fait avec Courtois et l’Atletico Madrid de 2011 à 2014. Mais cela semble difficilement imaginable pour un gardien qui est déjà plus avancé dans son parcours et sort de l’Euro avec le trophée d’homme du tournoi sous le bras. Ce sera le prochain défi de Donnarumma.