La Grèce de 2004, une surprise qui a fait "pschitt !"
Improbable championne d’Europe en 2004, la Grèce, adversaire des Diables rouges jeudi à Bruxelles (20h45), ne fait plus peur à grand monde aujourd’hui.
- Publié le 02-06-2021 à 17h50
- Mis à jour le 02-06-2021 à 22h45
Il était une fois la Grèce sur le toit de l’Europe. Au bout d’un Euro 2004 inespéré, commencé et terminé par une victoire sur le Portugal, pays hôte. La Grèce du capitaine Théodoros Zagorakis, capitaine et élu Joueur du tournoi, hyper efficace, super organisée, qui barricadait son rectangle et parvenait, peu importe la manière, à marquer un but de plus que l’adversaire. Cela a été la marque de fabrique sous Otto Rehhagel. C’est simple : en quart contre la France, en demie contre la République tchèque puis en finale face au Portugal d’un jeune prometteur, un certain Cristiano Ronaldo, les Grecs ont chaque fois gagné 1-0. "C’était une surprise totale. Nous n’avions que 12 ou 13 bons joueurs", admettra quelques temps plus tard le buteur Angelos Charisteas.
Mais la suite n’a pas été simple à assumer. Pas de qualification pour la Coupe du monde 2006, puis une piteuse élimination dès la phase de groupe de l’Euro 2008, après trois défaites en autant de matchs. L’euphorie retombée, les Dieux grecs sont redevenus des footeux lambda.
Qualifiée in extremis pour la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, après un barrage disputé contre l’Ukraine, la Grèce remporte son tout premier match dans une phase finale mondiale, face au Nigéria (2-1). Le dernier fait d’arme du "Roi Otto", qui quittera la sélection dans la foulée après neuf ans à sa tête.
En parallèle, le championnat grec, touché par la crise financière, est déjà sous le feu nourri des critiques, et le niveau de la formation régresse.
La dure succession de Rehhagel
La succession de Rehhagel est assurée par le Portugais Fernando Santos, un homme de poigne. Il impose sa griffe et les Grecs terminent les qualifications pour l’Euro 2012 en tête de leur groupe, devant la Croatie. Plutôt brillant. A l’Euro, emmenés par Sokratis, Ninis, Samaras et l’éternel Katsouranis, ils arrachent même leur ticket pour les quarts de finale et sont sortis avec les honneurs face à l’Allemagne (4-2). Mais la suite sera moins rose.
La qualification pour le Mondial 2014 est pénible, bien que Fernando Santos hisse tant bien que mal la Grèce en huitième de finale, avant d’annoncer son départ. Le déclin grec est entamé.
Karagounis et Katsouranis, deux des derniers leaders de 2004 encore en activité, raccrochent. La campagne éliminatoire pour l’Euro 2016 est un fiasco intégral. Claudio Ranieri, nommé quelques mois plus tôt, est rapidement remercié. La Grèce terminera dernière de son groupe derrière… les Iles Féroé.
Corruption et carrousel
En coulisses, c’est aussi le foutoir. La Fédération grecque, en conflit avec le gouvernement, est placée sous la tutelle de la FIFA, pour un assainissement nécessaire. La corruption, les petits jeux d’influence et la violence décrédibilisent un pays appauvri. Un an plus tard, le Comité de normalisation de l’instance mondiale révèle aussi que la Fédération grecque espionnait ses employés, certains joueurs et entraîneurs.
A la tête de la sélection, c’est le carrousel. Trois entraîneurs se succèdent en moins d’un an, jusqu’à la nomination plus durable de l’Allemand Michael Skibbe, finalement limogé en octobre 2018 après l’échec de la qualification au Mondial 2018 en barrages contre la Croatie, puis des résultats négatifs en Ligue des nations.
Dans la foulée, Angelos Anastasiadis ne restera que huit mois avant que le Néerlandais John van’t Schip n’entame son mandat en juillet 2019. Celui qui doit réinventer un projet de jeu et essayer de replacer durablement la Grèce, pays de passion, sur la carte du football européen.
Aujourd’hui, la Grèce, adversaire de la Belgique ce jeudi en amical, traîne à la 51e place au ranking FIFA et regardera l’Euro à la télévision. Pour initier un nouveau souffle, le pays compte beaucoup sur son nouveau président et ancien député européen, un certain Théodoros Zagorakis. Oui, oui, le meilleur joueur de l’Euro 2004.