Cris racistes et score de tennis: l'étrange balade de l'Angleterre en Bulgarie
Les cris de singe redoutés ont bien résonné à Sofia lundi, mais l'Angleterre est allée au bout de son match et a fait un énorme pas vers la qualification pour l'Euro-2020 en écrasant (6-0) la Bulgarie.
- Publié le 15-10-2019 à 11h47
- Mis à jour le 15-10-2019 à 11h48
Les cris de singe redoutés ont bien résonné à Sofia lundi, mais l'Angleterre est allée au bout de son match et a fait un énorme pas vers la qualification pour l'Euro-2020 en écrasant (6-0) la Bulgarie.
Cela n'a pas empêché la Fédération anglaise d'annoncer, dès la fin du match, qu'elle allait demander à l'UEFA une "enquête urgente", rappelant que "ce n'est pas la première fois que [ses] joueurs sont visés par ce type d'insultes". C'était malheureusement le scénario craint dans ce stade Vassil-Levski, déjà frappé d'un huis-clos partiel pour ce match en raison d'insultes racistes contre le Kosovo en juin.
Et cela n'a pas raté, une frange du public présent s'en est pris verbalement aux joueurs noirs de l'équipe d'Angleterre: le défenseur Tyrone Mings et les attaquants Marcus Rashford et Raheem Sterling. Conformément au protocole UEFA, l'arbitre a d'abord fait faire une annonce par le speaker du stade demandant aux supporters responsables de cesser à la demi-heure de jeu.
Et comme cela ne suffisait pas, il a été à deux doigts de faire regagner les vestiaires aux deux équipes juste à la fin du temps réglementaire de la première période. Après une longue discussion avec les officiels, les équipes anglaise et bulgare, la décision a finalement été prise de jouer les six minutes de temps additionnels jusqu'à la pause.
"On a laissé la parole au football"
"Je dois dire que les officiels ont été très réactifs. Nous leur avons rapporté immédiatement ce que nous avons entendu, nous avons été en communication constante avec l'officiel au bord du terrain et les arbitres", a souligné le sélectionneur anglais Gareth Southgate après le match, tout en qualifiant tout de même les incidents de "situation inacceptable". "On a donné une belle réponse, (montré) une grande solidarité et au final on a laissé la parole au football", a jugé de son côté Mings, l'une des cibles des chants racistes.
Et effectivement, sur le terrain, le football a parlé très clairement. Accrochés en République tchèque vendredi, avec une défaite 2-1 après un parcours parfait jusqu'alors, les Three Lions ont ressorti les griffes et mis en pièces une bien faible Bulgarie. Un but de Rashford, pourtant à la peine avec Manchester United en ce début de saison, dès la 7e minute, un doublé de Ross Barkley, lui aussi en difficulté pour avoir une place de titulaire au milieu à Chelsea (2-0, 21e et 3-0, 32e), et une réalisation de Sterling (4-0, 45+4) et le score à la pause était déjà de 4-0.
Sterling s'est offert un doublé (5-0, 69e) avant que Kane rajoute un 6e but à six minutes de la fin. La victoire du Kosovo contre le Monténégro (2-0) fait que l'Angleterre n'est pas encore mathématiquement qualifiée, mais il ne lui manque qu'un point à prendre contre le Monténégro à domicile ou au Kosovo pour valider son billet.
Mauvaise foi et secousses en Bulgarie
"Je n'ai personnellement rien entendu", a répondu le sélectionneur bulgare Krasimir Balakov, interrogé à la télévision (ITV) au sujet des lamentables cris racistes des supporters, après la fête gâchée de l'équipe anglaise. "J'ai par contre très bien entendu qu'ils (les supporters anglais, ndlr), ont sifflé notre hymne national. Et j'ai aussi bien vu que l'arbitre arrêtait le match. Maintenant si cela devait quand même être vrai, et prouvé, j'en serais désolé. On ne peut pas tout contrôler. Je ne crois pas que le match a été arrêté à cause de chants racistes, mais plutôt à cause d'une bannière qui ne plaisait pas à l'UEFA. Le droit bulgare ne permettait pourtant pas de l'interdire. On ne veut en tout cas pas de racisme dans notre pays. Je sais qu'il y a parfois des incidents de ce genre en Angleterre, mais pas chez nous...", a conclu de très mauvaise fois Krasimir Balakov, un des héros de l'épopée du mondial'1994 (4e).
Le premier ministre bulgare Boïko Borissov a, lui, réclamé mardi la "démission immédiate" du président de la fédération bulgare de football Borislav Mihaylov, après les cris racistes ayant perturbé lundi le match de qualification à l'Euro-2020 entre la Bulgarie et l'Angleterre. "Il est inadmissible que la Bulgarie, l'un des pays les plus tolérants du monde soit associée au racisme et à la xénophobie, alors que des personnes d'ethnies et de religions différentes y vivent ensemble en paix", a écrit sur sa page Facebook le chef du gouvernement suite à cette rencontre perdue par son pays (0-6).