Paroles d’ex avec Cédric Fauré, l’ancien de l’Union et de l’Antwerp : “Et là, mon capitaine est arrivé par derrière et m’a mis un coup de poing”
L’ancien attaquant revient sur les souvenirs de sa longue carrière passée entre la France et la Belgique.
- Publié le 08-05-2024 à 18h15
- Mis à jour le 09-05-2024 à 07h26
Ce jeudi, Cédric Fauré sera présent dans les gradins du stade Roi Baudouin. “J’ai pris des places derrière le but avec mon meilleur ami qui est un fan unioniste”, explique celui qui verra s’affronter deux de ses anciennes équipes, l’Union et l’Antwerp, en finale de la Coupe de Belgique.
Au total, le Toulousain de 45 ans est passé par 11 clubs en 22 ans de carrière, inscrivant plus de 200 buts au bout de plus de 500 matchs professionnels. Désormais coach de l’Union Namur, en Nationale 1, Fauré s’est souvenu de ses meilleurs et moins bons souvenirs vécus tout au long d’une carrière bien riche. De Karim Benzema à Felice Mazzù en passant par son transfert polémique à l’Antwerp.
Qui est le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
”Il y en a eu beaucoup mais celui qui ressortait du lot était Karim Benzema que j’ai affronté avec Le Havre contre Lyon. Je me souviens d’un geste technique qu’il avait fait le long de la ligne de touche pour mettre trois joueurs dans le vent… J’avais vu qu’il avait un énorme potentiel qu’il a ensuite confirmé durant toute sa carrière. On pouvait déjà voir à sa façon de jouer qu’il avait de quoi devenir l’un des meilleurs attaquants au monde.”
Le joueur le plus fêtard ?
”J’ai rencontré beaucoup de joueurs qui aimaient bien décompresser un petit peu après les matchs (sourire). Steve Savidan, qui jouait à Valenciennes, était pas mal connu pour bien faire la fête. Cela ne l’empêchait pas d’être un super joueur quand il montait sur le terrain. Personnellement, j’essayais d’être assez sérieux même si aller boire un verre ou deux de temps en temps faisait partie de la vie. Il faut rester humain quand on est footballeur pro… Mais je profitais surtout lors des dix premiers jours de vacances après les saisons : je descendais avec ma famille dans le sud de la France et je décompressais avec des apéros et des barbecues.”
De temps en temps, cela peut en venir aux mains dans un vestiaire.
La plus grosse engueulade dans le vestiaire ?
”Cela s’est passé à Reims avec Alexandre Barbier qui était capitaine de l’équipe. Ce n’est pas une engueulade, c’est carrément une bagarre après une dispute sur le terrain et des paroles qui ont été lancées de part et d’autre. Je pensais que la situation s’était calmée mais ce n’était pas le cas : j’étais en train de boire et là, il est arrivé par derrière avec un coup de poing que j’ai pris dans le visage. Ce genre de choses fait partie du métier, on voit plus souvent nos coéquipiers que nos femmes donc ce n’est pas rare qu’il y ait de grosses tensions dans le vestiaire. Et de temps en temps, cela peut en venir aux mains. Certains oublient parfois que cela reste un métier très difficile psychologiquement avec des gars qui se battent pour gagner leur place.”
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
”Chaque entraîneur m’a sincèrement appris des choses. J’ai eu par exemple Jean-Louis Gasset qui était très paternel et coache maintenant l’OM. Mais celui avec qui je me suis le mieux entendu était Felice Mazzù, à Charleroi. Il vit une période assez compliquée depuis son départ de l’Union. Son retour à Charleroi ? Je dis souvent que cela finit un jour par cramer quand on fait du réchauffé. C’était logique de sa part de retourner vers le club qu’il aimait le plus mais le Charleroi actuel était différent de celui de son premier passage. Les moins bons moments vécus récemment n’enlèvent rien à ses qualités d’entraîneur, il doit juste retrouver le bon club.”
Votre plus beau but ?
”Le plus beau et le plus important était lors d’un match entre Reims et Troyes en 2012. À la 93e minute, je mets une reprise de volée acrobatique pour inscrire le seul but du match dans ce derby entre deux équipes qui se battaient pour la montée en Ligue 1. Tout y était entre le timing dans la rencontre, l’importance du match et la beauté de l’action. Les supporters rémois m’en parlent encore aujourd’hui… J’ai toujours eu une proximité avec les fans dans tous les clubs où je suis passé. Ce sont eux qui font réellement vivre les clubs. Les présidents, les coachs ou les joueurs ne font que passer alors que les supporters sont l’âme du club. Ce sont eux qui font la beauté du football.”
Votre plus gros regret ?
”Au tout début de ma carrière, j’ai fait confiance à deux agents. L’un des deux était un ami et débutait dans le métier d’agent, j’ai voulu lui faire plaisir en acceptant qu’il s’occupe de moi mais c’était une erreur. Si j’avais pris quelqu’un de plus confirmé à cette époque, j’aurais eu une carrière différente. Avec leur manque d’expérience, mes deux agents se faisaient bouffer par les présidents de clubs expérimentés. Après mes débuts en Ligue 1 avec Toulouse, des clubs comme Sochaux, Nice, Southampton ou Fulham et Middlesbrough me voulaient… mais je signe finalement à Guingamp à cause de l’incompétence de mes agents. C’est difficile de choisir le bon agent qui peut vite oublier un joueur quand celui-ci performe moins bien. Une carrière se joue toujours à des détails donc il faut réussir à trouver celui qui sera là même dans les moments difficiles et c’est ce qui est le plus compliqué.”
J'ai perdu de l'argent en passant de l'Union à l'Antwerp.
La plus belle ambiance dans un stade ?
”Je ne vais certainement pas me faire des amis avec ma réponse (sourire). Mais je vais dire l’ambiance à l’Antwerp. C’était en partie pour cela que j’ai quitté l’Union pour ce club en janvier 2016. Le président unioniste Jürgen Baatzsch avait dit que j’étais parti pour l’argent mais c’est faux, je perdais 2000 euros en passant à Anvers. L’Union ne m’avait pas donné les garanties d’accéder en D1A, au contraire de l’Antwerp où il y avait une ambiance extraordinaire. C’était encore dans leur ancien stade, je me rappelle encore du 'You’ll never walk alone' qui me donnait des frissons quand je montais sur le terrain surtout en tant que grand fan de Liverpool. C’est l’une des plus belles ambiances dans laquelle j’ai joué.”
S’agit-il de votre transfert le plus polémique ?
”Oui, des fans de l’Union me parlent encore aujourd’hui de ce transfert… Le jour de la reprise des entraînements, j’avais demandé une réunion à la direction mais le président était parti en vacances… Il avait mieux à faire que s’occuper de son équipe, c’était un manque de respect de sa part. Je n’avais pas non plus apprécié les caricatures qu’il avait postées sur sa page Facebook. En plus, j’étais moche sur ces caricatures et cela ne me ressemblait pas (sourire). Sur la première photo, il m’avait dessiné avec une bulle : 'Je suis triste de partir de l’Union'. Sur la seconde photo, il y avait des billets jusqu’en haut de ma nuque avec une bulle : 'Tout compte fait, je ne suis pas triste'. Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme prévu à l’Antwerp avec un entraîneur incompétent (NdlR : David Gevaert, actuellement sans club) qui ne m’a plus fait jouer après une seule rencontre. Les conditions étaient difficiles : il fallait être au club à 8h mais je devais partir avant 6h pour passer les embouteillages de Vilvorde. J’arrivais à 7h30, je restais une demi-heure sur le parking et parfois je redormais un peu dans ma voiture. Mais je ne regrette pas d’avoir joué pour l’Antwerp qui reste un grand club en Belgique.”
Votre plus gros fou rire ?
”Quand j’étais à Reims, l’ancien Standarman Cédric Collet avait malheureusement eu le cancer des testicules. Les médecins lui en avaient mis un faux et il était allé faire croire au kiné du club qu’il fallait lui masser le faux testicule une fois par semaine pour éviter les problèmes (rires). Le kiné, qui était un jeune débutant dans le métier, est devenu tout rouge et a failli commencer à le masser jusqu’à ce qu’on lui dise que c’était une blague. On a tous explosé de rire, cela fait partie des bons souvenirs.”
L'ancien Standardman a fait croire au kiné qu'il fallait lui masser son faux testicule.
L’anecdote que vous n’avez jamais racontée ?
”Je pense que tout le monde sait tout de ma carrière. Il y a peut-être juste le fait qu’Antoine Kombouaré voulait me transférer à deux reprises, quand il était à Strasbourg puis à Valenciennes. Après un premier refus, il m’a rappelé et m’a dit : 'Tu es le seul joueur que je rappelle deux fois car normalement je ne reviens pas vers un joueur après un premier non'. Mais je lui ai encore dit non (sourire). J’ai donc eu la chance d’avoir été appelé deux fois par Antoine Kombouaré alors qu’il n’appelle normalement qu’une seule fois les joueurs.”