"Match par match": changement de stratégie, à l’Union, où l'on a choisi de ne plus parler ouvertement du titre de champion
Si l’ambition d’être championne a longtemps été évoquée par l’ex-leader, les discours ont changé depuis trois semaines.
- Publié le 03-05-2024 à 06h44
C’était une transformation assez évidente, dans les discours unionistes, par rapport aux saisons précédentes : le mot “titre” n’était plus tabou. Rarement utilisé lorsque les joueurs étaient interrogés sur leurs ambitions la saison de leur retour en D1, il l'était un peu plus la saison suivante. Mais voilà, le fait que les Saint-Gillois aient démarré les playoffs 2023 par une défaite et le fait qu’ils n’aient jamais occupé la première place avant la toute dernière journée ne les poussait pas à clamer haut et fort leur envie de remporter le championnat, même si celle-ci était bien là. Cela se faisait à demi-mot, à l’image d’une position au classement en embuscade.
On ne peut pas se cacher et dire autre chose que 'On veut être champion'
Mais cette saison, les choses étaient différentes. Au fil de la phase classique, les cadres unionistes ne cachaient plus le seul et unique objectif. Après être passé à côté de la montre en or deux fois, il n’était plus question de se louper une troisième. Loïc Lapoussin le disait déjà en janvier, Anthony Moris aussi. Dennis Eckert ne mâchait pas ses mots non plus en mars, révélant même une forme d’obsession : “Je ne veux entendre personne dans le vestiaire dire autre chose que 'On va gagner la Coupe et le championnat'.” “Si vous voulez être champion, il faut l’assumer, c’est important. On ne peut pas se cacher. On ne peut pas arriver en tête et dire autre chose que ‘On veut être champion”, précisait Cameron Puertas avant les playoffs. C’est assez rare de voir une équipe belge assumer ce but. Dire aujourd’hui qu’il ne fallait pas tenir ces discours serait oublier la solidité affichée par le leader en championnat et dans la deuxième moitié de son parcours européen.
Même Machida...
Même Machida, d’un naturel plutôt discret, ne cachait pas que l’objectif 2024 était celui-là. “Oui, j’ai vu que Koki en avait parlé”, répondait d’ailleurs Blessin lorsqu’on l’interrogeait sur les mots de ses joueurs, avant les playoffs. “Je lui ai dit : 'Vraiment, Koki, même toi ? Tu as déclaré ça ?' Je leur ai dit qu’ils peuvent affirmer ce qu’ils veulent, mais qu’ils n’oublient pas que le chemin est encore long”. Il faut être de bon compte et préciser que le discours du T1 n’a jamais varié. L’Allemand sentait bien que tout pouvait basculer une fois la division des points effectuée. “Désolé, je suis le rabat-joie, mais c’est mon rôle de ramener tout le monde les pieds sur terre. Nous n’avons encore rien en mains”, disait-il aussi bien après le titre honorifique de champion d’automne qu’à la fin de la phase classique. “Tout le monde pourra battre tout le monde en playoffs ; on est si proches les uns des autres. Vous n’allez pas me dire qu’on est favori parce qu’on a trois points d’avance”, argumentait-il avant l’entame du tour final.
La mise au point de Blessin
Depuis trois semaines, ce sont les discours de ses joueurs qui ont changé. Il se dit que le président, Alex Muzio, lui-même a fait savoir qu’il ne voulait plus entendre parler du titre après la défaite subie contre Bruges. Blessin ne niait pas avant la double confrontation face à l’Antwerp avoir remis les choses au point avec ses joueurs : “Pour être honnête, je leur ai dit que lorsqu’on perd quatre matchs d’affilée, ce n’est plus vraiment nécessaire de parler de titre. Que la concentration doit être mise sur le prochain match et plus sur le fait de se dire 'Si on gagne ceci, alors on pourra viser cela'.”
Un retour au sacro-saint “match après match”, comme le disait Noah Sadiki après le six sur six face à l’Antwerp. “Le titre ? On ne parle plus de ça, non. Si on le décroche, c’est qu’on le mérite. Si on ne l’a pas, c’est qu’on ne le mérite pas. C’est très clair à ce sujet.”
Moins de pression
Cet ajustement de langage, qui intervient alors que rien n’est encore perdu, n’est pas juste une coquetterie. Elle permet à l’Union de moins s’exposer, d'évacuer un peu de pression et de retrouver un statut d’outsider qui lui convient probablement mieux. “Ce n’est pas toujours l’équipe qui est devant qui gagne la course ; c’est parfois pas mal d’être l’équipe qui vient de derrière”, disait la semaine passée Mathias Rasmussen. En embuscade, prêts à sauter sur la ligne les deux géants du foot belge que sont Anderlecht et Bruges, Moris et les siens attendent leur heure. Gagner les deux prochains matchs de championnat face au RSCA et au Club les replacerait en position idéale avant les deux dernières journées. Mais on ne regarde plus si loin, désormais, à Saint-Gilles. On se concentre juste sur le derby de dimanche.