La presse pro-Anderlecht, les décisions arbitrales pour les gros et l’Union un petit club : décryptage du coup de gueule d’Alex Blessin
Le T1 unioniste était assez remonté lors de la conférence de presse d’avant-match.
- Publié le 06-04-2024 à 07h33
Il est arrivé décontracté, casquette vissée sur la tête, dans la salle de presse du centre d’entraînement de l’Union à Lier. Après avoir salué avec le sourire les trois journalistes présents, Alex Blessin a semblé vouloir rapidement en découdre (”J’attends vos questions !”) tout en touchant nerveusement la nappe à l’effigie de l’Union recouvrant la table principale. “Je n’aime pas les plis, il faudrait la repasser…”
Après une première question sur le retour d’Amoura puis une seconde sur celui de Mac Allister, le T1 unioniste a rapidement orienté l’entrevue avec une phrase choc : “La plupart des journaux et des émissions télés veulent qu’Anderlecht soit champion. Mais ce n’est pas une raison pour parler de l’Union d’une manière aussi négative.”
Ce n’était alors que le début d’une prise de parole surprenante du coach allemand qui semblait avoir minutieusement préparé son coup. Analyse en trois points des propos tenus par Alexander Blessin lors de cette conférence de presse qui ne ressemblait à aucune autre depuis le début de la saison.
La presse pro-Anderlecht ?
D’entrée de jeu, Blessin a voulu viser une certaine presse. “Nous faisons une saison presque parfaite et la majorité de la presse n’attend qu’une chose : que nous soyons en difficulté. Il a suffi d’une seule défaite pour que tout le monde dise que tout s’écroule pour l’Union et que la voie est libre pour Anderlecht. J’ai vraiment l’impression qu’ils essayent d’implémenter une énergie négative sur mon équipe. La plupart des gens veulent qu’Anderlecht soit champion. Certains veulent qu’un plus grand club gagne le titre, je l’accepte et nous n’avons plus qu’à nous battre sur le terrain contre cela.”
Qui Blessin visait-il avec ses propos ? Après la défaite contre Genk, la presse francophone a pointé du doigt les manquements mais sans remettre tout en question. L’entraîneur unioniste a certainement été plus vexé par les propos de certains analystes néerlandophones comme Marc Degryse, personnage très écouté en Flandre et loin d’être tendre avec l’Union ces dernières semaines : “L’équipe est dans une spirale négative, explique l’ancien joueur d’Anderlecht. J’ai vu des doutes s’installer dans les têtes à Genk. Pendant ce temps-là, on sent que tout se passe bien à Anderlecht.”
Certains veulent qu'un plus grand club gagne le titre.
D’autres propos venus de Flandre (”La première mi-temps a été inquiétante à Genk avec l’ADN de l’Union qui était absent. C’est un constat frappant à l’aube des playoffs.”) sont certainement aussi remontés aux oreilles de Blessin et ses joueurs qui les prennent comme une source de motivation supplémentaire.
Il ne faut toutefois pas oublier que beaucoup d’observateurs avancent que l’Union mérite ce titre de champion vu les efforts consentis depuis trois saisons. Chez les supporters, la cote de popularité du club reste élevée avec de nombreux fans d’autres équipes voyant d’un bon oeil un possible titre unioniste.
Les décisions arbitrales pour les gros ?
Sans avoir été questionné sur le sujet, Blessin a ensuite pris le département arbitrage en grippe. “J’ai le sentiment que cela ne va pas dans la bonne direction ces derniers matchs. On ne donne pas rouge sur la situation avec Machida à l’Antwerp (NdlR : il a reçu un tacle à la gorge de la part de Bataille) puis le département arbitrage explique le lendemain qu’il fallait donner rouge. Pareil avec la faute de main de Kerk au même match, qui amène le but égalisateur de l’Antwerp, qu’il fallait finalement annuler. Dans l’autre sens, lors de la situation de match avec Thorgan Hazard lors d’Anderlecht-Antwerp (NdlR : Wijndal a été exclu pour avoir touché légèrement le visage d’Hazard qui s’est effondré dans la foulée), cela doit être jaune pour les deux joueurs ! Pendant ce temps-là, personne ne parle de la faute claire sur Nilsson à Genk qu’on siffle tout le temps si elle est faite au milieu du terrain. Nous voulons une compétition équitable avec la meilleure équipe qui gagne le titre au bout du compte.”
Alex Blessin se sent lésé ces dernières semaines et à juste titre. Cela avait débuté par un penalty donné à Westerlo amenant l’égalisation campinoise dans les arrêts de jeu (”Le VAR n’aurait pas dû intervenir”, a expliqué ensuite le département arbitrage). Cela a continué lors du dernier match de la phase classique à l’Antwerp après un tackle dangereux de Bataille sur Machida (”Nous aurions souhaité voir un carton rouge”, a analysé le même département arbitrage) puis une faute de main de Kerk sur le but égalisateur dans le temps additionnel (”Il n’y avait aucune image établissant avec certitude que le ballon a été touché de la main”, malgré des images télé assez claires) Toutefois, d’après le département arbitrage, l’exclusion de Wijndal est logique malgré le plongeon théâtral de Hazard.
L’Union, un petit club ?
Blessin a terminé en affirmant que tout cela était dû au fait que l’Union était encore vue comme un petit club. “Beaucoup de gens voient encore l’Union comme un petit club. La seule chose à faire pour empêcher les gens de penser cela est d’aller chercher un trophée. Je suis peut-être un peu plus sensible à cela maintenant parce que ça m’est arrivé avec Ostende il y a quelques années : c’était toujours tout pour les gros clubs. En fin de saison, nous étions devant Anderlecht et nous avions dû faire face à des buts annulés ou concédés à cause du VAR. Je sens aujourd’hui qu’on va dans la même direction.”
Beaucoup de gens voient encore l'Union comme un petit club.
Fin février, Alex Blessin avait bien pris note de la remarque de l’entraîneur anderlechtois Brian Riemer qui avait expliqué que l’Union n’était pas un grand club (”Quand vous n’êtes pas un grand club et que les attentes sont énormes, ce n’est pas évident”) Cela avait toutefois été une source de motivation pour son équipe. L’Union est-elle pour autant vraiment un petit club ? D’un point de vue supporters, merchandising ou encore stade, la réponse est positive. D’un point de vue sportif, les récents résultats pourraient permettre au club d’atteindre le G5. Même si seulement un trophée changera pour de bon le statut de l’Union.