Il entraînait encore des plombiers gallois il y a deux ans; aujourd’hui, il va guider le Club Bruges durant les playoffs : qui est Nicky Hayen ?
L’intérimaire s’est forgé dans les divisions inférieures en Belgique, à Saint-Trond, à Beveren, au Pays de Galles ou encore au Club NXT.
- Publié le 01-04-2024 à 09h58
Une tradition. Philippe Clement, Carl Hoefkens et Rik De Mil ont emprunté le même chemin : des équipes de jeunes du Club Bruges à l’équipe première. Alors que les dirigeants cherchent un successeur à Ronny Deila pour la saison prochaine, Nicky Hayen assurera les responsabilités de T1 des Blauw en Zwart durant les playoffs.
Au Club NXT, le Limbourgeois a participé à l’éclosion de talents comme Spileers, Sabbe, Talbi, Ordonez ou encore Barbera. Il y a fait forte impression. Ce qui a séduit ? Ses analyses méticuleuses, sa personnalité plutôt calme et sa vision offensive.
Tant de qualités qu’il peaufine depuis qu’il a entamé ses cours d’entraîneurs dès le début de sa vingtaine. Histoire d’avoir un temps d’avance “quand il finirait sa carrière à 35 ou 36 ans”, avait-il raconté à Het Belang van Limburg. Finalement, le robuste défenseur a raccroché bien plus tôt à la suite de pépins physiques récurrents. Dès ses 32 printemps, il a pu se concentrer sur sa reconversion.
D’un Vanaken à un autre
Celui qui a aussi combiné le métier de footballeur avec celui d’animateur radio local au début des années 2000 compte déjà onze clubs sur son CV de coach. S’il a aussi connu une courte expérience en Arabie saoudite en tant qu’assistant de Marc Brys, il a commencé dans les séries amateurs. Chez Dender, Zwarte Leeuw, Tirlemont, Berchem ou encore Geel, où il a eu Sam Vanaken et Mylan Carrasco, les “frères de”, sous ses ordres. Après des résultats mitigés, il a intégré le centre de formation de Saint-Trond. Dans le club de sa ville natale, il a gravi les échelons jusqu’au poste d’adjoint de l’équipe première (et d’entraîneur intérim).
Sa première véritable expérience en tant que T1 au sein de l’élite ? À Waasland-Beveren, où il n’a pas réussi à éviter la relégation en 2021. Mais où il a croisé la route de Daan Heymans. “C’est un des meilleurs entraîneurs que j’ai eu, a avoué le Carolo à HNB. Je sentais qu’il avait le potentiel pour entraîner un club du top. Mais peut-être pas aussi rapidement.”
La descente du club a sonné la fin de son aventure. Le Limbourgeois a passé six mois sur la touche avant de retrouver de l’embauche au… Pays de Galles. “C’est la première fois que je devais engager un entraîneur, commence Rob Edwards, président du club semi-pro de Haverfordwest County (D1 galloise). Nous avons mis une annonce et reçu quelques sollicitations de vieux 'dinosaures' et habitués de la ligue. Nicky a été introduit par un agent avec lequel nous avons brièvement travaillé.”
Les charpentiers, toituriers, maçons…
Le CV d’Hayen est sorti du lot. En plus d’être jeune et ambitieux, le Belge présente l’avantage d’avoir une licence pro nécessaire pour disputer les compétitions européennes. “Et c’était notre objectif, avoue Edwards. Rien que par sa vision du foot, Nicky se démarquait. Il était aussi le candidat qui présentait le plus de risques… Sans compter que c’était un casse-tête administratif pour l’engager car il fallait qu’il obtienne un permis de travail. Nous ne pouvions pas trop attendre, étant dans une position de relégable. Donc, dans un premier temps, nous avons abandonné la piste pour au final faire marche arrière. Ça restait un gros pari.”
Parce qu’Hayen y est confronté à une culture tout à fait différente. Il a fallu voir si sa méthode allait coller avec des joueurs qui ne s’entraînent que deux fois par semaine. “À Beveren, il avait quand même travaillé avec des pros et des internationaux. Dans notre équipe, nous avions des profs, plombiers, charpentiers, toituriers, maçons…”
Chaque matin, Nicky envoyait 6-7 questions par message à tous les joueurs.
La télé de 40 pouces partout
Au bout du compte, le Trudonnaire, avec ses idées neuves, a rapidement connu le succès. À cinq points de la zone rouge au moment où il a repris les rênes, Haverfordwest County a presque atteint les playoffs. “À dix jours d’intervalle, il a battu les records des plus grandes victoires à domicile (6-1) et à l’extérieur (0-6). Ça a fait mal au niveau des primes. Mais ça valait la peine (rires).”
Le 3-5-2 a fait des ravages dans une division où le 4-4-2 et les longs ballons étaient rois. “Chaque matin, Nicky envoyait par message six-sept questions à tous les joueurs pour savoir s’ils avaient bien dormi, s’ils se sentaient bien… Il prenait tous ces éléments en compte lors des entraînements. Il emportait une télé de 40 pouces partout avec lui pour des analyses vidéos. En dix matchs à peine, il connaissait déjà tout de tous les joueurs adverses.”
Et, au bout de six mois, il fait déjà ses valises pour sauter sur une occasion en or : entraîner les jeunes des Blauw en Zwart. “Il venait de signer une prolongation de contrat en plus. Un jour avant qu’il ne revienne pour préparer la saison, j’ai reçu un mail du Club Bruges. C’était surréaliste…”