”En Norvège, je peux dire que le Roi est un trou du cul” : Ronny Deila avait des messages à faire passer après la victoire de Bruges contre Molde
Ronny Deila a chargé la presse et son CA malgré la qualification de Bruges contre Molde en Conference League.
- Publié le 15-03-2024 à 10h39
Ronny Deila en avait gros sur la patate après la belle qualification de son équipe et sa victoire contre Molde. Pour exprimer son ressenti, il a pris sa mitraillette pour tirer sur à peu près tout le monde, sauf ses joueurs. Avec un message central : il n’a pas du tout apprécié l’environnement néfaste autour de son groupe ces dernières semaines.
Une “tempête de merde”
Dans un long monologue, le Norvégien s’est d’abord attaqué aux médias. “La presse cherche le sang et monte les gens les uns contre les autres pour trouver la cause des mauvais résultats. C’est ce qu’il faut éviter à tout prix”, a-t-il commencé en conférence de presse.
”C’était une tempête de merde. Mais je dois en rire. Parce que tout ce qui est écrit est forcément vrai…”. Cynique, l’ex-coach du Standard est énervé par l’atmosphère qui entoure le club de la Venise du Nord. “Je lis des articles de presse alors que personne n’a été interviewé. Je lis ensuite ce que j’ai dit dans le vestiaire dimanche après la victoire contre l’OHL, que j’étais content.”
Visiblement, il a estimé qu’on lui reprochait cet élan de positivisme après la victoire contre le modeste Louvain. “Quand je lis ce genre de choses, je suis obligé de rire. J’étais en colère après la défaite à Molde à cause de ce contre-but en fin de match. Deux jours et demi plus tard, nous devions gagner. Je ne suis effectivement pas revenu dans le vestiaire en disant que tout allait mal. Ce n’est pas en poussant les gens la tête la première dans le ravin qu’on les rend meilleurs. Si c’est le cas, vous ne connaissez rien au football. Je l’admets : nous ne jouons pas de manière fantastique. Mais des choses positives sont perceptibles et nous devons construire sur cette base.”
Selon lui, la plus belle preuve est cette qualification contre Molde. “On a quand même le droit de fêter une victoire, n’est-ce pas ? N’avons-nous pas le droit de nous amuser ?”, s’est-il questionné.
Il a également tenu à défendre sa méthode avec des exemples concrets. “Skov Olsen a joué 3 600 minutes en 7 mois, contre 3 300 minutes en 16 mois. Et il a marqué 22 buts aujourd’hui.” Il s’est ensuite attardé sur le cas Nusa. “On me reproche de ne pas le mettre et de préférer Zinckernagel. Comment puis-je utiliser Nusa s’il n’est jamais à l’abri d’une blessure ? Vous pouvez dire ce que vous voulez à propos de mes choix, mais il faut que cela soit vrai. Qui ne voudrait pas faire jouer Nusa ? Moi, je veux le protéger.”
”En Norvège, je peux dire au roi qu’il est un trou du cul”
Lorsqu’un club est dans la difficulté, se rebeller contre la presse est un processus classique. En revanche, ça l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit de remettre en cause son conseil d’administration.
La veille du retour capital contre Molde, Deila avait indiqué qu’il appartenait au conseil d’administration de décider de son avenir. Dans la salle, un journaliste lui a demandé de savoir si le CA avait reconnu cette belle prestation retour. “Je ne veux pas mettre d’énergie là-dedans. Je suis une personne honnête. Je dis toujours ce que je pense”, a-t-il coupé.
Avant de partir dans une phrase assez lunaire. “En Norvège, nous ne pensons pas en termes de hiérarchie. Le respect est la chose la plus importante, peu importe qui vous êtes. En Norvège, je peux dire au roi qu’il est un trou du cul, s’il est un trou du cul. C’est comme ça que ça marche en Norvège, mais c’est peut-être différent dans d’autres pays. Pour moi, le respect signifie montrer qui l’on est et promouvoir les bonnes valeurs.”
”Les joueurs m’ont soutenu de façon inconditionnelle”
Il admet avoir connu des semaines difficiles. Une émotion qu’il avait d’ailleurs du mal à cacher après la contre-performance de jeudi dernier. “J’ai dit aux joueurs de ne pas jouer pour moi, mais pour eux”, a-t-il confirmé. “Aujourd’hui, les gens me pointent du doigt parce que je suis responsable. Les joueurs ne doivent pas se mêler de cela. Je peux me débrouiller tout seul. Les joueurs ne doivent pas penser que c’est de leur faute. Ils m’ont soutenu de manière inconditionnelle et vont de l’avant à chaque match. Je voulais leur faire passer ce message”.
Le Norvégien a encore adressé un petit tacle aux journalistes. “Je sais que vous parlez à des gens du club et que des choses apparaissent ensuite dans le vestiaire. Je n’ai jamais vu cela de ma vie. J’ai connu de très bons clubs. Au Celtic Glasgow, c’était loin d’être le cas…”
Enfin, il a tenu à prôner l’unité pour bien terminer la saison. “Nous devons travailler ensemble en tant que club. Bien sûr, il s’agit des résultats. Mais il y a beaucoup plus que cela. Je ne crois pas qu’il faille mettre de la pression et de la peur dans l’organisation, parce qu’alors on pousse les joueurs vers le bas. J’accepte cette pression. Les jeunes joueurs ont besoin de confiance, ils peuvent alors montrer leur qualité et leur potentiel.”
Ce qui devra se vérifier en championnat, mais aussi en Europe. Avec quelles ambitions ? “Nous avons déjà battu des équipes comme Besiktas, donc nous pensons que tout est possible. Nous sommes prêts à affronter n’importe quel adversaire.” Voilà qui est déjà plus positif.