Comment Antoine Bernier est passé de supersub à l’homme du maintien : “Auparavant, je n’avais pas reçu vraiment ma chance”
En un mois, Antoine Bernier a troqué son rôle de joker à homme décisif pour le maintien.
- Publié le 03-05-2024 à 11h11
Les mots sont signés par Mehdi Bayat dans la zone mixte du Kerhweg et la caisse de résonance est du coup d’autant plus grande. “Quand il y a un changement d’entraîneur, certaines personnes se retrouvent moins en vue et d’autres prennent l’ascendant. Je pense à Antoine Bernier par rapport à ce qu’il a montré sur les trois derniers matchs. Ce soir, c’est son but qui est le plus important.”
En ouvrant le score rapidement à Eupen d’une frappe tendue il y a une semaine, Bernier a offert le maintien à Charleroi. Les plus tatillons prétexteront que dans les faits, c’est la réalisation de Dabbagh qui a permis aux Zèbres de garder leur avantage quand les germanophones ont réduit le score mais en vérité, le but du Dinantais a créé la différence.
Il ne faut pas oublier non plus que sans son égalisation à Courtrai lors du deuxième match des playdowns, Charleroi se retrouverait dans une situation complexe. “Personnellement, ça fait du bien pour la confiance car je vivais une saison difficile”, s’exclame-t-il. Il y a un mois, l’ancien Sérésien ne pouvait s’imaginer en héros du maintien, pas plus que nous.
Sous Mazzù, des entrées en jeu tardives l’attendaient et ses titularisations se sont comptées sur les doigts de deux mains. Même s’il n’a pas toujours profité de ces huit présences dans le onze de base de l’ancien coach, le joueur de 26 ans était placé dans des conditions compliquées alors que ses sorties de banc n’ont quasiment jamais déçu. “Auparavant, je n’avais pas reçu vraiment ma chance. Je n’ai pas vraiment compris car quand je montais sur le terrain, c’était déjà 3 ou 4-0. C'était difficile de me montrer.”
C'était difficile de me montrer quand je montais à 3 ou 4-0.
Ça ne l’a pas empêché de réduire l’écart à Anvers et contre le Club Bruges en l’espace d’une semaine fin janvier. Ce qui lui a permis de commencer le match suivant, victorieux, face à Eupen. Avant de retourner étrangement sur le banc sept jours après à Courtrai. “Le groupe a vécu une saison compliquée. On n’arrivait pas à enchaîner les matchs. C’était dur pour le coach de faire des choix”, adoucit-il par rapport à Mazzù.
Une année 2023 à oublier
Les neuf premiers mois de son aventure chez les Zèbres ont tout de même dû sembler bien longs et loin du projet qu’on lui avait vendu l’an dernier dans le Hainaut lorsqu’il avait pu choisir sa nouvelle destination librement après la fin de son contrat à Seraing. En terre liégeoise, l’exercice s’était déjà avéré sombre. Si les gars du Pairay avaient pu croire jusqu’au bout en leur maintien, c’était bien grâce à Antoine Bernier avec ses trois buts, ses cinq passes décisives et un apport dans le jeu conséquent.
C’est aussi sa pubalgie survenue en janvier 2023 qui avait réduit à néant les chances de sauvetages des Principautaires. En plus de sa blessure qui ne représente jamais une période facile pour un footballeur, le Carolo a dû composer avec la rancune des dirigeants de son ancien club. Les derniers mois là-bas se sont apparentés à un calvaire. “On me faisait venir tous les jours et je devais rester de 10 à 15 h 30. Je m’entendais bien avec les kinés donc je me rendais dans leur salle mais le team manager me disait que je ne pouvais pas rester là. Je lui disais je vais où alors ? nous confiait-il en août dernier. Il ne voulait pas que je sois dans la salle des kinés mais il m’obligeait à rester au centre d’entraînement. L’après-midi, on me laissait avec les kinés de l’équipe U23. C’était à n’y plus rien comprendre.”
Alors que son arrivée aurait dû constituer une éclaircie dans cette année 2023 pluvieuse, il n’en a rien été avec les tâtonnements tactiques de Mazzù où il n’a jamais pu s’installer dans l’équipe. Dès son arrivée, De Mil en a fait un indiscutable en le propulsant comme titulaire indéboulonnable sur l’aile droite de son 4-2-3-1. Une stabilité salvatrice pour le groupe et donc pour lui. “Pour la confiance de tout le monde, ça change et pour les automatismes, c’est ce qui fait du bien.”
Pour la tête mais aussi pour le corps même si celui-ci n’était plus habitué à consentir autant d’efforts. “Les trois premières rencontres, j’ai ressenti des crampes au mollet mais là, ça va mieux”, sourit-il. Après un an et demi compliqué, Bernier peut regarder l’avenir avec bonne humeur. Après avoir été l’homme du maintien, il aspire à devenir l’homme d’une saison. Dès l’an prochain ?