Shamar Nicholson, le nouvel attaquant de Charleroi: "On attend beaucoup de moi ? J’y suis habitué…"
Le nouvel attaquant du Sporting, Shamar Nicholson, va tout mettre en œuvre pour suivre les traces de Victor Osimhen.
- Publié le 17-08-2019 à 13h06
- Mis à jour le 17-08-2019 à 13h07
Le nouvel attaquant du Sporting, Shamar Nicholson, va tout mettre en œuvre pour suivre les traces de Victor Osimhen. Après avoir fait la connaissance de ses nouveaux équipiers mercredi et laissé une bonne impression de par son jeu mais aussi son sérieux et son application, le Jamaïcain Shamar Nicholson a effectué, ce vendredi, son baptême du feu devant les médias. Du haut de son mètre 92, l’ancien joueur du NK Domzale ne s’est pas montré timide mais ne s’est pas encore ouvert totalement. Logique quand on débarque dans un nouvel environnement.
"Le staff et les joueurs m’ont bien accueilli. C’est un groupe de bonnes personnes."
Avec son profil et des statistiques intéressantes, le jeune Jamaïcain (22 ans) a suscité de nombreuses convoitises cet été. Alors que le joueur avait déjà un accord avec Charleroi, Monaco a envoyé un émissaire en Slovénie pour faire changer d’avis le nouveau Zèbre. Mais celui-ci est resté sur son premier choix.
"J’ai fait quelques recherches sur Charleroi et je pense que c’est le meilleur choix pour moi", explique celui qui portera le numéro 16. "Le niveau est un cran au-dessus de la Slovénie et je pense que cela peut être une bonne étape pour jouer encore plus haut par la suite. Dans le passé, je suivais déjà un peu le championnat belge. Je regardais des matchs de mon compatriote Leon Bailey et il m’a d’ailleurs félicité pour mon transfert. J’avais des contacts avec un autre club belge. Pas le Club Bruges mais celui qui joue aussi à Bruges. Le Cercle. Oui c’est cela. Mais j’ai ressenti plus de feeling avec Charleroi."
Où il devra faire oublier un certain Victor Osimhen qui a crevé l’écran la saison dernière.
"Victor Osimhen ? J’ai un ami en Slovénie qui le connaissait avant sa période à Charleroi. C’est normal que les attentes soient élevées mais j’ai déjà vécu cela en équipe nationale, donc j’y suis habitué."
Considéré comme l’un des meilleurs attaquants du championnat slovène, Shamar Nicholson sait qu’il devra le plus rapidement possible s’adapter à une compétition plus relevée.
"En Jamaïque, le football est moins organisé qu’en Europe, moins professionnel qu’ici, moins tactique. C’est plus du physique, des duels. Grâce à mon passage en Slovénie, j’ai travaillé l’aspect tactique. Mais je dois encore faire plus."
Et se retrouver seul à la pointe de l’attaque hennuyère ne semble pas l’inquiéter.
"Au niveau tactique : je peux jouer dans les deux systèmes, soit avec deux attaquants, soit seul en pointe. En Slovénie, j’étais habitué à jouer seul. J’ai faim et je travaille dur. Je suis bon dans le jeu aérien, dos au but, et avec mes pieds évidemment. J’espère faire une bonne saison et marquer des buts. j’ai fait une préparation complète avec mon club en Slovénie, j’ai déjà joué cette saison en Championnat et en Europa League, donc je suis prêt physiquement."
Et avant de partir poser devant les photographes, le grand Jamaïcain a expliqué sur un ton humoristique le pourquoi de son arrivée à Charleroi.
"Dans ma famille, on aime bien Arsenal. Et on a trouvé une petite suite originale. Nicolas Pépé, l’attaquant de Lille, a quitté le Losc pour aller à Arsenal. Victor Osimhem a quitté Charleroi pour aller à Lille. Et moi je devais donc signer à Charleroi."
Pas qualifié pour Zulte Waregem, normalement
Même s’il est arrivé à Charleroi en début de semaine et que le prochain match du Sporting se déroulera lundi, Shamar Nicholson ne sera pas qualifié, normalement, pour le déplacement à Zulte Waregem.
“La demande a été envoyée mardi mais l’Office des étrangers était fermé ces jeudi et vendredi ainsi que samedi et dimanche”, explique Pierre-Yves Hendrickx, le secrétaire général de Charleroi. “ Et si vous allez sur leur site, ils disent qu’il faut deux mois pour qualifier un joueur maintenant. Mais cela va aller plus vite. Avant la fédération acceptait la qualification d’un joueur sur base d’un papier de la Région wallonne. Puis après ce papier n’était plus bon et il fallait un papier de l’Office des étrangers. Depuis janvier il faut qu’il soit inscrit et que la commune donne la carte de séjour. Avant il y avait une étape et maintenant il y en a trois pour les joueurs qui n’émanent pas de la Communauté européenne.”
Du côté de Charleroi on espère que la bureaucratie ne prendra pas trop de temps et que Shamar Nicholson soit qualifié au plus vite.
Son papa a été abattu par un gang…
Sans sa maman et sa tante, le Jamaïcain aurait pu très mal tourner… Il y a un peu plus d’un an, Shamar Nicholson s’est confié au média slovène Ekipa24 où il a parlé de son enfance. Extraits… “Je n’étais pas un enfant très gentil. Ma maman se plaignait souvent de moi. Mes fréquentations n’étaient pas très bonnes. Je viens d’une famille nombreuse avec de nombreux demi-frères et demi-sœurs.” Et c’est lors de son adolescence que le nouvel attaquant du Sporting allait vivre un véritable drame. “J’avais 15 ans et mon papa a été abattu dans un stade de football. C’était un 22 décembre. Au matin, nous sommes allés au centre commercial pour acheter des vêtements et des cadeaux de Noël avec mon papa, mon frère et ma sœur. Après, nous nous sommes séparés et on s’est retrouvé quelques heures plus tard à un match de football. J’ai rejoint un ami dans les tribunes et mon paternel est resté au bord de la ligne de touche. Tout à coup, j’ai été envahi d’un sentiment bizarre. J’ai arrêté de regarder le match et je ne regardais que mon papa.”
C’était la dernière fois que Shamar Nicholson le voyait vivant. À la fin du match, le Jamaïcain a quitté le stade avec un ami sans savoir où se trouvait son père. “Nous avons entendu des coups de feu et on a couru vers l’endroit d’où venaient les bruits de la fusillade. Tout à coup, j’ai été pétrifié. Je ne pouvais plus bouger, je suis devenu complètement faible. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ce n’est qu’après un certain temps que j’ai vu mon père mourir.”
Et la raison pour laquelle on a tiré sur le papa de Shamar est assez simple pour l’intéressé. “Je ne peux pas dire qu’il était innocent. Pas du tout. Il y a beaucoup de gangs en Jamaïque et il appartenait à un de ceux-ci. Son gang était en guerre avec un autre et c’est pourquoi ils l’ont tué.”
Et c’est là que le nouveau Zèbre aurait pu plonger du côté obscur. “C’est une habitude de demander à la famille du défunt de se venger de ses meurtriers. Un million de mauvaises idées me sont venues à l’esprit à ce moment-là. J’avais de mauvaises fréquentations avec des personnes dangereuses. J’étais sur une mauvaise route. Ma mère et ma tante n’aimaient pas cela. Elles m’ont ouvert les yeux et m’ont dit qu’au football, j’avais du talent. Que je devais rendre mon père fier grâce au football. Je les remercie. Il y a beaucoup de garçons comme moi qui n’ont pas connu leur 18e, 19e ou 20e anniversaire. Si ma mère et ma tante ne m’avaient pas parlé à ce moment-là, je ne vous aurais peut-être pas parlé aujourd’hui.”