Olivier Deschacht et Stijn Stijnen préfacent le Topper : "On s’intimidait même avec une histoire de femmes"
Olivier Deschacht et Stijn Stijnen jouent leur Topper, deux jours avant le match de l’année.
- Publié le 16-05-2024 à 19h00
L’un – Olivier Deschacht – a joué 37 Toppers dans sa carrière. L’autre – Stijn Stijnen – s’est limité à 13 rencontres avec le Club Bruges contre Anderlecht. À l’avant-veille du clash de l’année, on a réuni virtuellement les rivaux de l’époque, qui ont saisi chaque opportunité pour se rentrer dedans, mais avec le sourire évidemment. “Tu n’as pas gagné une seule fois au Parc Astrid, Stijn.” “Tu oublies la Supercoupe, Oli.”
Deschacht et Stijnen ont 43 ans – Oli est né 50 jours avant Stijn – et ont un passé assez comparable. Oli (entre 1997 et 2018) est une icône du Sporting, Stijnen (entre 2000 et 2011) a toujours été un Club-man pur-sang.
Ce qui me dérange, est la façon dont votre directeur technique (Fredberg) se profile."
Alors, Messieurs, croyez-vous au sacre d’Anderlecht ce dimanche ?
Deschacht : “Je ne parviens toujours pas à croire qu’Anderlecht peut être champion. C’est surréaliste. À aucune reprise, pendant ces playoffs, je n’ai vu un Sporting dont je me dis : ‘Voilà une équipe qui mérite le titre !’ Le jeu n’a pas été suffisant. Tout le monde sait que j’ai le cœur mauve, mais il faut que quelque chose d’incroyable se passe dimanche. J’espère pouvoir dire : j’ai enfin vu un vrai champion ! Anderlecht n’a pas le choix : s’il veut réduire le fossé sportif et financier avec Bruges, il doit être champion maintenant ! Sinon, je crains le pire pour les prochaines saisons.”
Stijnen : “Même si Bruges a été meilleur pendant les playoffs, cela ne jouera aucun rôle. Celui qui va le mieux gérer la pression va gagner. Même si l’Union mérite le titre, cela pourrait être Anderlecht. Ce n’est jamais facile d’aller gagner à Anderlecht. Je m’en souviens bien…”
Deschacht : “Tu n’es pas venu gagner une seule fois chez nous, Stijn !”
Stijnen : “Tu oublies la Supercoupe. (NdlR : 0-2 en 2004, pour le reste Stijnen a perdu ses quatre matchs comme titulaire au Parc Astrid) Mais c’est vrai qu’on a souvent perdu. À domicile, on ne pouvait pas passer à côté de notre match contre Anderlecht, sinon on se faisait lyncher par nos supporters. À Anderlecht, c’était différent.”
Deschacht : “À domicile contre Bruges, on sortait toujours du vestiaire comme une bande de fous. On vous prenait par la gorge et on faisait la différence en première mi-temps. Généralement, on n’aimait pas jouer vers notre kop avant le repos. Mais contre Bruges, Stijn, ça ne me dérangeait pas quand tu gagnais le toss et que tu décidais de changer de côté.”
Stijnen : “Alors, tu parles de matchs où je n’étais pas capitaine. En tant que capitaine, je perdais même le toss à Anderlecht (rires).”
Riemer doit attaquer dès le début ?
Deschacht : “S’il vous plaît, oui. Bruges n’aime pas quand on le met sous pression. Vous avez vu comme ils ont souffert en fin de match contre l’Union ? Bruges a trop de qualité au ballon. Si on les laisse jouer, on est mort.”
Stijnen : “Sur papier, Bruges a une meilleure équipe et semble être le favori. Mais l’absence de Thiago est une grosse perte.”
Deschacht : “Et nous alors, sans nos trois anciens, Vertonghen, Delaney et Hazard ? On n’a personne au milieu – comme un Vanderhaeghe à l’époque – qui demande le ballon quand l’équipe connaît un passage à vide, et qui calme le jeu. On a tous des travailleurs. Sauf peut-être Verschaeren. Je l’ai eu en équipe nationale U21. Il m’avait épaté.”
Rits vient d’être papa. Cela peut jouer un rôle ?
Deschacht : “Quand tu peux être champion, tout le reste est quand même relégué au second plan, non ? C’est formidable d’avoir des enfants. Mais moi, je suis allé dormir dans une autre chambre pour avoir mes heures de sommeil. Désolé !”
Stijnen : “Ma fille aînée est née avant Belgique – Espagne (1-2 en 2008). Le coach fédéral René Vandereycken m’avait donné 20 minutes pour rester auprès de ma femme et de mon enfant après la naissance. Puis, je suis rentré à l’hôtel des Diables. Je suis d’accord avec ceux qui disent que chaque sportif a besoin d’une femme forte pour le soutenir. C’est dans des moments pareils qu’une femme peut montrer qu’elle est un véritable soutien.”
On peut vous poser quelques colles ? Schmeichel ou Mignolet ?
Deschacht : “Mignolet. Toujours. Schmeichel fait de bons playoffs et est meilleur balle au pied, mais Mignolet a ce petit truc en plus. Dimanche, ce qui compte, c’est de retenir des ballons. Mignolet reste le numéro 2 belge, derrière Courtois.”
Stijnen : “Schmeichel dégage beaucoup de calme, ces dernières semaines. Mais je ne l’ai pas toujours trouvé affûté, cette saison. Je dis aussi Mignolet. Sans la moindre hésitation.”
Dreyer ou Skov Olsen ?
Deschacht : “Dreyer. L’équipe peut plus compter sur lui. J’ai entendu quelques trucs en interne comme quoi Skov n’est pas le plus facile.”
Stijnen : “Les stats de Dreyer sont meilleures et il est toujours positif. Mais Skov a plus de talent naturel. Et dans des matchs pareils, c’est ça qui compte. Je prends Skov.”
Si Riemer est champion, ce sera à la Weiler. Je ne vois pas son système de jeu."
Riemer ou Hayen ?
Deschacht : “Hayen, vu tout ce qu’il a amélioré, tout en restant simple et calme. À Anderlecht, je ne vois pas d’automatismes ou de système de jeu installés par Riemer. S’il est champion, ce sera à la Weiler : grâce à une bonne organisation défensive.”
Stijnen : “Même si c’est à la Weiler ou de façon non anderlechtoise, le plus important est de renouer avec le succès. À mon époque, il y avait une équipe qui nous embêtait chaque année et c’était Anderlecht. Ces dernières saisons, je me suis demandé si l’institution allait vraiment disparaître du sommet du foot belge. Mais finalement, ils sont revenus. La seule chose que je n’aime pas, c’est la façon dont le directeur technique (Jesper Fredberg) se comporte : il monte sur le terrain, prend place derrière le banc, est en contact avec le banc. Il fragilise la position de l’entraîneur. Et Hayen ? Chapeau ! En tant que coach de Club NXT, il aurait pu gagner la Coupe d’Europe et le titre !”
Riemer a fait quoi pour perdre du poids? Moi, j'ai tenté Ozempic, mais j'ai repris mes kilos."
Il met toujours son pull gris, par superstition.
Deschacht : “Moi, après une série de victoires, je mangeais toujours le même repas à la veille du match ou je regardais le même programme à la télé.”
Stijnen : “Moi, je mettais toujours le même slip. Et sous mon maillot de Bruges, je portais un ancien maillot de Hasselt avec des épaulettes en mousse, ce qui me rendait un peu plus imposant. Ma maman a souvent rajouté de la mousse. Avant un Arménie – Belgique (0-1 en 2006), ce maillot était bon pour la poubelle.”
Riemer a perdu du poids en étant coach, Stijn.
Stijnen : “Pourquoi est-ce que vous posez cette question à moi ? En me regardant dans le miroir, je trouve que je suis affûté (rires).”
Vous, Oli, vous participez au programme télé ‘Special Forces’. Vous n’avez jamais été aussi en forme.
Deschacht : “Il a été enregistré il y a trois mois.”
Stijnen : “Sans rire : vous savez ce que Riemer a fait pour perdre autant de poids ? La différence est énorme. Moi, j’ai tenté le médicament Ozempic. Je vous assure que dès que vous arrêtez la cure, vous reprenez les kilos perdus. J’en suis la preuve.”
Revenons à votre période de joueur. Il y avait de la haine entre Anderlechtois et Brugeois ?
Deschacht : “On était amis en équipe nationale mais ennemis dès qu’on était dans le tunnel des joueurs avant le Topper.”
Stijnen : “On s’intimidait à fond avant le match. Je me souviens d’un Anderlecht – Bruges où il y avait même une histoire de femmes entre deux joueurs, un de chaque équipe. On se lançait des remarques vilaines à ce sujet. À cette époque, cela faisait partie du jeu. Maintenant, on se fait poursuivre par le parquet fédéral quand on provoque.”
Deschacht : “Moi, en tout cas, il était impossible de me déconcentrer. J’étais dans ma bulle et il fallait me foutre la paix.”
Stijnen : “Je me souviens avoir essayé de te déstabiliser quand on était tous les deux capitaines. Tu m’avais dit : ‘Fais gaffe parce qu’il y a de plus en plus de caméras partout.’ Merci, Oli !”
Deschacht : “Je suis un salopard pendant le match – même maintenant au tennis ou au padel – mais avant ou après le match, j’étais correct.”
Lors du titre à Bruges en 2010, avec Lukaku, on avait dû attendre trois heures dans le car."
Oli, vous avez remporté deux titres lors d’un match contre Bruges – en 2010 et 2012 – et Stijn un contre Anderlecht, en 2005 quand vous étiez sur le banc.
Deschacht : “En 2010, avec Lukaku à Bruges, on avait dû rester dans le car pendant trois heures. Les Brugeois nous bloquaient la route. C’est quand même plus chouette d’être champion à domicile.”
Stijnen : “En 2005, on a jeté quelques femmes de joueurs dans le bain du vestiaire. Avec vêtements, pour éviter tout malentendu (rires).”
Merci Messieurs. La prochaine fois, on se fixe un rendez-vous en présentiel ?
Deschacht : “Promis. Tu prendras tes fléchettes, Stijn. Il paraît que tu es bon.”
Stijnen : “J’ai vu que tu as participé à un programme de darts à la télé ? Je te bouffe, Oli. Il me faut en moyenne entre 14 et 20 flèches pour un leg' de 501. Ce sport me fait du bien. Il entraîne mon cerveau et il me fait réfléchir comment je dois faire jouer mon équipe en D1B, le Patro.”
Deschacht : “Tu sais que je te respecte énormément. On a été ensemble à l’école d’entraîneur. Mais avec le Patro, tu ne devrais pas jouer de façon plus offensive ?”
Stijnen : “C’est quasi toujours le Patro qui a eu le plus d’occasions. Je joue en fonction de nos qualités.”
Deschacht : “On dirait Riemer qui parle (rires)…”