Vertonghen, Hazard et Dolberg : trois cadres moins dynamiques à Anderlecht
À Bruges, Anderlecht n’a plus pu cacher sa méforme des dernières semaines. Une méforme incarnée par trois joueurs indispensables : le capitaine Vertonghen, le dynamiteur Hazard et le buteur Dolberg.
- Publié le 09-04-2024 à 11h54
Les supporters optimistes diront qu’Anderlecht n’avait plus perdu un match à l’extérieur en championnat depuis près de six mois, au Clasico du 22 octobre à Sclessin. Ils ajouteront qu’une défaite au Club est moins grave qu’un revers à domicile contre le Cercle. Et ils plaideront l’accident de parcours, qui ne prive pas le Sporting de la possibilité de prendre la tête dimanche en gagnant le derby face à l’Union au Lotto Park.
Les autres n’osent plus ignorer le creux qu’Anderlecht traverse ces dernières semaines. Un creux voilé par un calendrier ultra-facile en fin de phase classique et des débuts en playoffs face à un Antwerp malade et réduit à dix. Mais depuis leur victoire dans le Topper au stade Jan Breydel fin février, les Bruxellois sont dans le dur. Transfigurés par le départ de Ronny Deila, les Brugeois ont mis en lumière tous les soucis de Brian Riemer avant les 720 dernières minutes de la saison. Des soucis incarnés par trois cadres du vestiaire.
Vertonghen, moins incisif et plus nerveux
Trois buts encaissés en un match, ça n’était plus arrivé depuis ce voyage d’octobre à Sclessin, encore lui. Le Standard avait marqué trois fois en neuf minutes dans une rencontre hors du temps, comme l’est souvent un Clasico. Le Sporting avait serré la vis par la suite, au point d’avoir la meilleure défense du Royaume sur les 18 dernières journées de phase classique (17 buts encaissés).
Mais à Bruges, la dernière ligne a montré des signes de fébrilité et Jan Vertonghen n’a pas réussi à sortir du lot, comme c’était régulièrement le cas depuis son arrivée en Pro League. Même si Thiago n’a pas marqué, le Brésilien a clairement gagné son duel avec le Diable. Ces dernières semaines, il semble moins fort physiquement. Et ça déteint sur le reste, comme son humeur sur le terrain. On l’a vu fâché pendant un long moment après un contrôle loupé de Sardella, là où il aurait encouragé avec des applaudissements dans un passé récent.
Deuxième joueur le plus utilisé de l’effectif, Vertonghen est-il dans un petit creux ou se sent-il rattrapé par le poids des années, en pleine interrogation sur son avenir et à deux semaines de son 37e anniversaire ? La réponse risque d’être décisive pour la défense, où les autres éléments sont directement moins bons quand le capitaine n’est pas au top.
Hazard, des cartes et un rôle de joker
Thorgan Hazard est-il un joueur méchant ? Cette question, saugrenue quand on connaît la carrière exemplaire du Diable, pourrait se poser chez un statisticien : il a pris cinq cartons jaunes sur ses cinq dernières titularisations. S’il ne sera jamais un footballeur vicieux, il ne peut cacher sa nervosité.
À part des actions qui se comptent sur les doigts d’une main, Hazard n’a pas réussi grand-chose à Bruges. Et c’est souvent la réflexion qu’on a pu se faire lors de ses sorties récentes. Sa dernière action décisive remonte déjà au 3 mars, avec l’unique but du match contre Eupen. Cela avait ponctué une période faste (4 buts et 3 assists en 5 semaines). Depuis, c’est trop maigre pour un joueur de son calibre.
Dimanche sur la pelouse, il paraissait irrité par ce manque de réussite. Et les conséquences n’ont pas été au goût de Riemer : il a forcé sur plusieurs actions offensives et, pire aux yeux du staff, il a plusieurs fois cochonné son travail de replacement en perte de balle. Avec le retour réussi d’Amuzu et Dreyer qui continue à grossir ses impressionnantes stats, il pourrait rapidement se transformer en joker de luxe.
Dolberg, le débat Vazquez ressurgit
Après la défaite de dimanche, Riemer se plaignait du manque de jeu proposé par ses hommes. “Un manque de qualité avec le ballon”, disait-il. Dans le viseur ? Les milieux qui n’arrivaient pas à joindre la ligne offensive, mais aussi les attaquants, trop peu disponibles. Comme on se l’est souvent dit cette saison, Dolberg n’est pas un véritable point d’appui.
Le Danois a beaucoup couru à Bruges, mais il n’a pas été dangereux. Depuis le 10 décembre, il n’a marqué que trois fois. Contre des équipes de seconde zone cette saison (Charleroi, Saint-Trond et le RWDM). Dolberg tourne à une inquiétante moyenne d’un but toutes les 387 minutes depuis quatre mois. Là où son concurrent Vazquez a inscrit cinq buts en trois fois moins de temps (1 but toutes les 76 minutes).
Même si l’Argentin profite du travail de Dolberg quand il monte au jeu, ces chiffres vont remettre le débat du titulaire sur la table. Dimanche, sur une question à propos d’Amuzu, Riemer a souligné la bonne entrée de Vazquez. Un signe pour le derby ? Ce qui est certain, c’est que les défenseurs anderlechtois ont marqué plus que les avants-centres (2 buts contre 1) depuis le Topper gagné fin février. C’était il y a six semaines. Une éternité.